Chapitre 4 - Lauren DAVIS

19 2 0
                                    


   A la seconde où la rumeur qu'un énorme tremblement de terre avait frappé Hawkins vint aux oreilles de Lauren, elle su qu'elle devait s'y rendre. Jamais elle n'avait publié un article sur une catastrophe naturelle d'une telle ampleur dans le Davis Post. En plus de ça, elle bénéficiait d'un avantage. Personne ne semblait être au courant de cette nouvelle. Si elle l'avait su, c'était grâce à la sœur de son père qui avait dû quitter Hawkins précipitamment après la secousse. Elle avait eu beaucoup de chance. Sa maison a été détruite alors qu'elle se trouvait une rue plus loin. Le père de Lauren a donc accepté de l'héberger quelque temps.

Ca lui fera un peu de compagnie, son père n'était jamais là. Trop occupé à suivre le cours de la bourse avec ses amis traders. Elle ne s'en plaignait pas. Cela marchait assez pour vivre bien plus convenablement que la majorité des américains. Et puis, elle n'appréciait pas vraiment la présence de son père, ils n'avaient jamais la moindre chose à se raconter.

Elle était persuadée qu'il la détestait car elle ressemblait trop à sa mère. Cette dernière était repartie en France, son pays natal suite à une énième dispute il y a sept ans. Elle avait été contrainte de lui laisser Lauren car son père la menaçait de lui envoyer une armada d'avocats à ses trousses si elle partait avec leur fille. Lauren correspondait avec elle par lettres régulièrement et pour la première fois, notamment grâce aux bénéfices du Davis Post, elle partira la voir en France dans quelques semaines. Son père avait toujours refusé de lui donner de l'argent pour qu'elle puisse partir la rejoindre. Il avait sans doute peur qu'elle ne revienne jamais.

   Elle était vraiment fière de ce qu'elle avait accompli ces trois dernières années. Elle avait quitté le lycée, sous la désapprobation de son père qui avait finalement fini par lui dire "tu es comme ta mère, alors fais ce que tu veux et ne vient pas pleurer". Passionnée d'écriture, elle s'était toujours vue journaliste. Malheureusement, être acceptée dans un journal était mission impossible. Déjà car elle n'avait pas de diplôme en poche et puis aussi car les jeunes femmes n'étaient pas acceptées du tout à ce genre de poste.

Alors, elle avait eu l'idée de se faire une carrière et un nom seule. Elle avait commencé par écrire des articles sur des faits locaux et grâce à ses économies, elle avait pu faire imprimer une centaine d'exemplaires tous les jours, sauf le dimanche. Elle distribuait son journal elle-même la nuit, en voiture, gratuitement. Cette période fut aussi exaltante que compliquée. Une fois sa clientèle fidélisée, elle décida de ne publier que deux fois par semaine et de rendre son journal payant. Elle ne s'attendait pas à ce que cela fonctionne si bien. Tout le monde en parlait et adorait la fraîcheur de ses articles. Elle avait entrepris tout ça anonymement, enfin si l'on peut dire, car elle a donné son nom de famille au journal. Mais personne n'a jamais su qu'elle était derrière.

Il y a deux mois, elle a décidé de sortir de l'ombre. A la grande surprise de son père et des journaux locaux, surpassés par une jeune femme de vingt et un ans. Lauren en était extrêmement fière.

   C'est pour cela qu'elle devait se rendre à Hawkins avant tout le monde, sans tarder. Ce n'était pas très loin, à deux heures de route seulement. Sa tante était arrivée le matin même, expliquant ce qu'il s'était passé à Lauren. Ni une ni deux, elle avait préparé sa valise et sauté dans sa voiture.

Chantant à tue-tête, la musique à fond, ses longs cheveux châtains bouclés volant par la fenêtre, elle ralentit devant le grand panneau "Hawkins". Elle était arrivée. Un large sourire traversa son visage pâle.

- A nous deux Hawkins.

Après avoir croisé une multitude de véhicules qui quittaient la ville, elle se stationna à l'entrée. Lauren coupa le moteur et éteignit sa musique. Le spectacle était désolant. La police, l'armée et les pompiers continuaient de s'afférer partout à rechercher de potentiels survivants.

Lauren ouvrit sa portière, sortit les pieds de l'habitacle. Elle retira ses lunettes de soleil et fut frappée par ce qu'elle vit. Une énorme faille traversait de part en part cette partie de la ville. Un gouffre immense. Comment était-ce possible?

Son instinct, qui ne se trompait que rarement, lui disait que l'origine de ce tremblement de terre n'avait rien de naturel. Ce n'était pas normal.

   Lauren passa le reste de la journée à errer dans la ville. Enfin, dans ce qu'il en restait. Elle resta le jour suivant, puis encore un. Elle ne pouvait se résoudre à quitter cette ville alors que tous ces gens avaient besoin d'aide. Ce n'était plus la journaliste qui parlait. Elle avait envoyé ses textes à son coéquipier qui s'était chargé de faire imprimer le journal. Les ventes avaient explosé.

Mais là, il y avait plus important. Tellement plus important. Des tas de survivants se trouvaient dans les gymnases, les salles des fêtes, dans la rue. Une entraide s'était formée très rapidement, des bénévoles avaient surgi dans tous les coins. Lauren en faisait partie. Elle ne pouvait pas rester les bras croisés devant tant de tristesse et de souffrance.

   Alors qu'elle allait quitter le centre d'aide, elle vit un jeune garçon, les cheveux bouclés et une casquette sur le crâne. Il était en train de discuter avec un homme un peu plus âgé, près des tableaux où des dizaines d'avis de recherche étaient accrochés. Le vieil homme avait l'air abattu. Le plus jeune resta immobile, les yeux rivés vers les affiches.

Lauren sentit qu'il fallait intervenir. Encore son instinct sans doute. Elle s'approcha du garçon.

- Tout va bien? demanda-t-elle, intriguée.

Celui-ci se tourna vers Lauren qui vit les larmes couler sur ses joues.

- Je suis désolée, ma question est très bête vu les circonstances.

Il s'essuya les yeux avec sa manche et dit d'une voix étranglée par l'émotion:

- Tout ça est injuste. Tellement injuste.

The Last Game - Stranger Things Storie - ST5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant