Moi, Elle, Eux, Nous.

La fin de l'histoire

 C'est le bruit des pleurs qui le tirèrent du sommeil, ça, et le bruit de machines qui bipaient incessamment. Il fronça les sourcils et voulut ouvrir les yeux. Impossible. Il sentit une pression sur le drap à ses côtés et chercha à l'atteindre malgré l'effort que ça lui demandait. La main était aussi douce que le tissu et les pleurs s'arrêtèrent un instant. Un silence d'une demie seconde le frappa puis un bruit, un prénom fut prononcé.

— Ethan ‬ ? Eti, tu m'entends ‬ ?

 Les yeux embués de Camille ne cessaient de déverser des larmes, elle ne pouvait s'en empêcher.

— Tu... Tu te réveilles. Je suis là ché...

 Il lui serra la main davantage. Non, pas là, pas maintenant. Elle respecta sa demande silencieuse et caressa doucement sa main.

— Je vais chercher tes parents et les infirmières Eti, je reviens.

 Il la sentit partir, se lever pour alerter le reste du monde et une panique incompréhensible prit possession de lui et sans prendre gare, il lui écrasa la main dans la sienne. Il avait terriblement peur.

— Je te jure que je reviens, Eti, dans cinq minutes je suis là, promis.

 Il sentit un baiser se déposer sur son front et la main qui quitta la sienne. Le sommeil le prit rapidement en otage. À peine avait-elle eu le temps de passer la porte qu'il s'endormait de nouveau. Elle le regarda avec un sourire tendre et effaça une larme qui menaçait de couler le long de sa joue.

— Heureuse de te revoir parmi les vivants, chéri...

 Un mois s'était passé depuis l'accident. Un mois d'angoisses et de peur que les examens ne s'empêchaient de raviver. Selon les spécialistes, il l'avait échappé belle mais il aurait quelques séquelles.
  Son ouïe serait endommagée à un pourcentage assez important et il devrait faire une rééducation musculaire, notamment pour ses jambes qui ont pris un tribu assez important dans sa chute. Ses poumons aussi sont en assez mauvaise posture, la suffocation qu'ils ont endurée les a endommagés mais ça ne sera pas irréversible. Il allait devoir rester encore un moment dans un lit d'hôpital mais le fait qu'il se soit réveillé était déjà une grande chose.

 Il se réveilla quand sa famille entra dans la chambre, ils durent patienter quelque instants pendant qu'on prenait ses constantes puis ils purent s'approcher près de lui.

— Ne restez pas trop longtemps, il a besoin de se reposer.

 Camille était là aussi, ruisselant de larmes de joie, mais en retrait. Sa mère et sa fratrie n'arrivaient pas à tarir leurs larmes et son père faisait ce qu'il pouvait pour maîtriser ses émotions.

— Tu nous as fait tellement peur Ethan...

— Mais qu'est-ce qui t'a pris... ?

— Pourrions-nous...

 Il toussa tant sa gorge était irritée de ne pas avoir parlé pendant si longtemps et reprit son souffle.

— Pourrions-nous en reparler plus tard ? Je viens juste d'ouvrir les yeux.

 Il savait qu'ils avaient besoin d'explications mais il n'avait aucune envie de les entamer maintenant. Il avait besoin de se remettre les idées en place pour éviter les trous noirs. En l'espace de quelques heures, il récupéra un mois d'informations qui lui donnèrent un mal de crâne incroyable. Sa sœur avait réussi ses championnats et avait donc été championne de France d'escalade avec son équipe, son frère avait gagné son championnat de football et était donc premier de sa catégorie. Ça parlait travail et famille et il peinait à suivre mais apparemment, ils avaient besoin de ça, lui parler et lui donner des nouvelles pour se prouver qu'il allait bien et qu'il était bel et bien vivant. L'infirmière vint leur dire qu'il fallait partir, que l'heure des visites était dépassé et ils l'embrassèrent avant de le quitter.