Chapitre 19 - La dure réalité

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10:48, Columbus, Ohio

Paulo marche d'un pas lourd et monotone. Il semble extrêmement fâché, et je le comprends. J'espère simplement qu'Elias ne va tout prendre car nous sommes très honnêtement autant coupable l'un et l'autre. Il ouvre la porte de sa chambre en soufflant.

Elias est devant moi. Je vois tous ses muscles se contracter en voyant son père entrer dans la pièce. J'hésite puis lui caresse l'épaule. Je veux qu'il comprenne que nous traversons ça ensemble, il n'est pas seul, je suis là pour lui.

Je peux sembler naïve de retomber dans ses bras si facilement mais quelque chose dans son regard m'indiquait qu'il était sincère. Il m'aime. Mon ventre est chatouillé par des milliers de papillons lorsque j'y pense. Je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort. J'appréciais Matthieu. J'aime Elias. Il est mon premier amour. Je ne pouvais pas le repousser, nos corps sont aimantés, nos âmes communiquent et nos cœurs s'appellent. Je ne peux pas résister à cet amour.

Je retombe de mes pensées. La réalité me submerge. Je sens Elias pousser ma main de son épaule violemment. Il a peur de son père, tout comme moi. Je ne lui en veux pas.

Paulo s'assoit sur une chaise et nous fait signe de nous installer sur le lit. Je prends soin de marquer une distance de sécurité entre Elias et moi. Il nous observe, muet. Je lis dans ses yeux toutes sortes de sentiments; l'incompréhension, le dégoût, la déception, la rage et tant d'autres... Je tente de lui faire comprendre ma culpabilité par mon regard mais le sien demeure froid.

Nous restons quelques instants tous les trois dans le silence. Ma mère entre. Elle nous regarde tous tour à tour puis demande :

"Que se passe-t-il ici ? Je vois très clairement que quelque chose cloche. Déjà, pourquoi êtes vous tous réunis dans notre chambre ?

- Tu veux savoir ce qu'il se passe ma chérie ? Je vais te le dire simplement puis tu vas venir t'asseoir à ton tour car nous allons avoir une petite discussion avec ses deux adolescents en rut. Après avoir garé la voiture, j'amenais les courses à l'intérieur sauf qu'en ouvrant la porte je suis tombé sur mon fils et ta fille à deux doigts de faire l'amour sur le sofa.

- Papa, tu abuses très clairement. On s'embrassait juste.

- Pas à moi. Qui sait ce que j'aurais vu en arrivant dix minutes plus tard ?"

Il n'a pas tord. Dix minutes de plus et il serait certainement tombé sur sa belle fille et son fils en missionnaire dans le salon. Sympa l'accueil. Je me tourne vers ma mère. Elle n'a pas l'air si perturbée que ça. En même temps, je l'avais prévenue pour mon coup de foudre. Un coup de foudre, ça ne s'oublie pas comme ça. Elle s'en doutait, c'est sûr.

Elle prend une chaise et s'assoit au côté de Paulo comme il le lui avait demandé. Elle me fixe, elle essaye de me dire qu'elle ne m'en veut pas, qu'elle comprend. Mon beau-père reprend alors la parole :

"Vous avez conscience de ce que vous mettez en danger bande d'égoïstes ? Vous menacez notre bonne entente, notre relation, notre famille et mon couple. Tout ça simplement parce que vous ne savez pas retenir votre libido d'ados. J'en attendais bien plus de vous. Surtout toi, Lou, je suis très déçu. Tu m'avais l'air d'être bien équilibrée et finalement tu te laisses entraîner par lui. Je te pensais capable de mieux.

- Ne sois pas si dur, s'il te plaît, lui intime ma mère dans son rôle de gentille flic, peut-être que cela va au-delà de la tension sexuelle...

- Dans ce cas là, c'est de l'inceste, et c'est encore pire.

- C'est pas de l'inceste putain. T'es toujours dans l'extrême. On a strictement aucun lien de sang et vous n'êtes même pas marié. Mets toi un peu à la place des autres Papa. Je l'aime, bordel, comme je n'ai jamais aimé personne. Mais ça t'es trop fermé sur toi pour le comprendre.

- Tu vas te calmer rapidement, lui crie Paulo avant de se tourner vers moi, et toi, tu crois cela, les belles paroles, les je t'aime et les déclarations, tu y crois ? Tu es naïve Lou. Tu tombes dans son filet et tu te laisses faire. Ce charabia il l'a sorti à toutes les filles qu'il a fréquenté, c'est du pipo. Sauf que cette fois-ci je ne vais pas laisser faire. Je ne peux pas.

- Donne leur une chance, mon amour, ils sont peut-être sincères.

- S'ils le sont, il est l'heure que ces sentiments cessent. Dans un mois, c'est-à-dire après le mariage, Elias tu pars vivre chez ma sœur.

- Tu déconnes ? Je dois me coltiner Tante Mary combien de temps, que je saches si je me suicide maintenant ou si j'attends encore un peu ?

- Aussi longtemps qu'il le faudra, 1 ou 2 ans, ça sera parfait, avec un peu de chances tu vas te concentrer sur tes études, vu tes derniers résultats tu en as bien besoin.

- Elle habite où cette tante Mary, dis-je?

- En Angleterre. Ma décision est prise, tu pars dans 32 jours, fais tes adieux à tout le monde et ne tente même pas de négocier. Je n'ai plus rien à vous dire. Vous pouvez repartir."

Pourquoi la vie ne veut pas m'accorder une once de bonheur ? Dès que quelque chose se passe bien, il faut forcément que cela ne dure que quelques minutes. Paulo me fait douter. Il m'a jeté comme une vieille chaussette dès que je lui ai donné accès à mon corps, il avait ma meilleure amie dans son lit hier et aujourd'hui il me dit qu'il m'aime. Cela paraît faux. Je me suis peut-être faite avoir. Je ne vaut pas mieux que les autres à ses yeux. Ma seule différence était la dangerosité de la mission, rien de plus. Il s'est servi de moi.

Je me lève précipitamment puis pars me réfugier dans ma chambre. Je me glisse sous la couette et pleure. Je suis incapable de m'arrêter, les larmes dégoulinent à une vitesse folle sur mes joues, ma vue est floue, mon corps tremble, mon cerveau déconnecte. Je panique.

Je sens une main sur mon front, je redescends sur terre, je me calme. Des petites perles ruissèlent toujours sur mon visage mais elles sont plus modérées. Ma mère place ses mains tout autour de mon visage et dépose un baiser sur ma joue. Elle me regarde attendrie et me murmure :

"Lou, n'oublies pas ton passé. Se mettre dans un tel état pour un homme n'amène rien de bon, j'en suis la preuve vivante.

- Je suis perdue Maman, j'ai peur, j'ai mal. Je ne sais pas, je ne sais plus, s'il m'aime réellement. Je ne veux pas être une fille, je veux être la fille.

- Ecoute moi bien, je connais les hommes, je connais Elias et je connais Paulo. Il te regarde d'une façon indescriptible, nous l'avions tous remarqué. C'est pour ça que Paulo l'envoie aussi loin, il le sait. Elias t'aime, ma belle.

- Alors pourquoi vous empêchez notre amour ?

- Car vous êtes trop changeant, je ne suis pas certaine que votre amour aurait tenu. Cela aurait brisé notre vie de famille et notre vie de couple. Je suis désolée Louann je te le promets."

Elle lâche finalement mon visage trempé avant de m'embrasser le front. Elle s'en va doucement. Elle a raison. Peu importe qu'il m'aime ou non, notre amour est impossible, je dois aller de l'avant.

❤️❤️❤️❤️

Hello !!

Je suis désolée de m'être absentée aussi longtemps mais avec les cancanes je n'ai pas arrêté de sortir et je n'ai simplement pas eu le temps...
Pas d'inquiétude, je reviens en force !!

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À bientôt,
Louann❤️‍🔥

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