*1*

7 2 0
                                    

Lorenza


Nous étions officiellement en vacances. 

Demain serait la journée du grand départ à Séoul. Moi, et mes deux amies, Mily et Romane avions passé toute l'après-midi à préparer nos valises. C'était aussi notre dernière soirée ensemble car, au retour, chacune prendra des directions différentes : Mily allait commencer son année d'enseignement et Romane s'orientera vers une formation de bibliothécaire. 

Et moi, je ne savais pas encore. C'était assez stressant mais j'y réfléchirais plus tard. Pour le moment, je profitais de ces instants avec elle: plus précisément, de ce moment, en terrasse, en train de siroter nos boissons sucrées par une fin de journée épuisante.

- J'en peux plus ! On avait tellement de vêtements ! Heureusement qu'on a terminé de tout trier ! lança Mily, d'un ton harassant.

- Parle pour toi ! Moi, ça allait ! renchérit Romane, en tournant ses yeux malicieux vers celle-ci.

Mily fit mine de la frapper et me regarda en souriant. Ses yeux marrons se plissèrent et elle remit une mèche de ses cheveux bruns derrière ses oreilles. Elle était grande et avait de jolies formes : nous étions habituées au fait qu'elle se faisait draguait presque tous les jours. Bon ok... tous les jours. En plus, elle avait la peau mate, un regard expressif et des lèvres pulpeuses, bref elle était belle et sexy. Cependant, sa personnalité détonnait avec son physique : elle n'était ni superficielle, ni prétentieuse. Elle était brillante, généreuse et sociable et on l'aimait pour ça, Romane et moi.

Je déviai les yeux vers Romane justement qui buvait tranquillement en regardant les alentours. Elle avait une taille moyenne, un joli port de tête, la peau claire et des prunelles couleur azur. Elle était mignonne et ses longs cheveux blonds attiraient les regards. Comparé à Mily, elle était plus discrète, plus réservée. Avec les inconnus, elle avait tendance à rester en retrait. Pour se donner une contenance en public, elle avait toujours un livre avec elle. Heureusement, avec ses copines, elle pouvait se laisser aller : elle perdait sa timidité et son humour légendaire prenait le dessus.

J'étais reconnaissante de les connaître : nous étions proches depuis le début de la licence, ce serait dur de s'éloigner à cause des aléas de la vie...

- Hé ça va Lo' ?

Je sursautai et acquiesçai rapidement.

- J'étais un peu mélancolique des ces années à étudier mais surtout ces délires en cours avec vous.

Romane me fit un petit sourire compatissant.

- Vous vous rappelez du gars qui s'était incrusté dans le cours du prof de cinéma ? Il n'arrêtait pas de poser des questions à un moment et Monsieur n'arrivait pas du tout à le situer.

À ce fameux souvenir, nous rîmes de nouveau.

- Ah oui ! m'exclamai-je, rassérénée par ce truc hilarant.

- La tête du prof ! ajouta Romane, en l'imitant par la suite. " Je... ne vois pas de quoi vous parler. Vous êtes dans ce cours d'habitude ?... Je ne crois pas non. ... Bon on continue ? ...."

- Et le mec il continuait à lui poser des questions en vrai ! Le prof savait plus comment le gérer !

- Lorenza était en plein fou rire. Heureusement qu'il a rien remarqué.

- C'était trop drôle, désolée. J'en pouvais plus de l'expression du prof ! On sentait qu'il avait envie de le frapper.

- Trop.

Je bus une longue gorgée de mon cocktail et profitai de la petite brise de soirée.

- En vrai, ça va me manquer. Pas les cours mais surtout ces fous rires avec vous, reprit Mily, d'une voix douce.

- Les violons c'est pas pour maintenant Miss drama queen ! rétorqua sournoisement Romane, en me faisant un clin d'oeil.

- Pour une fois que t'as raison Miss intello.

Nous trinquâmes une dernière fois avant de finir nos boissons. La nuit commençait à tomber.

- On prend des sushis ? proposai-je, en chemin.

- YES !

* * *

- Dépêche Lo' ! Tout est prêt pour la soirée télé, on t'attend !

- Deux minutes !

J'enfilai bon gré mal gré mon pyjama et m'observais quelques secondes dans le miroir, m'efforçant de ne pas pleurer. Mes yeux noisettes s'embuèrent un peu et je remis en place mes cheveux blonds foncés. Ils étaient dégradés aux épaules et m'arrivaient au milieu du dos. Mon visage était assez équilibré, je n'étais pas un canon de beauté mais je me trouvais plutôt jolie. J'essuyai le coin de mes paupières et me rassurai en disant que ces prochaines semaines, elles seraient toujours là. Je devais en profiter au lieu de me morfondre sur l'avenir.

- Enfin ! soupira Mily, en me voyant arriver.

C'était le feu vert pour commencer à manger.

- Au fait, c'est quoi encore cette histoire de casting ?

- Y'a une prod' qui cherche des étrangers pour une émission de télé-réalité, dit Mily en reprenant un maki. Je me suis dit que ça pourrait pimenter ces vacances, si on était prises.

- Beurk j'aime pas la télé réalité, minauda Romane, en s'enfonçant dans le canapé.

- Je pensais qu'ils cherchaient des figurants pour une série moi ! m'offusquai-je légèrement, me tournant vers la présumée coupable.

- Euh pas du tout, tu prends tes rêves pour une réalité. Depuis quand une série coréenne chercherait des figurants étrangers ? Hein ?

- Je sais pas, ça me semblait logique. Je veux dire... je pensais pas que ce serait de la télé-réalité, c'est pas trop mon délire aussi tu sais bien... puis ça peut arriver qui sait.

- Vous êtes ennuyantes les filles ! souffla-t-elle. Allez quoi ! Ça pourrait être amusant ! Juste essayer de faire le casting, ça fera un délire en plus ! Vous croyez vraiment que parmi toutes les personnes qui vont se pointer, on risque d'être prises ? Franchement ? Moi peut-être mais...

- Chut ! rigolai-je, en lui donnant un coussin.

- Mais en vrai, ce serait pas le pied d'être dans le même espace où des coréens dignes de stars pour la plupart te regarderaient et essaieraient de faire connaissance ?

Romane et moi, on se regarda, intéressées par l'idée.

- Non, dit celle-ci. Je préfère les fantasmer. Il y aura trop de monde, j'aime pas être observée. Puis c'est pour la télé : y'aura que du faux-semblant.

- Me laisse pas tomber sur ce coup-là Lorenza, se tourna donc Mily, l'expression suppliante.

- Euh, on verra.

- Ok, ça veut dire oui venant de toi, conclut-elle, en reprenant un sushi.

Je l'imitai, mi-dépitée, mi-excitée par cette possibilité.

Cette veille de départ avait été pleines d'émotions contradictoires : la tristesse de dire au revoir à cet appartement pour deux mois et l'appréhension de la séparation au retour ; la joie de pouvoir aller dans ce pays et d'en profiter toutes les trois. Quoiqu'il se passerait à l'avenir, je devais savourer chaque moment : c'était notre dernier été ensemble. 

* * * 

Voilà le premier chapitre ! Vos avis pour la suite ? À bientôt L.

Crazy love for lovely friendsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant