Je reprends conscience alors que le soleil tape contre mes paupières fermées. Je n'arrive pas à aligner deux idées correctes et mon corps n'est plus qu'une immense masse de douleur. Quand j'essaie de lever les bras, des lanières de cuir m'en empêchent. J'ai les mêmes qui me bloquent le ventre et les jambes. En tournant la tête, je vois les trois murs blancs et la vitre qui m'entourent, et derrière cette vitre, les grands yeux tristes de Maria.
Elle rentre dans la pièce mais s'immobilise à quelques mètres de mon lit.
« Bonjour Nathan... Tu vas bien ? »
Je la fusille du regard et tourne la tête de l'autre côté. Je l'entends soupirer.
« Tu ne veux toujours pas me répondre ? Je vois. »
Elle s'approche de moi et presse un bouton sur un cadran. Les lanières me retenant s'ouvrent aussitôt. Maria s'éloigne de moi, presque craintivement détruisant le peu de confiance que j'avais encore en elle.
Remarquant mon expression, elle se rapproche de la porte et se retourne pour me lancer un dernier regard avant de sortir.
Son rejet me rend furieux, à un point tel que pendant un instant je cherche un moyen de la faire souffrir, mentalement ou physiquement. Ce n'est pas bien compliqué, et je n'ai pas besoin de chercher très loin pour trouver que faire.
En trois enjambées je suis en face d'elle. Je suis plus grand qu'elle, elle doit lever les yeux pour me regarder. Son expression n'a pas changé : craintive, apeurée, je vois sans peine qu'elle se demande si je vais lui faire du mal.
Ma bouche effleure la sienne, légèrement, avant de se reculer. Je regarde la jeune femme, ses grands yeux sombres plantés dans les miens, ses lèvres désireuses de m'embrasser, son corps caché sous sa blouse de travail, et lui passe devant. En traversant le couloir, je ne me retourne pas.
L'après — midi, un infirmier m'apprend que mon psy ne me recevra pas aujourd'hui. Ça ne m'étonne pas vraiment !
En attendant l'heure de descendre pour manger avec les autres, je déambule dans les couloirs. Je cherche Maria, à vrai — dire.
Je finis par la trouver dans une salle vide — comme par hasard — alors qu'elle sort, un paquet de feuilles à la main. Elle se retrouve nez — à — nez avec moi, elle est surprise et inspire brusquement, avant de me reconnaître.
« Tu m'as fait peur, Nathan... Tu ne devrais pas être là. »
Je hausse les épaules. Ce n'est pas mon problème si je suis là où il ne faut pas, mais le sien : ça va lui retomber dessus.
Je me rapproche d'elle, la forçant à reculer dans la salle, et je referme la porte derrière nous. Elle ouvre ses grands yeux, comme à chaque fois que je suis avec elle, et mordille le bout de son crayon.
« Qu'est — ce... Qu'est — ce que tu veux, Nathan ? »
Sa voix tremble légèrement, mélange de peur et de désir. Elle se tait afin de l'affermir. Elle est sensée pouvoir nous contrôler, nous, ses patients. Elle est sensée incarner une forme d'autorité. Pourtant, quand elle est en ma présence, elle perd tous ses moyens...
Elle repose ses documents sur la table à côté d'elle et plante son regard dans le mien. Ses yeux descendent sur mon visage, elle observe ma bouche, mon corps, et se mord inconsciemment la lèvre.
Pas à pas, je me rapproche d'elle, au fur et à mesure qu'elle recule. Quand son dos touche le mur derrière elle, elle baisse les yeux, paniquée, avant de les relever vers moi. Je colle mon corps au sien, l'enlace d'un de mes bras et me retient au mur de l'autre. Nos visages sont proches, si proches que je peux sentir la respiration brûlante de la jeune fille sur ma joue, une respiration faible et précipitée.
Les yeux de Maria sont remplis de désir, désir qui la pousse à se mettre sur la pointe des pieds et tenter d'effleurer mes lèvres. Je me recule légèrement afin de l'en empêcher, avant que nos situations ne s'inversent. C'est moi qui commande, pas elle. C'est ce que je lui fais remarquer d'un haussement de sourcil qui la fait rougir.
« Ça te gêne que je prenne des initiatives, Nathan ? » me demande — t — elle, une nuance de défi dans la voix. Oui, Maria, c'est ça. Ce n'est pas toi qui a le contrôle de mon corps, c'est moi et personne d'autre. Bien sur, je ne lui fais pas remarquer à voix haute, mais elle sait bien ce que je veux lui dire.
À son grand soulagement, mes lèvres s'écrasent contre les siennes et mon bras la presse contre moi de plus en plus en plus fort. Ses bras à elle se referment autour de mon cou avec une force inattendue.
Je suis le contour de sa bouche du bout de ma langue. Mes mains remontent dans son dos, sous son tee — shirt, pour le remonter petit à petit. Je la plaque contre le mur avec force, mes deux mains de chaque côté de son corps, tandis que mes lèvres explorent chaque partie de son corps parfait, son ventre plat, ses hanches bien faites et ses longues jambes. Je le sais, elle lutte pour rester calme.
Tu sais, Maria, si tu quittes cet endroit avec moi, si tu accepte de m'aimer, tu ne seras pas obligée de te taire. Tu pourras crier au monde entier que tu m'aimes. Tu pourras m'embrasser quand tu voudras. Je serais pas obligé de me cacher pour te faire l'amour.
Mais je reste silencieux.
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Un Amour fou.
Romance"Un Amour fou" Nathan est fou, fou d'amour pour elle. Mais elle, elle ne le connait pas, pas encore...