8. Aspen: Tempête de feu

3 0 0
                                    

Trois ans et sept mois avant Cami.

Dans le campement des montagnes, les nuits sont glaciales et peu d'héritiers arrivent à garder leur chaleur convenablement. Plus particulièrement ceux qui s'approchent des territoires sudistes tels que les héritiers des meutes Boréale, des Brumes ou encore des Plaines. Durant notre séjour au campement, ils dorment dans les cavernes de la montagne ou des feux de camp brulent tous la nuit. Tous les héritiers sans exception se couvrent avec des couvertures épaisses pour éviter le froid. En revanche, ceux des clans des aurores, des falaises ou moi-même sommes beaucoup résistant au froid. Je suis même prêt à dire qu'Oria de la meute des montagnes n'est pas affecté du tout par les températures glaciales puisqu'elle n'est jamais près des flammes, après tout, nous sommes sur son territoire. Pour elle, le froid est synonyme de confort. Pour ce qui est des autres héritiers plus tolérants à ce genre de climat, nous dormons tous à l'extérieur des cavernes dans des abris avec trois murs et une face ouverte à portée d'un feu. Personnellement, je préfère refermer le quatrième mur, je ne bénéficie pas de la chaleur des flammes, mais de beaucoup plus de tranquillité pour me reposer et me vider la tête.

Après une longue journée d'entrainement au combat, plusieurs d'entre nous restent auprès du feu pour discuter ou faire la fête pendant que nos mentors dorment. C'est l'un des rares moments que nous avons pour nous défouler. On pourrait croire que ce serait idéal pour la recherche de compagne, mais non. Aucun des héritiers présents ne serait assez bête d'abandonner son titre pour un ou une autre. Je pense ainsi sans oublier que ma future compagne à sacrifier le sien pour moi. Si ce n'est pas une preuve du dévouement de Lydia pour moi alors j'ignore ce que c'est. Son père semblait beaucoup plus enchanté par l'optique que sa lignée se mêle à celle du nord, réunissant le sang des deux meutes les plus influentes du continent. Je ne croyais pas qu'il lui serait aussi facile de céder sa seule héritière au Nord sur les bases aussi friables que la promesse d'un fils pour le Sud. J'ai été assez surpris même qu'il accepte son départ sans plus de condition. La relation entre Lydia et son père semble pourtant si solide comme beaucoup d'autres héritiers...

... alors que celle que j'entretiens avec le mien ne cesse de s'effriter.

Je ne dis pas que mon père ait déjà apprécié mes petites rébellions, mais nos prises de têtes se multiplient comme cette sensation de me sentir constamment étouffé par sa dictature. Depuis cette journée pluvieuse quand il m'a empêché de me rendre au camp des humains, on ne s'entend plus sur rien. Nous sommes constamment sur le point de nous hurlé dessus pour les moindres détails insignifiants dans le seul but d'avoir le dernier mot. Peut-être est-ce une façon de voir qui dominera l'autre, mais ça devient lassant à la longue. Stella évite soigneusement de se retrouver entre nous deux. Je doute que ce soit difficile pour elle également.

Et il y a aussi la drôle de réaction du chaperon et son chasseur lors de la chasse. Je ne sais toujours pas ce que je dois en penser. Pourquoi m'avoir épargné alors que le duo aurait pu rapidement mettre fin à mes jours et ajouté une prise à leur tableau de chasse ? Un jour, il nous perce de leur flèche et l'autre, il détourne le regard et nous laisse partir. C'est à ne rien comprendre ! Les humains sont déroutants. Je continue à croire que j'ai eu de la chance. Je suis tombé sur un duo pacifiste et je ne nie pas qu'ils aient changé ma vision sur leur espèce. Nous sommes loin d'être à l'aube de gambader main dans la main comme des simples d'esprit, mais leurs agissements ont ouvert la porte à un chemin beaucoup plus lumineux pour les nôtres que celui sur lequel nous sommes actuellement. Cet acte de clémence est la preuve même qu'il est possible de se côtoyer avec une certaine tolérance. Je ne vois pas l'intérêt de sortir les griffes si je peux me contenter de reprendre mon chemin sereinement comme ils l'ont fait.

Néanmoins, ils ne sont pas tous comme toutes les équipes d'humains. De notre côté comme le leur, nos guerriers sont beaucoup trop avides de mettre leur adversaire au tapis avant de donner l'opportunité à l'autre de s'expliquer. Ce qui laisse les indécis prendre les armes par précaution de se trouver devant un rival ayant un dessein plus violent.

Little WoodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant