The Last Game - Stranger Things Storie - ST5

Chapitre 2 - Les restes de Vecna

   Eddie n'avait plus la notion du temps depuis un long moment. Il se demandait d'ailleurs comment il n'avait pas perdu l'esprit. Il avait peur de devenir fou. Enfin, plus qu'il ne l'était déjà se disait-il. Seul ici, errant comme un fantôme pendant que tous ceux dans le monde réel avaient repris leur vie.

D'ailleurs, comment avaient-ils réagi quand Dustin leur a appris qu'il était mort dans ses bras? Ils n'ont pas dû en dire grand chose. Et son oncle? Il n'imaginait même pas ce qu'il ressentait à présent. D'abord tueur puis maintenant, le voilà mort. Cela devait être un soulagement pour lui. Comment allaient-ils tous réagir quand Eddie allait réapparaître comme par magie? Enfin, encore faudrait-il trouver un moyen de sortir d'ici.

   Si Eddie n'avait pas retrouvé la moindre trace de ses amis, ce qui était plutôt bon signe, il n'avait pas non plus vu la moindre faille qui lui permettrait de rentrer. Il n'avait aucune idée du nombre de maisons qu'il avait visité depuis son réveil. Il marchait de quartiers en quartiers, constatant que le temps ici s'était arrêté il y a trois ans. Il ne l'expliquait pas mais il se trouvait dans le passé.

Se trouvant au deuxième étage d'une belle demeure, son regard fut attiré par une vive lumière orange. Le ciel semblait rouge de colère. Cela se trouvait à quatre ou cinq kilomètres de là où il était à vue d'œil. Troublé, il fût étrangement attiré par cette lumière. Une petite voix lui dictait de s'y rendre. Non, cette voix lui ordonnait d'y aller, elle lui hurlait haut et fort.

Eddie jeta un dernier regard autour de lui et commença à descendre les escaliers. Heureusement que sa jambe ne le faisait plus souffrir, il n'aurait jamais pu monter toutes ces marches. Il était déterminé à découvrir pourquoi le ciel était mystérieusement orangé à cet endroit. De toute façon, il n'avait que ça à faire. Alors il allait suivre cet appel lumineux.

   Après plusieurs heures à marcher dans ces rues effrayantes et vides, à traverser un morceau de la forêt qui n'était pas plus rassurante, Eddie sentait une brise souffler ses cheveux. Plus il avançait, plus cette brise était puissante. Plus il avançait, moins le ciel s'assombrissait. Il approchait. La luminosité augmentait petit à petit, en même temps que le vent. Les battements de son cœur se faisaient plus rapide à chaque pas.

   Le vent soufflait de plus en plus fort mais il y était presque. Les arbres disparurent laissant place à un paysage désertique d'une couleur orange déconcertante pour ses yeux habitués à la pénombre. Il aperçut une masse sombre au loin. Il ne pouvait discerner ce que c'était exactement là où il se trouvait. Eddie marcha encore et encore avec pour objectif cette masse noire qui se dessinait au fur et à mesure qu'il s'en approchait. Il vit des objets flotter dans le ciel. Il devait devenir fou, c'était certain.

Plissant les yeux, il lui semblait distinguer des débris volants d'une maison. Des escaliers en bois trônaient au sol. Une horloge était suspendue dans les airs. Tous ces objets paraissent reliés par ce qui ressemblait à des tentacules ou des vignes.

   Eddie approchait, pas à pas, d'une lenteur calculée. Il était possible qu'il soit là. Vecna pouvait être ici. Des tentacules s'étaient réunies à certains endroits formant des piliers pointant vers le ciel. Certains de ces piliers semblaient tenir quelque chose. Il s'approcha de l'un d'entre eux. Un hoquet de stupeur lui échappa malgré lui. Il y avait un corps enchevêtré dans toutes ces lianes étranges. Un corps salement amoché, en très mauvais état. Il n'avait plus d'yeux, des ecchymoses noires recouvraient sa peau, il lui manquait un bras et ses jambes partaient en lambeaux. Une de ces tentacules s'était introduite dans sa bouche. Il ne reconnu pas ce jeune garçon vêtu d'une chemise blanche et qu'un gilet en laine sans manches. Il ne le connaissait pas mais il en déduisit qu'il devait s'agir du gars qui accompagnait Nancy. Impossible de se rappeler de son nom. Enfin... Il était là. Ce qu'il restait de lui se trouvait sous les yeux d'Eddie.

Il marqua un temps d'arrêt puis repris son chemin. Il se dirigea vers un autre de ces piliers avec l'appréhension de ce qu'il allait trouver. Une vision d'horreur. Son cœur manqua un battement. Eddie dû se retenir pour ne pas vomir.

Chrissy. Emprisonnée dans ces vignes. Son corps était tout de même en meilleur état que le précédent, ce qu'il ne comprenait pas. Les yeux d'Eddie s'embuèrent et sa vision se troubla. En les fermant, il la vit dans sa caravane. La laissant quelques secondes, parfaite et magnifique. Puis quelques secondes plus tard, les lumières qui clignotaient sans raison, ses yeux révulsés. Cette force invisible qui la souleva dans les airs. Le craquement de ses os qui se brisaient les uns après les autres. Jamais il ne pourrait oublier cette scène.

Et dire que tout le monde le tient pour responsable de ce massacre. Comment aurait-il pu faire ça? 

Eddie ouvrit péniblement les yeux, laissant tomber quelques larmes sur ses joues sales.

Tous ces corps enchevêtrés, déshumanisés. Comme les restes d'un repas qu'on aurait laissé sur une table sans débarrasser et qui auraient commencé à pourrir au contact de l'air. Voilà ce qu'avait laissé Vecna. Voilà ce qu'il avait semé sur son passage. Des cadavres.

C'est ce qu'était devenue Chrissy, un cadavre.

Cette fille qu'il avait longtemps admirée en secret au collège. Il vouait une sorte de haine intérieure, peut être une pointe de jalousie, à Jason, son petit copain. Chrissy et lui n'avaient jamais vraiment parlé. Il ne la connaissait pas, il ne savait rien de son histoire. Elle non plus ne savait rien de lui. Il avait senti que quelque chose n'allait pas chez elle lorsqu'ils s'étaient retrouvés dans la forêt. La petite fille sage et parfaite qui venait demander de la drogue au cinglé du coin. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'elle n'allait pas très bien.

Qu'il avait apprécié ces quelques minutes passées ensemble. Il avait même été flatté qu'elle se souvienne du nom de son groupe. Eddie s'était senti étrangement léger à cet instant. Il n'avait pas toujours été invisible pour elle. C'était une petite victoire pour lui.

Et maintenant, voilà ce qu'il restait de cet instant. Parce qu'il n'avait pas pu la réveiller. Il l'avait pourtant secouée de toutes ses forces. Mais ça n'avait pas suffit.

Puis il l'avait laissée dans la caravane. Brisée en mille morceaux et seule. 

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Bonjour à tous!

J'espère que ce début vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos réactions, envies, etc...  A bientôt.