CHAPITRE 9 | ETHAN

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J'étais allongé dans mon lit, immobile depuis plusieurs heures déjà. Je n'entendais entour de moi que le bruit de ma respiration et le battement calme de mon cœur.

Je n'avais pas dormi encore cette nuit, et je restais inerte, redoutant l'appel de Jason qui arriverait bientôt. Je fermais les yeux et tentais de penser à autre chose, mais chaque léger bruit me ramenait à la réalité, me forçant à recommencer le processus.

Des coups secs résonnèrent à la porte et me firent me redresser brusquement dans mon lit.  La poignée grinça, et la tête de Jason apparut dans l'entrebâillement.

Il sourit légèrement en me voyant éveillé. Il entra entièrement dans ma chambre et ferma la porte derrière lui.

— Ethan, fit il d'une voix douce. Je sais que tu n'as pas envie d'y aller, mais ton père veut vraiment te voir, et...

— C'est obligatoire, oui je sais. Épargne -moi la chanson, ce serait gentil.

Je me levai et entrepris de réarranger mes cheveux, aplatis après la nuit. Je devais rendre visite à mon père une fois par mois au minimum, comme la lois le disait.

Aujourd'hui était le jour de la "visite", et je devais me lever à six heures du matin un week-end pour partir avec Jason jusqu'à la prison glauque où il séjournait.

L'éducateur me sourit de nouveau, m'observant avec des yeux pleins de pitié.

— Ethan, je sais que ce n'est pas un jour facile, mais il faut que tu y ailles, c'est important.

Je le regardais avec le même regard vide, avant de lui tourner le dos.

— Ça te dérangerait de sortir de ma chambre ? J'ai pas vraiment l'intention de m'habiller devant toi.

Il sortit rapidement et me laissa seul. Je m'appuyai contre le mur froid et soupirai, restant immobile quelques instants. Je me motivai enfin à me bouger et commençai à m'habiller.

Je descendis quelques minutes plus tard au réfectoire, encore désert à cette heure. Jason m'y attendait, et tenait un plateau à la main. Il me sourit en me voyant arriver, et me tendit mon déjeuner. 

Je regardai le plateau, qui contenait un bol rempli de lait et d'un morceau de pain beurré recouvert de confiture.

— Je ne peux pas te laisser manger au réfectoire, vu qu'il n'est pas encore ouvert. J'ai réussi à récupérer ça... Ce n'est pas beaucoup, mais au mois tu peux manger un peu.

— Laisse, j'ai pas faim. On n' a qu'à partir maintenant, comme ça on pourra rentrer plus vite.

Sans lui laisser le temps de répondre, je me mis en route vers le parking. Le soudain froid de la nuit me fit frissonner. Je fermai mon manteau et restai immobile, attendant l'arrivée de Jason.

Il franchit le pas de la porte quelques secondes plus tard, et me rejoignit en effectuant de grands pas. Il appuya sur les boutons pour ouvrir sa voiture, et nous nous y dirigeâmes ensemble pour entrer en vitesse.

Je fis claquer la portière derrière moi, et m'appuyai contre la vitre froide. Il inséra les clefs dans le contact et démarra le véhicule.

— Je suis désolé, Ethan, mais le chauffage ne fonctionne plus... Le voyage risque de ne pas être très agréable.

Je ne répondis pas, occupé à regarder le paysage qui défilait lentement. La voiture prit de la vitesse en sortant du parking, les immeubles apparaissaient et disparaissaient presque immédiatement.

Je me concentrai sur la buée formé sur la vitre par la chaleur de ma respiration. Je la regardais disparaître presque entièrement, avant de reprendre du volume à ma suivante expiration.

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