CHAPITRE 28 | MIA

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Treize jours. Treize longs et sombres jours s'étaient écoulés depuis que les cendres de Charlie avaient été éparpillées dans la mer. Treize jours durant lesquels le deuil avait pris une nouvelle ampleur. Nous réalisions de plus en plus l'absence de notre amie.

Et ce manque était encore plus dur depuis qu'une étrange distance s'était installée entre Ethan et moi.

Quand il était entré dans ma chambre, il y a maintenant plus d'une semaine, et qu'il s'était jeté sur mes lèvres comme un félin sur sa proie , un sentiment de doute s'était emparé de moi. Je sentais que quelque chose clochait et cette impression s'était confirmée lorsque j'avais enfin pu voir les yeux rougis du jeune homme.

Il s'était drogué, je le savais. Et je me doutais aussi qu'il n'avait pas arrêté. J'avais tenté de lui en parler à plusieurs reprises mais je ne pouvais m'empêcher de rentrer dans une colère sourde lorsque j'abordais le sujet. L'idée que la détresse d'Ethan puisse arriver à de telles dimensions m'effrayait. A vrai dire, je me sentais coupable de ne pas avoir su l'aider. Mais je ne parvenais pas pour autant à lui offrir de la douceur pour tenter de le soigner et m'en voulais terriblement.

Je ne l'aurais avoué pour rien au monde mais voir Ethan souffrir m'effrayait à un tel point que je ne savais comment réagir et me mettais en colère presque malgré moi. Je me détestais d'être aussi méchante alors qu'il avait tant besoin d'aide ; de ne pas pouvoir le sauver alors que lui avait si bien réussi à le faire. Mais je n'étais pas suffisamment forte pour lui venir en aide alors qu'il était depuis tout ce temps mon seul pilier pour ne pas sombrer.

Mais le pire dans tout ça, c'était que je savais que la distance qui s'était instaurée n'était pas due qu'à ça. Je lui avais dit que je l'aimais et c'était la vérité. Je ressentais pour lui ce que je n'avais jamais ressenti pour personne. En sa présence, je me sentais aussi belle, aussi forte, aussi puissante qu'une déesse. J'avais l'impression que rien ni personne ne pouvait m'atteindre ; qu'aucune douleur, qu'aucun obstacle ne pouvait me toucher. J'étais invincible ; mieux, j'étais heureuse. Plus heureuse que jamais je ne pouvais être heureuse. Plus heureuse que jamais je n'avais imaginé être heureuse. Et malgré tout ce qui m'arrivait, malgré toute la colère, la tristesse, la peur que je pouvais ressentir, l'aimer me redonnait le sourire.

Quand mes yeux croisaient les siens mon cœur battait des records de vitesse et une chaleur intense se glissait dans tout mon être. Et quand nos corps s'emboîtaient ; quand mes lèvres se cadenassaient aux siennes et qu'il rentrait en moi , je n'étais plus humaine. J'étais au dessus, bien plus loin, bien plus haut. J'étais immortelle et comblée. Pleine d'un désir et d'une passion sans égale qu'il partageait, il me l'avait prouvé par les murmures et cris qui glissaient hors de sa gorge lors de nos intimes activités.

Un sourire vint effleurer mes lèvres au souvenir de ces moments magiques que nous avions partagés. Sourire qui s'éclipsa quand je réalisai que cela faisait plus d'une semaine que ma langue n'avait pas caressé celle d'Ethan.

Je l'aimais. Mais cet amour me faisait peur. Il m'effrayait car au fond je savais que quand je ne serai plus là, il tomberait en miettes. Et puis il y avait ce manque de réponse qui hantait chacune de mes nuits ; ce doute intense et cuisant qui faisait naître mes insomnies. Je lui avais dit ; je lui avais avoué ce que je ressentais pour lui. Et il ne m'avait pas donné de réponse, se contentant de m'embrasser un peu plus fort. Alors l'éternel « et si ...? » tournait en boucle dans mes pensées. Et s'il ne m'aimait pas ? Et si, après m'avoir entendu dire ces mots, il avait regretté notre relation ? Et s'il ne restait avec moi que par simple intérêt ?

Un frisson me parcourut. Non, non décidément cela n'était pas possible. Il y avait réellement quelque chose entre nous. Je voyais bien que le regard qu'il posait sur moi était différent de celui qu'il portait à Amber, cette fille avec qui il avait eu une soit-disant aventure avant mon arrivée.

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