Reine [ Terminée ]

Chapitre 2

Chapitre 2

11 Décembre 2024
21 h 30

Lizzy dormait paisiblement et depuis une bonne heure dans la chambre sur la mezzanine. Je m'étais démaquillée, mise en pyjamas, assise en tailleur sur mon canapé beige, un plaid sur les épaules, un muge fumant dans la main. Je m'éclairais grâce à la lumière rouge et dorée de notre sapin de Noël et l'air sentait encore les biscuits à la cannelle que nous avions cuisinée avec ma fille dans l'après-midi. La soirée aurait pu rester calme et agréable si je n'avais pas ce rendez-vous le lendemain, avec la petite jumelle de mon ex... L'ordinateur sur mes genoux était ouvert sur l'e-mail qu'Eugene Mairel m'avait fait parvenir en début de week-end.

Mme Léana Léciel.
Dans le cadre du défilé de fins d'année, je vous informe que votre présence au château royal est obligatoire pour la séance de la Princesse Séréna d'Azéthis.
Vous êtes attendue le jeudi 12 novembre à 13 h. Une voiture avec chauffeur vous sera affectée et vous rejoindrez monsieur Rochelart, déjà rendus sur place.
Veuillez revoir les codes protocolaires pour le jour J, joint en annexe.
La maison Monarque&Céruléen vous fournira une tenue adaptée pour cet événement.
Trouvez, en deuxième annexe, la liste des documents administratifs à présenter pour votre entrée au palais. Ils devront nous être remis au plus tard mardi 17 h.
Cordialement,
Eugene Mairel
M & C

— Attends, répète le passage sur les protocoles s'il te plaît, je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi.

    N'étant pas certaine de me croiser, Joy avait absolument tenu à m'appeler pour me rassurer une dernière fois. Lise et moi avions écoulé une grosse partie de notre samedi avec mon amie et nous avions pu mettre les choses au clair sur la situation de vendredi. Si Joy m'avait questionné sur Arthur, c'était simplement par ce qu'elle avait découvert le listage des clients quelques heures plus tôt et trop surpris, elle n'avait pas su comment m'apprendre la nouvelle. Je ne lui en tenais pas rigueur parce que l'annonce restait délicate.

— Veuillez revoir les codes protocolaires pour le jour J, joint en annexe.
— Non, mais ce n'est pas possible. Joy riait, tu l'as vraiment fait ?
— J'ai commencé ce que j'ai pu. J'ai, au moins, dix pages de choses en tout genre à retenir. Je soupirai, à moitié amusé et fatigué de toutes ses idioties.
— Comment vas-tu t'habiller ?
— Eugène m'a fait parvenir la tenue que je devrai porter : robe émeraude, col bateau, dentelle sur le buste, effet noué à la taille, voile de chiffon, longueur à mi-tibia. J'ai les chaussures assorties et un collant cher pour aller avec.
— Waouh, M & C envoient vraiment le paquet pour en mettre plein la vue à la princesse.
— Ne m'en parle pas... Je n'aurais jamais dû accepter de travailler cette robe.
— D'autant plus qu'on ne collabore pas aux pièces de la famille royale, annonça Joy. C'est Charles qui s'en occupe tout seul normalement.
— Je te remercie de ton soutien Joy, lançai-je sarcastiquement. Je te rappelle, que tu ma poussée a participé as la confection des croquis et du cahier des charges.
— Je ne pensais pas que ça te conduirait dans la demeure des Azéthis, répondit-elle tristement, je suis désolé ma biche. Je te jure que si j'avais pu empêcher ça, je n'aurais pas hésité.

    Je savais mon amie sincère. Elle ne m'avait pas mis de couteaux sous la gorge pour me forcer, juste soumis l'hypothèse, que cela pourrait être bien pour moi. Alors j'avais participé. Pour se défiler, Monsieurs Rochelart avait agi différemment. Il avait totalement revu sa façon de gérer sa collection et les commandes clients. En temps normal, il imaginait, dessinait, puis nous suivions ses consignes pour créer les pièces qui défieraient sur le podium. C'était la première fois qu'il demandait de l'aide aux petites mains et qu'il nous laissait la création en autonomie complète de l'une d'entre elles. Je me souviens avoir étudié ses instructions pendant des heures. Les critères restaient simples, mais vastes : une robe sobre et élégante. Et à la clef, la possibilité de travailler sur le projet de A à Z. J'avais dessiné des dizaines et des dizaines de croquis, tous plus différents les uns que les autres. Et après avoir épuisé bon nombre de mes carnets et tailler une distance folle de crayon, j'avais réussi à en sélection cinq que j'avais remises au printemps à Charles avec tant d'espoirs. La suite fut des mois d'attente pour connaître la personne choisie. La cliente semblait indécise et je n'avais que peu de confiance dans cette performance puisque la majorité de mes collèges avaient participé. J'étais la plus jeune recrue du groupe et la dernière entrée dans la boîte. Beaucoup possédaient de nombreuses années d'expérience quand je n'attaquais que ma troisième année ici. Mais Joy croyait en ma réussite plus que moi et voila la motivation de son insistance. Elle m'avait poussé à me surpasser dans cette aventure.