Chapitre 15 - Ardoise magique, n'efface pas ce moment

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23:12, Columbus, Ohio

Bon, je vais effacer cette soirée de ma mémoire. Je secoue la tête en chuchotant "ardoise magique, efface ce moment". C'est quelque chose que ma mère a créé quand j'étais petite. Lors des moments difficiles ou simplement des moments qu'on préfèrerait oublier, on invoque l'ardoise magique pour se vider l'esprit. C'est un peu bête mais ça marche plutôt bien.

Voyons le côté positif, la famille du côté de mon père n'est finalement pas remplie que de connards prétentieux. Maintenant que j'ai fait sa connaissance, malgré le fait que c'était par inadvertance, je sais que Charly est gentil.

J'ignore pourquoi mais lorsque Maman et moi avons pisté papa sur les réseaux et que nous avons découvert sa nouvelle famille, j'ai de suite décrété qu'ils étaient tous méchants et égoïstes comme mon père. C'est étrange comme sentiment de comprendre que ce en quoi j'étais persuadé était totalement faux.

Heureusement que je n'ai rien fait avec lui...

Je crois que je vais abandonner l'idée de l'application. Je devrais peut-être commencer à songer à sauter sur mon demi-frère. Après tout, c'était le plan B, et vu que le plan A est tombé à l'eau... De plus, je serais sûre de ne pas être déçue. Du moins, dans l'idéal où il serait réellement aussi bon que dans mon rêve.

Non mais je deviens folle. Je ne vais pas lui sauter dessus. Il faut réellement que je me calme. J'ai une montée de libido en ce moment ou quoi ?

J'hésite. Je sais qu'il ne refuserait pas ma proposition. C'est mal mais je suis en manque d'adrénaline... J'ai besoin de vivre, de me sentir vivante. J'en meurs d'envie. Deux de mes tentatives ont déjà échoué et je sais que celle-ci réussira mais je n'ose pas.

Je ne suis pas ce genre de fille courageuse. Je ne prends pas les devants, j'attends que tout vienne à moi. J'ai trop peur de me faire rejeter. Je n'ai pas assez confiance en moi pour débarquer dans sa chambre et faire le premier pas. Je ne suis pas Eva. Je ne sais pas faire ce genre de choses.

Le problème est que si je ne le fais pas, il ne le fera pas non plus.

Tant pis, on a qu'une vie. Je vais m'en vouloir si je ne le fais pas. J'ai besoin de penser à autre chose que Mat et Charly et l'ardoise magique n'est pas suffisante cette fois.

Je respire profondément et me lève. Je sors de ma chambre sur la pointe des pieds. Il ne manquerait plus que quelqu'un me voit entrer dans la chambre d'Elias... Je décide de me servir un verre d'eau au passage pour brouiller les pistes et surtout pour ne pas dessécher après l'effort qui m'attend.

Je bois doucement puis entends des pas. Arghhh ! J'espère que cette personne ne me retiendra pas longtemps sinon elle risque d'anéantir mes projets. J'essaye d'identifier le spécimen qui se rapproche dangereusement de moi.

Les pas sont trop lourds pour que ce soit ma mère et il ne semble pas porter de chaussons donc ce n'est pas Paulo. Il ne reste plus beaucoup de candidats. Thomas ou Elias ? Impossible à déterminer. Je n'ai pas encore assez d'expérience avec ces deux là pour différencier leur. démarche.

L'individu finit enfin par atteindre la cuisine. Bonne pioche ! Ce n'est aucun des parents. Je souris. C'est bon pour mon plan ça.

Elias me regarde comme pour me demander pourquoi je souris. Je ne dis rien et me contente de sourire encore plus.

Vas-y Louann ! Lance-toi ! Il ne vas pas te manger... Ou peut-être que si mais ça ne sera pas plus mal...

Je ferme les yeux et lui souffle :

"Tu te souviens du rêve dont je t'ai vaguement parlé ?

- Oui, pourquoi ?

- Tu étais dedans.

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