CHAPITRE 25 | ETHAN

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Je me tenais sur le toit, debout près du vide. Je crachais des nuages de fumée, regardant la masse blanche s'élever dans les airs et disparaître, emportée par le vent soufflant avec force.

Je n'avais pas dormi de la nuit, ressassant la soirée de vendredi, comment j'avais laissé Charlie seule, alors que j'aurais pu rester avec elle encore. Encore juste une heure, juste une nuit. Mon Dieu, Charlie, mais qu'est-ce qui t'as pris ?

Je regrettais tellement. Et si j'étais resté, encore? Je n'avais rien, rien à faire. J'étais simplement parti me coucher. Je dormais, alors que mon amie se noyait dans ses larmes, à s'en faire cesser de respirer.

Je laissai tomber ma cigarette entièrement consumée au sol. Elle s'écrasa contre le béton, rejoignant les autres mégots qui s'étaient entassés à mes pieds pendant la nuit.

Mes mains se redirigèrent presque automatiquement vers ma poche, où se trouvait un paquet à moitié vide. Mes doigts tremblants en attrapèrent une, et je la portai à ma bouche, m'énervant pour allumer mon briquet. C'était mon deuxième paquet. Cela faisait des heures que je fumais, sans rien faire, à regarder le vide. J'en prenais, toujours plus. Il m'en fallait encore plus. Les effets tranquillisants du tabac ne semblaient pas faire effet sur moi, il me fallait quelque chose de plus fort, de plus performant.

J'étais seul, avec mes pensées quand mon téléphone vibra dans ma poche. Je l'empoignai, pour voir un message de Mia. Elle disait simplement "Je pars de chez ma tante, j'arrive au foyer dans trois heures. Courage."

Sans savoir pourquoi, les larmes montèrent rien qu'à voir le petit message apparaître dans la conversation. Je m'écroulai par terre, la tête dans les mains, le corps remué de sanglots. C'était la première fois que je bougeais depuis plusieurs heures.

Un grincement retentit sur le toit, et je vis une silhouette apparaître derrière la porte en métal. La personne s'approcha de moi, et je reconnus alors Kate, l'air livide, coincée dans une jupe moulante et se remuant comme elle le pouvait sur ses escarpins.

Je la regardais s'approcher, sans pour autant bouger d'un cheveu. Elle s'installa alors à côté de moi, me gratifiant d'un sourire.

— Ethan, fit elle. Comment vas-tu ?

Je ne répondis pas, gardant les yeux rivés vers le vide.

— Noah m'a dit, que tu avais parlé à Charlie, vendredi soir. C'est vrai ?

Je ne parlais toujours pas, laissant couler des larmes chaudes le long de mes joues.

Elle attendit quelques instants, mais, voyant que je n'étais pas décidé à parler, elle se rapprocha de moi et passa un bras autour de mes épaules. Je m'éloignai aussitôt, la repoussant brusquement, la fixant avec des yeux ronds.

Elle s'excusa immédiatement, s'éloignant légèrement de moi et m'expliquant rapidement qu'elle pensait bien faire, répétant sans cesse qu'elle ne recommencerait plus. Elle se calma ensuite, et un long silence s'installa. Nous restâmes longtemps assis, sans parler, à écouter le vent souffler dans nos oreilles et les bruits lointains des voitures klaxonnant sur la route.

Ce fut après de longues minutes que Kate se décida à parler de nouveau.

— Ethan, réponds- moi s'il te plaît. Tu étais bien avec Charlie vendredi soir ?

Je hochai la tête, encore incapable d'articuler un mot. La femme approcha une main de moi, avant de la ramener contre elle, se rappelant sûrement de ma réaction précédente. Elle prit une grande inspiration, puis osa parler.

— Tu te sens coupable, par ce que tu l'as laissée toute seule ?

Je hochai de nouveau la tête, sentant les larmes monter aux yeux. Elle reprit immédiatement, sans me laisser le temps dire quoi que ce soit.

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