𝐇𝐞𝐮𝐫𝐞 𝟑 - 𝐒𝐨𝐮𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫𝐬, 𝐜𝐫𝐢𝐬...

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Quand on tombe amoureux, il est bien souvent difficile de décrire ce que l'on ressent. Chaque personne que nous aimons développe des sentiments et des réactions différentes chez nous. On ne tombe jamais amoureux de la même manière, tout simplement car nous évoluons au fil de nos expériences.
    Dumbledore n'avait jamais connu l'amour avant Grindelwald, peut être parce qu'il avait été trop pris par ses études pour penser à quelque chose d'autre ou bien peut-être parce qu'il n'y voyait pas l'intérêt. Néanmoins, lorsque ses yeux avaient croisés ceux de Gellert, il avait une rude intuition. Albus avait su, sans comprendre pourquoi, qu'il allait aimer cet homme de toute son âme. Et en effet, son intuition avait vu juste. Depuis cet été de 1899 où les deux garçons étaient tombés amoureux, beaucoup de choses avent changées et la magie noire avait brisé quelque chose entre eux. Leur amour avait perdu de sa superbe si bien que l'on pourrait penser qu'il avait disparu.
    Des décennies s'étaient écoulées et Albus avait changé, il avait intégré Poudlard en tant que professeur et malgré quelques aventures, jamais l'amour n'avait frappé à sa porte une nouvelle fois. Cela était tout simplement triste mais telle avait toujours était l'existence du sorcier Albus Wulfric Perceval Brian Dumbledore. Triste et mélancolique avec des brins de joie et de bonheur toujours éphémère. La mort semblait porter le même visage.
    Rien n'avait pourtant empêché le sorcier d'entreprendre d'autres relations mais jamais ces relations n'avaient dépassé le cadre du lit. Avec les années, Albus avait compris que jamais il ne pourrait aimer comme il avait aimé Gellert. Malgré toutes les choses horribles que Grindlewald avait pu faire, Dumbledore avait toujours aimé le mage noir. C'était assez surprenant de se rendre compte de la puissance de l'amour. Et pourtant...

    Grindelwald avait toujours été solitaire et avait été quelqu'un sûr de ses décisions. Il avait été certain de son amour pour Dumbledore lors de cette été 1899. Il avait été certain de faire ce qu'il fallait pour protéger le monde des sorciers. Il avait été certain que sa haine pour les moldus était justifiée. Mais chaque certitude se doit d'être remise en question que ce soit durant notre existence ou même alors que l'on était mort. Ici, dans cette pièce, Gellert remettait en question ses actions, ses décisions. La magie noire ne lui paraissait plus si attrayante. Ses décisions lui paraissent aussi douteuses. Voilà de nouveau regrets qui pointaient le bout de leur nez.
    Lorsqu'il avait été poussé à quitter son amant après la mort d'Ariana, il avait su que jamais sa vie n'allait plus être illuminé par la même lumière. Tout allait changer et tout avait en effet changé. Gellert avait, par la suite, côtoyé pendant de longues années la solitude. Il avait fait de ce sentiment, son ami, son véritable ami. Cet ami avait toujours eu le visage d'Albus. Il avait toujours été près de lui, au plus près de son coeur, permettant à son âme de faire face à n'importe quelle épreuve.
    Grindelwald avait alors commencé à construire son mythe avec sa solitude et sa haine du monde et de la société. Il avait rallié des sorciers, il avait créé une communauté aux frontières qui lui paraissaient infinies. C'était un achèvement qu'il avait attendu toute sa vie mais qu'il avait du mal à apprécier sans son ancien amant. Il était seul face à ce succès, seul face à sa grandeur, s'y perdant même. Pour tenter de ne pas se perdre dans cette grandeur, il avait tenté de se perdre dans les bras d'hommes et de femmes aux multiples visages. Jamais, il n'avait trouvé la même harmonie que dans les bras d'Albus. Jamais la flamme de l'amour n'avait recommencé à consumer son coeur et son âme. Seule la mélancolie et la nostalgie avaient bien voulu le rejoindre.

    Ils avaient connu la forme d'amour la plus étrange...

