Chapitre 11 - Mensonges

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11:20, Columbus, Ohio

Je n'avais pas autant dormi depuis extrêmement longtemps. Pourquoi le soir où mon père se pointe est celui où je dors le mieux ? Je ne me comprends plus.

Je veux bien admettre que l'acte inattendu d'Elias n'a pas mal joué sur mon sommeil mais je ne pensais pas à ce point. Ce garçon me fait vraiment ressentir des sentiments spéciaux. J'avoue que cela me fait un peu peur.

Je reste quelques minutes encore à poireauter dans mon lit avant d'enfin me décider à me lever. Je ne suis malheureusement pas devenue une personne du matin dans la nuit.

J'entends que tout le monde s'active dans le salon. Je devrais sûrement aller les aider mais je ne sais pas encore comment agir avec eux. Suis-je censé leur en parler ? Ou alors dois-je m'excuser ? Ou simplement faire comme si de rien n'était ? Je n'arrive pas à me décider.

Je suppose que ma mère a choisi la dernière option, comme d'habitude, et opte donc pour la même. Ma mère et moi avons beau avoir une relation basée sur la communication, nous avons tout de même tendance à ignorer le problème quand il est conséquent et nous touche.

J'ai mon plan d'attaque, je suis prête à affronter leur regard. J'espère intérieurement que personne ne me dira quoique ce soit par rapport à hier. Je ferme les yeux et lâche un dernier soupir avant d'ouvrir ma porte et d'accéder à mon enfer.

Je sens tous les yeux se braquer sur moi. Je déteste cette sensation. Je les observe à mon tour. Ils sont assis autour de l'ilôt central.

J'essaye de lire dans leur regard. Celui de ma mère exprime de la tristesse et des souvenirs, celui de Paulo de l'inquiétude et de la pitié, celui de Thom de l'incompréhension et de la compassion et celui d'Elias...euh...je ne sais pas réellement. C'est un mélange de tristesse, de haine, de dégoût et de mépris.

Je ne supporte plus ce silence et annonce :

"Je vais chez Mat. Je rentre ce soir pour dormir."

Personne ne me répond. Je prends donc mon sac et mes chaussures et pars.

Oui, je sais. Mat est avec son oncle. Mais j'adore son oncle et je ne les dérangerais pas longtemps. Ils ne verront même pas que je suis là. J'ai juste besoin de sortir et de partir loin de cette atmosphère pesante. Eva m'a dit qu'elle est chez une copine et Sasha est chez ses parents, je n'ai donc que Mat.

J'arrive chez lui et me gare. Je suis passé acheter un gâteau sur le chemin pour ne pas arriver les mains vides. Je compose le code puis monte à son étage. Je me retrouve devant son appartement. Je m'arrête pour reprendre mon souffle car je suis à deux doigts de la syncope après avoir gravi les 7 étages à pied.

Je n'entends aucun bruit provenant de l'appart. C'est louche. Ils sont pourtant là, la voiture de Matthieu est garée en bas. Je sais que je devrais toquer mais j'ai un pressentiment. Il se passe quelque chose de mauvais.

J'ai un double des clés. J'ouvre doucement la porte et entre. Il n'y a personne. Je me dirige en direction de la chambre. Je colle mon oreille contre la porte. Je sais que c'est mal mais c'est une situation de crise, il est peut-être en danger.

J'entends des gémissements. Soit mon petit ami est en train de coucher avec une fille soit il est blessé. Dans les deux cas je ne peux pas rester là sans rien faire plus longtemps. Des larmes dégoulinent le long de mes joues. Je tremble. J'ouvre la porte d'un coup sec.

Non. Ce n'est pas possible. Il ne peut pas faire ça. Pas lui. Pas le copain parfait qui m'a emmené à la plage hier pour pique-niquer qui est adorable et romantique et avec qui je suis en couple depuis trois ans. Je ne peux pas croire que cette ordure fait l'amour à une autre fille dans mon dos.

Silent loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant