Prologue

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FLASHBACK

Lundi 12 octobre 2020
{ 2h30 }

Sur le chemin du retour, le vent froid me caresse la nuque, laissée nue par mes cheveux, relevés en queue sur le dessus de ma tête.
Un léger brouillard avait recouvert la ville et laissé une ambiance pesante dans les rues tandis que je marchais pour rentrer enfin chez moi.

C'est fini.
Je l'ai fait,
J'ai l'argent.
Tout ce cauchemars sera terminé.

Déjà avec ça, je devrais pouvoir subvenir aux besoins médicaux de Léa, ma petite soeur, et discrètement glisser le reste dans les affaires de ma mère afin d'alourdir son porte monnaie.
Mon premier et dernier jour est fini. Je vais pouvoir laisser tout ça derrière moi.
Mais les images que j'ai vu ce soir, ne sont pas prêtes à s'effacer de ma mémoire avant longtemps encore.
À chacun de mes pas, je me remémore l'expression de ce type. Son visage tordu par la peur lorsqu'il s'est rendu compte du piège que nous lui avions tendu, et qu'il ne pourra plus jamais revoir ses jeunes garçons.
Je ne suis pas même sûre que l'argent puisse un jour réussir à me retirer la culpabilité que j'ai d'avoir fais ça.
Cet homme s'est écroulé devant moi.
Je n'ai rien fait pour l'aider.
Je l'ai manipulé, le conduisant tout droit vers la mort. Je l'ai tué.

Par ma faute, cet homme, ce père de famille est décédé, et ses enfants devront grandir sans leur figure paternelle.
Mais c'est sa faute, enfin... il n'avait échoué qu'une seule chose dans sa vie. Il s'était moqué d'eux.
Et ça l'a tué.
Le pauvre quarantenaire avait eu l'ingénieuse idée de se battre à la sortie d'une boite avec un des bras droit du chef de la mafia de Philadelphie
Et il a decidé de se venger avec l'aide de ses compagnons en le tuant.

Enfin, nous l'avons tué...je suis désormais mêler à leurs affaires de  vendetta. Moi aussi j'ai ma part de responsabilité pour le meurtre de ce type.
Mais, ce soir et seulement ce soir.
Je refuse catégoriquement d'être à nouveau mêler à ce monde. Plus jamais, et même contre tout l'argent du monde. Aujourd'hui n'a été qu'un cas de force majeur pour sauver ma seule raison de vivre et qu'elle puisse faire son opération.
J'ai vu les dégâts que pouvait causer ce genre de travail pour des "innocents", et je n'ai pas envie d'avoir d'autres morts sur la conscience ou de voir d'autres cadavres tomber au sol.
Maintenant au moins c'est fini, ma petite soeur sera saine et sauve et certaines dettes seront enfin payés. Cela nous fera au moins ça de moins à nous occupé.
Mais je redoute déjà mes prochains cauchemars et mes futurs angoisses du mois.
Maintenant j'aurais aussi plus de temps pour mes recherches car mes pensées ne seront plus tournées vers cette l'opération et je pourrais trouver un travail légal et plus calme pour pouvoir aider ma mère à payer nos dettes. Qui sait, peut être que ce n'était que le début d'une nouvelle histoire; un nouveau départ pour une vie plus tranquille ?
On ne dit pas en tant normal que ce sont après des traumatismes et des événements marquants que les gens se relèvent plus fort et mieux dans leur vie?
Je donnerais tout pour que ce soit aussi mon cas à partir d'aujourd'hui.

J'arrive enfin devant le hall de notre appartement, il fait toujours aussi sombre. J'eclaire la serrure avec le flash de mon portable et ouvre la grande porte. Je monte silencieusement les escaliers jusqu'à notre pallier et déverrouille doucement notre porte d'entrée.
C'est affreux, c'est une des premières fois où je dois faire le mur et je ne sais pas comment faire pour être assez silencieuse. Je tente d'ouvrir tour doucement la porte mais je n'avais encore jamais remarqué à quel point la porte principale grinçait. Super.
J'ouvre enfin la porte et la referme délicatement derrière moi. Je dépose d'hors et déjà les sous dans le porte monnaie de ma mère et pars dans ma chambre.
Le tissu de la robe me gratte de plus en plus, ça devient insupportable.
Pour ce soir, j'avais réussi à négocier une robe auprès de Calysta, ma meilleure amie en prétextant que j'étais invité au restaurant avec un garçon d'un autre lycée mais également en terminal et que je n'avais rien à me mettre d'assez chic pour l'occasion.
Je pense que si je lui disais que je devais juste être habillé de façon sexy afin d'attirer un vieux pédophile tout droit à la mort mais que je n'avais pas les sous pour me payer une tenue aussi cher que le loyer de mon appartement alors qu'elle doit être composé de moins de tissu que tous mes vêtements réunis; elle aurait du mal à digérer la nouvelle.
Je me dépêche de la retirer, la plie soigneusement afin de la rendre demain à sa propriétaire et me glisse dans les draps.
J'observe le plafond, me remémorant à nouveau chaque épisode de cette soirée.
Une vraie catastrophe. Plus jamais je ne veux avoir à recommencer.
Les pensées fusent dans ma tête et ce silence pesant ne m'aide pas à les calmer.
Les regards de ses hommes sur mon corps toute la soirée dans la boîte de nuit.
Les mains de cet homme sur ma peau.
Le bruit de la balle qui heurte sa boîte crânienne.
Son regard fixé sur moi.
La larme qui a quitté le coin de son œil lors de l'impact de son cadavre sur le bitume.
Le rire de ses vautours tout autour, fière de leur coup.
Le sang qui se repend sur le sol.
STOP
J'ouvre le tiroir de ma table de chevet, recupere mon ancienne cigarette électronique caché sous une multitude de feuille de cours et d'affaire datant d'une autre vie et y tire une taffe.
Puis deux.
Puis trois.
Et puis j'arrête de les compter.
À l'origine la cigarette pour moi était du passé et j'avais réussi à arrêter cette addition, mais je crois bien que là, mon corps réclame sa dose de nicotine pour calmer son début d'angoisse.
Je continue encore et encore, fixant toujours le plafond de la pièce et ne m'arrête que jusqu'à m'endormir d'épuisement, l'appareil dans la main.

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