    Cependant, les deux sorciers avaient été séparés par leur idéaux.
    Cette séparation a eu lieu des années auparavant, dans un temps tout autre, dans une époque particulière où le monde était paisible et agréable. Malgré ce calme, la mort de Ariana, la soeur de Dumbledore, avait amené son lot de perturbation. Plus jamais les deux hommes n'avaient eu la même relation. Aucun des deux ne savaient quel sort avait causé la mort de la jeune sorcière et pourtant, ils s'étaient déchirés préférant accuser l'autre et se blâmer en secret. Albus en avait tout de suite voulu à Gellert et ce dernier avait préféré fuir plutôt que de confronter son ancien amant.
    Le mage noir avait fui inlassablement préférant vivre loin de Dumbledore plutôt que d'avoir à conforter ses remords chaque jour jusqu'à sa mort. Grindelwald ne s'était jamais vraiment pardonné ce combat. Il avait tué énormément de gens par la suite mais la mort d'Ariana l'avait impacté d'une manière foncièrement inédite et déstabilisante.
    Le directeur de Poudlard vivait lui aussi dans le regret depuis la mort de sa soeur. Cet évènement lui avait permis de réaliser bon nombre de choses. Il avait notamment remis en question son sens de la famille et le temps qu'il consacrait à ses proches. Il avait alors ressenti un grand nombre de regrets vis-à-vis de sa soeur. Toute sa vie il avait cherché à nettoyer ce regret. Ce n'est que des années plus tard, qu'il eut enfin achevé ce chemin de pardon qu'il avait entreprit. Il avait effacé un regret mais en avait oublié un autre : Gellert.
    Alors que les deux sorciers étaient réunis dans cette pièce, Chacun repensait à ce combat accablant. Dumbledore en voulait à Grindelwald de l'avoir entrainer à se battre, Ils avaient eu si peur après cela que la pacte de sang a été conclu, que leur vie a changé. Ainsi cet évènement avait marqué un tournant aussi triste qu'inattendu, aussi douloureux que lourd.
    Albus repensait à sa soeur et sentit alors les larmes le submerger peu à peu, lentement, inlassablement alors qu'il observait Gellert du coin de l'oeil. Il fit les cents pas sans s'arrêter pendant une ou plusieurs minutes qui vint s'asseoir avant de prendre sa tête entre ses mains. Il ne savait plus quoi penser, il voulait juste que sa soeur revient, il voulait que Gellert avoue que c'était son sort qui avait réellement tué sa soeur. Le sorcier avait besoin d'un coupable. Cela lui devenait vital...
- Tu l'as tuée n'est-ce-pas, demanda Albus d'une voix sévère ?
- Qui ça Albus ? Questionna Gellert
- Ma soeur...
    Grindelwald ne répondit pas tout de suite. Il prit le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire. Il ne trouva rien d'autre que ceci :
- Que veux-tu dire ?
    Tout dériva alors...
- Je veux dire que tu as tué ma soeur ! Tu lui as ôté la vie ! Hurla Albus alors qu'il se leva soudainement de sa chaise, la faisant tomber au sol dans un bruit sourd.
- Albus...
- Non, laisse-moi finir ! Tu m'as poussé à me battre, tu m'as poussé à vouloir te repousser ! Par ta faute, j'ai emprunté un chemin que j'avais longtemps méprisé. Je ne veux plus, je ne veux plus me battre ! Je te hais car tu m'as poussé dans tes retranchements et en même temps, je sais que cette haine ne pourra jamais être totale !
Je ne...
Je n'ai pas fini !
    Cependant, le sorcier marqua une pause et encra, lors d'une seconde infinie, son regard dans celui de son ancien amant. Le passé était douloureux et adorable tout à la fois, le faisant sourire et souffrir en même temps.
- J'avais besoin de toi, j'avais besoin de l'homme que j'aimais, j'avais besoin de tes bras malgré ce que tu avais fait mais tu as préféré me faire promettre de ne jamais te combattre puis tu es parti, tu m'as laissé là alors que j'étais détruit par le chagrin et la culpabilité !
    Gellert ressentait chaque mot et chaque syllabe.
Tu m'as laissé seul face à l'adversité...
    Des larmes commençaient à perler sur les joues d'Albus.
