Little Woods

9. Aspen: L'âme sœur

Trois ans et six mois avant Cami.

— Je sais que c'est encore loin et que je n'arrête pas d'en parler, mais j'ai pensé que l'on pourrait tout de même faire notre cérémonie de marquage sur la plage dans le sud. Je sais que normalement on devrait le faire ici dans ma terre d'accueil, mais ce serait la dernière fois que je ferais officiellement partie du clan du Sud. Bien que l'été ici, le temps est suffisamment clément pour que les membres de ma meute ne souffrent pas du froid.

— Tu as encore amplement le temps de changer d'idée d'ici deux ans.

— Oui je sais, je sais. L'attente est interminable, Aspen !

Je pourrais presque entendre Lydia ronronner contre mon bras. Depuis son arrivée, elle ne fait que parler de ça et j'entends Stella grogner à chaque fois. Hier, elle s'est même levée de ta table sans permission et a foutu le camp du centre des alphas. Je ne l'ai pas revu depuis. Quand la nouvelle lui ait parvenu aux oreilles pour mes plans avec Lydia, elle nous a fait toute une crise et me boude constamment. Mon père bien que surpris était ravi pour ma liaison future et nos deux meutes surexcitées donc, son manque d'entrain m'ennuie.

Stella a bien tenté de me convaincre que je commettais une erreur, que je ferais mieux de continuer ma recherche de compagne sur les territoires nordiques. Que Lydia était le pire choix pour le Nord, nul besoin de décrire à quel point les tensions entre les deux louves se sont aggravées. Ma petite sœur a bien essayé de se faire entendre par mon père sans succès pour celui-ci qui considère ma future liaison comme une opportunité inespérée. Tous ont remarqué notre relation évoluer et ne peuvent plus nier que notre relation devient de plus en plus sérieuse. Avec la promesse que je lui aie faite, nos deux alphas se rencontrent plus souvent que nécessaire.

Lydia tient parole et se montre bienveillante malgré certains accrochages. Je reconnais qu'elle fait d'énorme effort pour plaire à mon clan. Plus d'une fois, je l'ai vu se mordre la langue en remarquant certaine louve la dévisager ou chuchoter sur son passage. Je suis conscient de ce que je lui impose, je suis agréablement surpris de ce qu'elle réussit à gérer.

Malgré tout cela, une personne vient troubler une situation presque parfaite et cette personne...

... C'est moi.

Ça peut sembler étrange surtout que je suis le premier concerné et maitre des circonstances. Notre couple se solidifie de jour en jour et il n'y a absolument rien qui va de travers nous concernant. Tout va parfaitement bien à l'exception de cette sensation que quelque chose cloche. Je ne pourrais dire quoi, mais un certain manque. Tous les loups prêts à s'unir sont convaincus qu'ils veulent passer le reste de leur vie avec celle qu'ils ont choisie. Ils n'ont aucun doute alors pourquoi je suis aussi retissant en ce qui concerne Lydia ? J'ai cette sensation de malaise qui ne me quitte pas et le sentiment que je devrais mettre fin à tout ça. Lydia n'a rien fait qui mérite mon hésitation, mais à chaque fois que je tente de chasser cette idée, elle me revient en force. Est-ce parce que je suis sur le point de commettre une erreur ? Est-ce parce que je me trompe sur toute la ligne et fais le mauvais choix ?

Pourquoi aie-je l'impression que je rate quelque chose d'important ?

J'ai tout ce que je pourrais demander d'une compagne, une alpha forte et redoutable, une louve disposée à se plier à mes ordres et une femme éperdument amoureuse de moi. Cela devrait être plus que suffisant, mais j'ai l'impression d'avoir besoin de plus...

— Hey ! Tu m'écoutes !?

Je lève les yeux et les poses sur ma future compagne. Elle fronce les sourcils et pince les lèvres. Inutile de lui mentir, j'étais complètement distrait. J'ignore même de quoi elle parlait, j'en ai une bonne idée du sujet, mais sur quel élément de la cérémonie de marquage elle désirait mon avis, j'admets que l'information m'a échappé. De toute façon, je suis certain que les plans qu'elle prépare maintenant seront complètement différents de ceux qui verront le jour dans deux ans. En supposant bien sûr que mon malaise ne m'aura pas fait fuir avant...