WRONG

Chapitre 11 - Silence

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SILENCE

Alors que je n'avais aucune envie de m'éveiller, je me tire naturellement des songes. Cette nuit, j'ai rêvé. J'ai rêvé d'une après-midi au bord de la mer avec Lily et Logan où tout filait pour le mieux. Mes amis riaient à mes blagues, et nous mangions un panier repas que j'avais préparé. J'aurais préféré rester sur cette plage à tout jamais. Mais la réalité a voulu que j'ouvre les yeux. La première chose que j'aperçois est mon plafond. Blanc, vide, froid. Sans expression ni charme. Un simple plafond, quoi. Pourtant, avant même de me souvenir des événements de la veille, je pressens qu'il faut que je garde les yeux rivés dessus. Peu importe ce que j'ai fait, je dois me concentrer sur ce plafond. Sinon, je laisserai mes sentiments déborder. Je ne suis pas mon intuition : mes yeux se baissent aussitôt, et découvrent avec stupeur Logan blotti contre moi, dormant à poings fermés.

Les souvenirs de la veille m'assaillent. Ils arrivent comme une gifle : rapides, violents et douloureux. La mort du père de Logan, si brutale et inattendue pour cet homme qui respirait la vie. Un instant, mon cœur se compresse de tristesse en son hommage. Encore une fois, j'aurais préféré en rester à ce souvenir, aussi douloureux soit-il.

Logan m'a embrassé. Encore. Et encore. Et encore.

Je déglutis. Repenser à la passion qui m'a consumée il y a quelques heures encore, avant que le jour ne se lève, m'accable du pire des crimes : la trahison. Je dois l'avouer : j'ai aimé ça. Oui, j'ai adoré embrasser Logan. Lorsque je me suis retrouvée à presser ses lèvres, à les découvrir et les parcourir toujours plus ardemment, j'ai ressenti la plus violente des émotions : l'envie. Pas n'importe laquelle. Le désir. Tu es affreuse Maggie, tu es la pire des amies du monde.

Le père de Logan est mort, je peux comprendre la faiblesse de Logan. Mais la mienne ? J'aurais dû le repousser. J'aurais dû garder le contrôle, et repousser cette pulsion qui me poussait vers lui. J'aurais dû garder la tête face au plafond.

Dans mes bras, Logan émet un long soupir qui se confond avec un ronflement. Paniquée, je pense d'abord à m'enfuir. Puis je découvre le visage paisible de Logan qui dort. Ses yeux papillonnent, comme s'il était en train de rêver. D'une plage, j'espère. Là où son père est en vie, là où il n'est pas en train de tromper Lily, la femme de sa vie. Celle qu'il aime profondément depuis trois ans. Les bruits de ronflements de Logan me feraient rire si je n'avais pas de nouveau commis le crime de la trahison hier avec lui. D'habitude, je me serais moquée de ses ronflements, comme à chaque fois qu'il s'endort sur le canapé. Il m'aurait répliqué que moi aussi, je ronfle parfois.

Pourtant, son visage d'ange me maintient dans ce lit que je meurs d'envie de fuir. Je reste à le dévisager, intriguée et obnubilée par sa naïveté. Son visage est doux. Là au moins, il ne souffre plus. Comme quoi, le sommeil est la solution pour effacer toutes les peines. Dans la nuit, son corps n'a pas bougé : il est toujours autant agrippé à moi, témoignant alors la proximité que nous avons eue. Témoignant d'une frappante vérité.

Ma main est coincée sous son corps lourd. Je ne peux pas bouger sans le réveiller. Alors, je me rassure : rien n'est ma faute. Logan a perdu son père, ces baisers sont insignifiants. Nous n'en reparlerons sûrement plus jamais. Quant à moi, il faut que je fasse en sorte de ne plus jamais laisser les lèvres de Logan s'approcher de moi.

Peu importe à quel point j'en ai envie.

*

Durant près d'une heure - peut être deux - je dévisage Logan qui sommeille. Sa poitrine s'élève au rythme de sa respiration, douce et régulière. Elle me berce en même temps. Elle parvient à me calmer, et à dédramatiser la situation. Je m'autorise même à quelques pensées qui ne m'ont jamais traversé l'esprit auparavant : Logan est beau quand il dort. Je veux dire, il est beau, il l'a toujours été. Mais lorsqu'il dort, il dégage une innocence qui étrangement, m'apaise. Sa peau a l'air douce. J'ai envie de la toucher...Non Maggie, ne fais pas ça c'est ridicule ! Quoique, cela ne va pas le réveiller, et puis, personne ne le saura.