Tu m'as enlevé ma soeur puis tu m'as privé de ta présence alors que j'avais besoin que de réconfort. Est-ce que tu sais ce que cela fait d'e^être accablé par le deuil et la solitude en même temps. Je me levais chaque jour en priant te voir durant ma journée mais jamais tu n'as dénié te montrer.
Albus, je ne sais pas si...
Non, tu n'as pas le droit. Je t'interdis de dire que tu es désolé, je-
    Point de rupture pour le sorcier, il tomba sur les genoux sans prononcer mot et observa le sol'. Plus aucun mot ne pouvait passer la barrière de ses lèvres. Il était réduit au silence par la Tristesse et le Dépit qui le submergeait. Le Passé lui tenait compagnie et les Douleurs revenaient le hanter avec la Mort et le Deuil.
    Gellert observait la scène, observait son ancien amant, son seul amour être pris d'une colère sans précédent. L'ancien mage noir ne savait pas vraiment comment réagir. Il était coupable, il le savait mais il comprenait aussi que Albus avait besoin de trouver un coupable autre que lui-même. Sa culpabilité devait s'attaquer quelqu'un d'autre et Gellert était cette cible qui semblait lui être offerte, sur un plateau, gratuitement, par la mort.
    Le passé est douloureux pour n'importe qui, cela ne fait aucun doute mais la vie de Dumbleodre a toujours été particulière. Le sorcier n'avait jamais réellement connu le bonheur mis à part dans les bras de son cher Gelllert. Cette même personne était celle qu'il était en train de clamer pour le mettre de sa petite soeur, il y a moins d'un siècle. La victime e le coupable se devait d'être Grindelwald, il n'y avait pas d'autre possibilité.
    Alors que le sorcier était au sol, il repensait à son passé, à sa soeur, son frère, sa mère, son père. Il avait été détruit lorsque son chère père avec qui il partageait tant avait été envoyé à Askaban. A ce moment-là, le directeur de Poudlard en avait voulu à sa soeur, car pour lui, le coupable ne pouvait être personne d'autre. Ariana n'avait pas su faire face à sa nature. Elle av. C'était dur, c'était éprouvant pour le jeune sorcier qui devait gérer à la fois sa scolarité et sa situation familiale aux allures de catastrophe. Puis quand sa mère a trouvé la mort, le jeune sorcier avait compris que le coupable était bien souvent la victime. Puis cette victime avait trouvé la mort, comme ça, avec un sort...
    Ariana n'avait jamais vraiment souri en présence d'Albus, elle lui disait toujours qu'il n'était pas une figure pour elle, lui reprochant sa distance. Elle n'avait jamais eu tord, Dumbledore n'avait pas été préparé à devenir une figure paternelle ou chef de famille. Sa mère lui avait passé les reines sans le prévenir ou lui donner le moindre conseil. D'autre part, jamais le jeune Dumbledore n'avait cherché à comprendre ce rôle, il avait toujours jugé que la scolarité et la réussite étaient plus importantes.
    Albus était vraiment pitoyable...

    Puis il se mit à pleurer.
    Il pleura de longues minutes...
    Gellert ne dit rien. Tout simplement car il savait que c'était la manière par laquelle Albus avait l'habitude de se libérer de ses peurs et de son passé. Il ne prononça mot mais il s'agenouilla lui aussi sur le sol et s'approcha de son ancien amant. Il lui prit tendrement les mains. Il passa son pouce sur sa paume avec douceur.
    Ainsi le silence perdura même une fois que les pleurs d'Albus ait cessés. Le sorcier remettait en question tout sa vie à cet instant. Que serait-il passer si le jeune homme qu'il était autrefois avait mieux traité sa famille, leur avait accordé plus d'importance ? Que serait-il passer s'il avait été avec sa mère le jour où elle était morte ? Sa vie aurait été tellement différente si il avait eu des attentions bien différentes.
- « Que se serait-il passé si je ne t'avais jamais rencontré, Gellert ? »

« Une heure venait de s'écouler et les deux hommes se reconnectaient peu à peu à leur passé...commun »

Entre paradis et enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant