Quelque chose avait changé dans l'attitude de Victor. Il n'avait plus cette mine impassible. Il me souriait à chaque fois qu'il surprenait mon regard sur moi. Était-ce notre étreinte qui l'avait à ce point enjouée ?
Il m'avait proposé de sortir dehors, prendre un peu d'air frais pour me changer les idées. Les rues étaient pleines, quelques passants marchaient, une famille en train de rigoler, un homme en train de promener son chien, des amis en train de discuter.
Il ne fait pas très froid, en fait, il fait plutôt chaud. Les lampadaires reflètent leur douces lumières sur les routes et les trottoirs, le sens des vagues frappant la berge à notre droite, au bas de la colline, m'apaise et je soupire.
— Tu veux manger quelque chose ?
La voix de Victor me ramène sur Terre et je me tourne vers lui. Je secoue simplement la tête comme réponse et il hocha la sienne.
— Tu veux qu'on descende à la plage ?
Je lève les yeux vers lui avant de les baisser de nouveau sur le trottoir.
Je finis par tranquillement hocher la tête.
⨇
Je contemplais silencieusement le va-et-vient des vagues, m'imprégnant du doux son de l'eau frappant le sable, fixant l'écume qui s'accumulait sur la berge.
Les vagues venant et repartant me donnent l'impression qu'elles prenaient tout ce que je ressentais au fond de mon cœur et l'emmenaient avec elles dans la mer, avant de revenir avec de l'espoir et de la joie.
Un sourire étire mes lèvres. Mes mains partirent creuser un trou dans le sable froid et au fur et à mesure qu'elles s'enfonçaient, il devenait plus mouillé et sa température baissait.
Je sentis le regard de Victor posé sur moi.
Il était assis à ma droite, à au moins un mètre de distance. Je tentais difficilement de faire comme si il n'existait pas, mais son regard se faisait de plus en plus oppressant et je finis par lever les yeux vers lui.
Il me sourit et sa main se rapproche de la mienne. Ses doigts effleurent les miens et je déglutis. Il finit par serrer ma main dans la sienne.
L'envie de la retirer me prit mais je me contente de prendre une profonde goulée d'air pour bien me calmer.
Il ouvre la bouche pour dire quelque chose mais se ravise et la referme immédiatement.
Mes yeux se perdirent une nouvelle fois sur le sable. Une vague réussit à toucher mes orteils nus et j'en profite pour les rentrés dans le sable mouillé. Je me racle la gorge avant de murmurer d'une toute petite voix :
— Je l'aimais.
Je ne le regarde pas, mais compris qu'il me lança un regard qui me demandait des explications plus profondes. Mon cerveau me hurlait de me taire, de ne surtout pas continuer ce que je voulais dire, mais les cris de mon cœur qui ne voulait que que cette souffrance que je lui forçais à endurer s'atténue un peu.
Alors je respecte sa décision.
— Il m'avait embrassé, et je me sentais comme la personne la plus heureuse au monde. Et puis il m'a touché. J'ai cru que ce n'était qu'un toucher inoffensif, juste pour rire un peu, mais tout a dégénéré. Il m'a empêché de parler, m'a enfermé dans la chambre, m'a menacé, il m'a dit tout plein de trucs dégoûtant, et... il... il m'a violé... Il a dit que je suis nul et qu'après avoir fantasmer sur moi pendant des mois, il s'attendait à ce que je sois un minimum bon au lit mais que j'étais aussi nul qu'une vieille femme vierge, alors il m'a puni... Il m'a frappé, pendant d'interminables minutes et quand j'ai cru que s'était terminé, il m'a forcé à... à lui donner une fellation, mais je l'ai toujours pas satisfait... J'ai encore été puni... J'ai dû me traîner tout seul à l'hôpital... Et... et là-bas... personne ne m'a demandé ce qui m'était arrivé... ils m'ont juste soigné et m'ont demandé de sortir... ils n'ont même pas pris mon nom...
Des larmes roulaient sur mes joues, ma voix était tellement cassée que je suis sûr que de tout ce que je lui ai dit, il n'a pas compris un traître mot. J'avais l'impression qu'une roche énorme avait remplacé mon cœur, et que je n'avais plus de poumons tellement j'avais de la difficulté à respirer.
— Je l'aimais, putain... je l'aimais...
Je sentis soudainement ses bras s'enrouler autour de moi, et un petit cri m'échappe alors que je le repoussais.
Je regrette immédiatement mon geste en voyant sa mine abattue et même si j'avais envie de m'excuser, je ne pus rien dire, me contentant de sangloter.
— Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé de tout ce que tu as dû vivre et de n'avoir même pas tenté de m'extirper de l'emprise d'Arion pour partir voir si tu allais bien. Je ne sais vraiment pas ce que je peux faire pour t'aider à te sentir mieux, ou juste te faire oublier l'espace d'un instant ce que tu as vécu, mais si je pouvais faire quelque chose, je le ferais sans hésiter, il murmura, en posant sa main sur la mienne, que je maintenais fermement serrée.
Un halètement m'échappe alors que je tentais d'arrêter mes sanglots qui m'étouffent complètement.
Sa main monta sur mon épaule et je sursauta.
— Respire, tout va bien, je suis là. Je ne te ferais aucun mal, d'accord ?
Je hoche la tête, essuyant mes larmes en tentant de calmer ma respiration.
Quand je me calme finalement et que seul des hoquets et des tremblements secouaient mon corps, Victor m'attire doucement vers lui, et je ne cherche pas à me débattre.
Je passe faiblement mon bras valide autour de lui, ma main posée sur son dos alors qu'il posait son menton sur le dessus de ma tête.
— Je te promets, je te jure sur ma vie que tout va s'arranger.
Je hoche faiblement la tête, posant mon front contre son épaule alors que ses mains partaient doucement caresser mon dos.
VOUS LISEZ
𝙸𝚗 𝚝𝚑𝚎 𝚛𝚘𝚘𝚖
FanficQuelques verres. Un baiser. Et une chambre que seul un des deux avait voulu ouvrir. ─── ・ 。゚☆ TW : Viol, abus, alcool. je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que vous lisez.