Epilogue

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3 juillet 2026
16h

Je refermais la lourde porte du cabinet de ma psychologue. Après de nombreux mois de suivis, je venais de finir ma dernière séance de thérapies. Presque un an après mon enlèvement, je pouvais dire que j'étais guérie. Guéris de ses innombrables souvenirs post-traumatiques qui m'avaient hanté pendant tant de jours et de nuits. Mais je savais que je pouvais être fière de moi. J'avais vaincu la plupart de mes peurs et affronté mes cauchemars un à un aidés par Arthur et mes proches. Ma famille m'avait porté pendant toute cette année, allant jusqu'à m'accompagner lors de certains de mes rendez-vous. La tâche ne fut facile pour personne, mais nous avions surmonté cette épreuve ensemble et nous en sortions encore plus soudés que jamais.

Cette année fut chargée pour moi. Entre la remise en forme de ma santé et le procès contre la Conspiration, je n'avais pas vraiment eu le temps de souffler. J'avais dû comparaître devant une cour qui me demanda plusieurs fois de répéter mes semaines d'emprisonnement. L'exercice me couta, mais la plupart des membres de la secte furent condamnés à de lourdes de peine. Il ne resta bientôt plus rien de cette organisation qui avait terrorisé le pays pendant de nombreuses décennies.

Séréna fut jugée comme les autres, mais évita l'incarcération. Après des examens poussés, personne ne put passer à côté de la fragilité dont elle faisait preuve et surtout de l'emprise  toxique que Charles Rochelart s'était forcée a créé autour d'elle. Cela durait depuis bien plus longtemps que ce que je pensais et finalement, Séréna n'avait jamais été vraiment maître de ses actions. Sa sentence resta la même qu'avant le procès : elle était assignée à résidence pour plusieurs années et devait suivre une thérapie. Arthur avait mis du temps, mais avait fini par lui pardonner. Lui et la reine Helene allaient souvent lui rendre visite. Moi, je n'avais encore pas réussi à franchir le cap. C'était l'ultime exercice de guérison que je m'étais fixé.

Mon téléphone vibra dans mes mains et j'eus le plaisir de voir un message de ma chère Joy. Elle m'attendait au château. Mon amie avait eu une assertion fulgurante cette dernière année. Au culot, elle était allée se présenter face à la horde d'actionnaires de M & C et avait plaidé le poste de couturière en cheffe. Impressionnés par son énergie, ils avaient accepté et depuis Joy tirait les rênes d'une de la plus grande maison de couture d'une main de maître. Elle avait aussi réussi à rebaptiser M & C par simplement Monarque, effaçant pour toujours l'initiale de la Conspiration.
J'étais très fière d'elle d'autant plus qu'elle n'avait pas hésité lorsque je lui avais demandé de faire ma robe de marié. Une chose de la longue liste qui me prenait tout mon temps, l'organisation d'un mariage royal, de mon mariage. La date fatidique approchait, nous n'étions plus qu'à trois semaines du grand jour et j'avais l'impression que rien ne serait prêt. Arthur et moi aurions voulu un événement simple, mais titre de roi oblige, nous avions dû faire quelques concessions et rendre le moment beaucoup moins intime. Je m'en étais finalement accommodée, heureuse d'avoir un vrai mariage de princesse ou plutôt un mariage de reine. Épouser Arthur signifiait pour moi un sacre et cela se déroulera au retour de notre voyage de noces. Une autre journée horriblement importante dont je révisais l'organisation depuis des semaines, mais j'étais enfin prête a endossée se rôle inconnu. J'allais bel et bien devenir reine d'Azéthis.

La berline m'attendait sur le parking et le portier m'ouvrit en me prénommant « Majesté ». Ce titre ne m'était pas encore attribué que déjà le personnel du château se faisait une joie de l'utilité et cela depuis presque six mois maintenant. J'avais fini par me faire à cette idée et je l'acceptais dorénavant en souriant.

La circulation était fluide et nous arrivâmes rapidement jusqu'au château où Arthur, Lizzy et moi avions finalement élu domicile. Nous n'avions aucune idée de combien de temps nous resterions dans les quartiers privés, mais pour le moment cela nous allait bien. Arthur avait renoué avec une part de lui en réaménageant dans ce château qui lui avait fait défaut dans son passé. J'avais moi aussi réappris à aimer et découvrir cet endroit suite au bal masqué et je me sentais à ma place, chez moi.

Reine  [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant