Chapitre 16 - La vengeance est un plat qui se mange froid

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10:34, Columbus, Ohio

Je me réveille doucement. Je m'étire et pense à ma journée. Je n'ai rien de prévu aujourd'hui, c'est l'occasion rêvée pour mettre mon plan à exécution. Je me lève et ouvre les volets. Il fait gris, à mon avis il ne va pas tarder à pleuvoir. Parfait, Elias est donc coincé ici, avec moi.

Je pars en direction de la cuisine. Ma mère a l'air un peu trop enthousiaste à mon goût. Paulo la prend dans ses bras et elle sourit de toutes ses dents. Je crois que je ne l'ai pas vu aussi heureuse depuis des années. Elle mijote quelque chose, c'est certain.

Je m'assois à table et me sers des pâtes. Les garçons me rejoignent et commencent à discuter. Je les écoute attentivement. J'aime bien écouter les discussions sans y participer, ça me permet de prendre du recul et d'apprendre des choses.

Leur conversation n'est pas très intéressante. Ça parle de foot et du match de la veille. Je décide donc de me concentrer sur la conversation entre ma mère et mon beau-père à la place. Ils chuchotent à la manière des parents qui ne veulent pas que leurs enfants entendent. J'en déduis donc que le sujet doit être bien plus croustillant que celui sur lequel j'étais focalisée.

Je tends l'oreille afin de ne pas louper un mot de leur conversation secrète. Paolo soupire :

"Il faut vraiment qu'on fasse quelque chose. Même si les enfants ont l'air joyeux, je sais bien qu'ils sont tous préoccupés par la situation. Ils ont envie de comprendre et c'est leur droit.

- Je sais, Paulo, mais c'est trop tôt, pour Lou comme pour moi. Nous ne sommes pas guéries. La plaie est encore trop fragile et douloureuse pour en parler explicitement.

- Et si c'était moi qui parlais ? Vous, vous écoutez juste et précisez en cas de besoin. Je connais l'histoire, j'en suis capable.

- C'est une très bonne idée, merci..."

Je suppose qu'ils parlent de mon père. Super. Comme si je n'en avais pas assez entendu parler ces derniers temps... Je prendrais sur moi, tant pis. Paulo a raison, Thom et Elias ont le droit de savoir.

Je continue de manger et d'écouter des bouts de conversation à droite à gauche. Soudainement, ma mère se racle la gorge bruyamment. Nous la regardons tous intrigués et elle prend la parole :

"Les enfants, je sais que vous avez pleins de questions restées sans réponses, je vous propose donc que ce soir nous allions tous au restaurant pour en discuter. Nous pourrons parler de tout ce dont vous avez envie et besoin, que cela concerne John ou non. Vous êtes partants ?

- Avec plaisir, dit Thomas.

- Ok, répond Elias.

- Pourquoi pas, soupiré-je."

20:10, Columbus, Ohio

Nous sommes tous en route, direction le restaurant préféré de ma mère et moi. J'adore l'ambiance dans la voiture. Ma mère a mis la radio et nous chantons tous à tue-tête. Qui aurait cru que les Hussons étaient fans de Céline Dion. Je pleure de rire en les voyant gigoter et hurler "My heart will go on".

Nous arrivons à destination. Ma mère a réservé une table isolée pour que nous puissions discuter sereinement. Nous commandons et Thomas commence :

"Il est parti quand John ?

- J'avais un peu plus de 3 ans."

Un blanc s'installe. Je suppose que Paulo a compris que c'était le moment puisqu'il déclare :

"Eli et Thom, je vais vous expliquer l'histoire des deux femmes qui partagent désormais notre vie. Je le fais à leur place car c'est plus simple ainsi mais si jamais une des deux à quoique ce soit à ajouter n'hésitez pas."

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