𝔹𝕒𝕚𝕤𝕖𝕣

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Même si il y avait le feu, je ne bougerais pas de là, à regarder le ciel, partiellement couvert de nuages, dont l'un recouvre le soleil l'espace de petites courtes minutes alors qu'il brillait quelques secondes auparavant.

Assis sur la plus haute branche de cet arbre, j'avais l'impression de me sentir aussi léger qu'une plume, comme si tout ce que j'avais sur le cœur avait été laissé par terre, à au moins huit mètres de hauteur de moi. Et j'adorais cette sensation.

Je pouvais finalement respirer librement, sans avoir l'impression que quelque chose m'écrasait la poitrine, que mon coeur était étouffé par de douloureux liens qui ne voulaient jamais se desserrer, que mes poumons étaient bouchés par mes sanglots qui survenaient depuis maintenant deux semaine à l'improviste, sans que je m'en rende compte ou que je puisse simplement les arrêter.

Je prends une profonde inspiration, inhalant la douce brise fraîche, l'odeur des fleurs qui gisaient un peu partout dans cette forêt, cette odeur de miel que j'aimais tant.

J'entends soudainement mon nom être crié, et je baisse les yeux. Victor me fixait, en bas de l'arbre, un sourire planant sur ses lèvres.

— Tu peux descendre ? il me crie pour que je puisse bien l'entendre.

Je ne répondis rien, me retournant pour commencer prudemment la descente, plaçant délicatement mes pieds sur les branches les plus épaisses, y posant une légère pression pour m'assurer qu'elles étaient assez solides.

Quand je réussis à descendre tout l'arbre, je frotte mes mains ensemble pour tenter d'enlever la saleté et d'apaiser la légère brûlure causée par l'écorce quand je posais mes paumes sur les branches.

Victor me sourit et s'approche de moi.

— Je te cherche depuis ce matin. Tu faisais quoi en haut de cet arbre ?

Je hausse les épaules, fixant le sol.

— Je ne sais pas.

— Bon c'est pas grave. Viens, on se promène un peu.

Il prit ma main et commence une marche le long d'un sentier dans la forêt.

Ça fait maintenant une semaine que je n'ai plus peur d'être seul avec Victor. J'avais compris qu'il ne me ferait jamais de mal, et le sentiment qui grandissait en moi au fur et à mesure qu'on passait du temps ensemble me disait qu'être avec lui était le meilleur baume que je pouvais étaler sur mon cœur.

Notre marche continue dans le silence. Quelques sapins avaient perdu leur branche depuis le temps qu'ils vivent, ce qui me donne l'impression que des pieux de mêmes tailles et de même grandeur étaient plantés de tous mes côtés. Ce n'était pas une impression sinistre, au contraire. Le paysage était magnifique et reposant, et mon esprit semblait calmé à cette vue.

Je sentis Victor arrêter de marcher, mais sa main serrée toujours la mienne. Je m'arrête à mon tour, tournant mon regard vers lui.

— J'ai un truc à te dire, et je comprendrais si tu le prends mal ou que tu ne veux plus être mon ami, dit-il avant de lâcher un petit soupir.

Je n'enlève pas ma main de la sienne, le fixant simplement. Je voulais mon regard le plus doux possible, mais je savais qu'il devait être dénué d'émotion, comme il l'est depuis cette nuit. Vide et fade. Sans vie.

Il soupire, baissant les yeux avant de les lever, ancrant son regard dans le mien.

— Je t'aime. Depuis la première fois que je t'ai vue, la première fois que nos regards se sont croisés, la première fois que tu m'as parlé, je t'ai tout de suite aimé. Je comprendrais si tu ne m'aimes pas, je suis tellement égoïste de te dire ça alors que tu as vécu un parfait traumatisme avec la personne que tu aimais, mais je devais te...

Je ne lui avais pas laissé finir sa phrase que j'enroule mes bras autour de son cou et me mettant sur la pointe des pieds, je pose un baiser sur ses lèvres.

Il me regarde, surpris, alors que je baissais mon visage complètement rouge, tentant d'éviter de croiser son regard.

Un silence plane entre nous, que j'interromps, ne supportant plus cette gêne oppressante :

— Je crois que je t'aime moi aussi... Mais j'ai l'air tellement con à vouloir entamer une relation après ce qu'il m'est arrivé...

— Ce n'est pas con du tout, tu as besoin d'oublier, et c'est normal. Tu ne peux pas rester toute ta vie seul à cause de ce sale pervers sans aucun scrupule.

Je finis par lever les yeux et il pose sa main sur ma joue, qui fut mouillée par une unique larme qui vient de couler.

— Je t'aime et je veux te rendre heureux. Je ne veux plus te voir pleurer, je ne veux plus voir cet air déprimé sur toi, je ne veux plus voir tes yeux tellement beaux couvert d'autant de douleur. Je veux te voir heureux. Te voir sourire et rire. Je serais prêt à tout pour te redonner envie de vivre.

Et pour la première fois depuis cette nuit-là, je souris. Je souris par la joie qui gonflait dans ma poitrine. Par ce sentiment que je n'avais pas pu embrasser depuis maintenant un mois. Par cette sensation de légèreté, de liberté. Par le fait d'être aimé pour de vrai. Par le fait de ne plus avoir cette horrible douleur au fond de moi.

Il prit un instant à me regarder avant de m'attirer dans le plus doux baiser que j'avais pu goûter jusqu'à aujourd'hui.

Des larmes de joie roulaient sur mes joues. Mon esprit et mon corps se chargeait d'imprimer ce baiser dans ma tête, d'imprimer toutes ces délicieuses sensations qui l'enveloppait, d'imprimer les doux frissons qui me parcouraient alors que ses mains se posées sur mes hanches avant de se promener sur mes bras pour finir sur mes joues, d'imprimer cette joie qui explosait en moi, mon cœur qui hurlait de bonheur.

On se détache lentement, se souriant l'un à l'autre.

— Je t'aime tellement... et ton sourire est le plus beau que j'ai vu de ma vie, si tu savais comme il m'a manqué..., il murmura en embrassant mon front.

Un petit rire m'échappe.

Sourire aussi m'a manqué.  

𝙸𝚗 𝚝𝚑𝚎 𝚛𝚘𝚘𝚖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant