ℂ𝕠𝕟𝕗𝕚𝕕𝕖𝕟𝕔𝕖

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Victor m'avait tenu la main tout le long du trajet, mais je n'avais pas cherché à m'éloigner de lui, bien trop faible pour ça. Je me contentais de regarder le sol, sans rien dire, quand il me demandait comment j'allais, je hochais la tête, quand il me demandait si je voulais qu'il reste chez moi, je secouais la tête.

Mais il finit par ignorer mon refus de venir chez moi et quand on fut devant ma maison et que j'ouvre la porte, il rentre en premier.

Je le fixe, lui demandant silencieusement de sortir et me laisser seul, mais il ignore complètement mon regard, partant vers mon salon avant de se laisser tomber sur le canapé.

Je marche vers lui d'un pas hésitant avant de m'asseoir sur le canapé, mais gardant une distance abordable avec Victor.

Il soupire, fixant le mur devant lui, ses avant-bras appuyés contre ses cuisses, le dos penchait vers l'avant.

— Tu n'es pas le seul à qui s'est arrivé.

Je lève les yeux vers lui, attendant qu'il continue de parler, ce qu'il fait après avoir lâché un petit rire triste.

— Ma mère a déjà abusé de moi. Je devais avoir cinq ans. Elle s'était glissé dans mon lit et avait commencé à me toucher. J'étais bien trop innocent pour réagir alors je l'ai laissé faire. J'imagine que c'est pour cette raison que je suis devenu asexuel.

Mon regard ne se détache pas une seule seconde de lui.

Ma main partit se poser sur la sienne et je dus réprimer l'envie de l'enlever.

Son regard croise le mien et il me sourit doucement.



Ses mots salaces et sans vergogne frappaient durement ses oreilles alors qu'il attrapait ses cheveux, rapprochant son visage du sien.

— Pourquoi toi, espèce de pute, qui traînait autour de moi pendant tous ses mois comme un lion chassant sa proie, roucouler en me parlant d'une voix aussi suave, me déshabiller du regard à chaque fois que je me changeais dans les vestiaires, n'es pas heureux d'avoir ce privilège que je t'offre ? il cracha durement.

Ses mains se resserrent comme un étau autour de son cou et il se débat, sentant rapidement l'air qui ne parvenait plus à ses poumons et son sang monté jusqu'à son cerveau.

Il retira ses mains et lui donna un violent coup de pied au ventre.



Je me réveilla en sursaut, regardant autour de moi, voulant me rassurer que j'étais seul dans cette pièce.

Quand je finis par conclure ma solitude, je pousse un soupir, massant mes tempes pour tenter de calmer mon cœur qui battait si fort que je l'entendais jusque dans ma tête.

Ma respiration laborieuse calmée, mon cœur battant à un rythme moins effréné, je me défie de mes couvertures et sort de ma chambre.

Le parquet froid contre la plante de mes pieds me procure des frissons, et le sol qui grinçait sous mes pas me pétrifie, par peur de réveiller Victor.

Je finis par trouver les escaliers et les descendis le plus silencieusement possible, ce qui n'était pas très facile.

Une fois que j'ai descendu la dernière marche, je me dirige vers le salon, où Victor dormait sur un futon.

Je le fixe un instant, me demandant ce que je faisais ici, devant lui, à l'observer dans son sommeil.

Je finis par soupirer avant de m'agenouiller.

Il n'allait pas me faire de mal, je le savais, et puis c'est moi qui ai décidé de le faire.

Je soulève la couverture qui le couvrait et me glisse sous.

Il battit des paupières, les plissant en me regardant.

Je baisse les yeux et tente immédiatement de sortir, me rendant compte de mon erreur et me rappelant ma promesse de ne plus jamais partagé un lit avec une autre personne.

Mais Victor sourit et recule un peu, me laissant suffisamment d'espace pour que je puisse m'allonger à l'aise mais tout en restant à une distance raisonnable de lui.

Je souris et finis par m'allonger sur le futon, me couvrant jusqu'au menton des couvertures.

— Tu as fait un cauchemar ? il me demanda en baillant.

Je hoche simplement la tête et il fit de même.

— Je suis là, tu n'as pas à avoir peur.

Ce fut sur sur ses mots que je souris, avant de baisser mon regard sur l'oreiller, attendant que Morphée m'invite dans ses bras.

𝙸𝚗 𝚝𝚑𝚎 𝚛𝚘𝚘𝚖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant