Le soleil brillait par la fenêtre de ma petite chambre, éclairant d'une lueur chaleureuse le bureau rempli de papiers froissés et de stylos ouverts. Un peu plus d'une semaine s'était écoulée depuis mon arrivée au foyer et je m'y sentais à présent comme chez moi. Kate, la psychologue de l'établissement, m'avait déjà convoquée dans son bureau une dizaine de fois et je ressortais de ces rendez-vous sans cesse un peu plus joyeuse.
Pouvoir vider mon sac sans craindre d'être jugée m'avait pris du temps mais j'osais à présent répondre aux questions qu'elle me posait. Les blessures les plus profondes restaient encore dissimulées mais quelques- unes des plus légères voyaient enfin le jour, permettant ainsi à Kate de les guérir doucement.
Il y a quelques jours, Aaron et Charlie m'avaient forcée à décorer les murs de ma chambre et à y placarder de nombreuses photos et affiches colorées. Cette torture m'avait laissé de fortes courbatures autant dans les bras que dans les jambes mais, bien que je ne l'avouerais pour rien au monde, j'avais passé avec eux l'une de mes meilleures journées depuis longtemps. Le résultat était d'ailleurs très réussi car la petite pièce, autrefois blanche et vide donnait à présent l'impression d'être habitée. Elle rayonnait donc de gaieté et le fait de me retrouver dans un environnement si joyeux semblait avoir un impact sur moi car je me sentais bien plus légère qu'il y a quelques jours.
Les cours au lycée se passaient pour le mieux et je venais d'ailleurs de terminer ma matinée sur un contrôle que je pensais avoir plus ou moins réussi. Nous avions décidé d'aller passer l'après-midi à la plage, profitant ainsi de la température estivale, et le départ était prévu dans une quinzaine de minutes. Je ne m'étais rendu compte qu'à la dernière seconde que je ne possédais qu'un seul et unique maillot de bain que je m'étais empressée d'enfiler.
Malheureusement, ce dernier, que j'avais acheté il y a presque trois ans, ne m'allait absolument plus et je me trouvais à présent debout devant mon miroir à tenter de trouver une solution à ce problème technique.
— Entrez ! criai-je en entendant trois coups rapides toqués soudainement à ma porte.
Cette dernière s'ouvrit et le visage souriant de Meghan apparut dans l'entrebâillement. Quand elle me vit, affublée de mon maillot trop petit, elle eut un léger rire et s'approcha de moi en deux enjambées, constatant ainsi l'étendue des dégâts.
— C'est volontaire qu'on voit autant tes fesses ? demanda-t-elle des étoiles de malice plein les yeux, tu veux te faire mater par quelqu'un ?
Je me sentis rougir et lui envoyai une tape sur l'arrière du crâne.
— Ce n'est absolument pas drôle. T'en aurais pas un à me prêter ?
Elle répondit à l'affirmative et nous courûmes jusque dans sa chambre, criant au reste de la bande de nous attendre. Après quelques minutes nous sortîmes enfin et rejoignîmes nos amis dans le hall où ils bavardaient en s'impatientant.
— Pas trop tôt, bougonna Aaron en nous apercevant.
Meghan lui fit une grimace et nous nous dirigeâmes vers la voiture de John qui se trouvait sur le parking. Après nous être entassés à grands coups de rires et de frappes amicales, la Jeep démarra enfin et le silence se fit dans l'habitacle, seulement rompu par le grondement du moteur. Je me penchai vers l'avant et demandai à Ethan qui se trouvait à la place du copilote :
— On a combien de temps de route ?
Il se tourna légèrement vers moi et je sentis son souffle contre ma peau alors qu'il me répondait à voix basse :
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Our Light In The Dark
Roman d'amour« Deux âmes brisées, un destin à reconstruire. » Elle se sentait sombrer. Il avait déjà coulé. Elle voyait sa vie lui échapper. Il se demandait ce qui en valait encore la peine. Elle tâtonnait dans la nuit à la rechercher d'un point où s'accrocher. ...