The Rebellion

-Russian invasion-

Steve Carfiel

- 13 Mars 2023, Dayton -

        Il doit être environ 15h20. Plus nous nous approchons de Dayton, plus les terres sont brûlées. Il y a de nombreux cratères au sol. Nous avons très peu de visibilité. Il fait bien trop chaud pour une fin d'hiver. Sûrement à cause des explosions. Nous sommes à quelques centaines de mètres de la ville, les routes sont endommagées, les lignes électriques ont totalement été coupées dans les explosions, certaines sont même tombées. Nous devons abandonner le 4x4 de Serena. Impossible de rouler sur ces amas de béton, d'arbres, de poteaux électriques et de bâtiments. On fait le reste du chemin à pied. En voyant l'état de Dayton, l'inquiétude commence à monter, enfin, de mon côté. Ella n'a pas l'air d'y prêter attention, elle est plus focalisée sur sa famille, et ne voit pas l'environnement dans lequel elle s'aventure.

        Des hélicoptères fouillent la ville de fond en comble. Nous ne discernons pas bien le drapeau qui est marqué dessus. Nous devons nous faire discret, sur ce coup là car nous entrons en zone interdite. La peur de se faire prendre est plus forte que tout, et les conséquences peuvent être terribles. On peut peut-être se faire emprisonné ou même pire, tué.

        Malgré le manque de visibilité, Ella arrive parfaitement à se repérer dans les débris et la fumée :

– Nous sommes au Wegerzyn Gardens MetroPark. Ma maison est à environ vingt minutes d'ici, près de Deweese Park, me dit-elle.

Je me contente de hocher la tête même si de nombreuses répliques me viennent à l'esprit.

        Ella emprunte les plus petites rues, là où nous sommes sûrs - enfin, presque - d'être hors de vision des soldats qui patrouillent. On se rapproche de plus en plus de sa maison. Toutes les demeures voisines sont devenues de pauvres amas de poussières. Les toits se sont effondrés, les vitres brisées, les murs cassés. Je sais pertinemment qu'il y a très peu de chances que sa famille soit encore vivante mais je ne préfère pas lui dire. Je sais - ça se voit - qu'elle essaye de garder espoir, qu'elle y croit. Elle prie, elle a toujours cru que Dieu était avec elle, que les miracles existent. Moi, je ne crois pas à tout ça, plus depuis que mon père a perdu la vie suite à son cancer. En repensant à sa perte, quelques larmes commencent à monter.

        Au même moment, un hélicoptère passe juste au-dessus de nous. Ella me tire derrière un gros morceau de roche. J'étais tellement plongé dans mes pensées que je n'ai pas entendu le vacarme des pales approcher.

– Oh putain, on a eu chaud sur ce coup là, dis-je.

Mon coeur s'accélère, notre mission c'est vraiment du suicide. Il faut qu'on soit prudent et que mon esprit arrête de me jouer des tours.

– Ouais, dit-elle dans un long soupir. Concentre toi, s'il te plaît. A quoi étais tu en train de penser ?

– Rien. Ne t'inquiète pas.

– Ok. Mais, si tu veux parler, je suis là.

Elle met sa main sur mon épaule. Je lui souris pour la remercier. Je me sens con. C'est moi qui devrait être là pour elle, pas l'inverse.

        Avant de sortir, on regarde l'hélicoptère qui nous a survolé. Il est noir et se fond dans la masse. Le drapeau dessus est discernable, on dirait celui de la Russie. Mais qu'est ce qu'ils font ici ? C'est quoi ce foutoir ? Je ne comprends pas. Je regarde Ella. Elle n'a pas l'air de comprendre non plus.

        Reese sort sa tête du morceau de pierre, pour vérifier que la voie est libre. Elle passe à la prochaine cachette en courant. Je suis beaucoup moins agile qu'elle, ça risque d'être compliqué. Je regarde à mon tour s'il n'y a personne et la rejoint. Je suis essoufflé. Je m'écroule, une fois planqué.