Passé tumultueux d'un Alpha

Yuma Elyoe

L'enquête avançait à grands pas. Nous ne savions toujours pas qui était le tueur mais nous avions les noms de ses deux prochaines victimes. Les foyers et toutes les familles d'accueil de la ville étaient sous surveillance policière vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

De mon côté, mon livre aussi prend de plus en plus forme. Et avec ça, mon attirance pour l'inspecteur. Je le trouve tellement adorable lorsque je parviens à lui faire perdre ses moyens. Ses joues rougissant légèrement sont une ode à la luxure. Son visage dur d'Alpha aux traits asiatiques est d'une beauté divine. Toute en lui m'inspire vraiment la passion. Il m'est parfois très difficile de rester concentré en sa présence. Cependant, je me force à ne rien laisser paraître de peur de gâcher ma vie dans un amour à sens unique car l'inspecteur ne semble en aucun cas être attiré, par qui que ce soit d'ailleurs. Quel gâchis...

Enfin, je me ressaisis. Nous avons convié le jeune Bêta à témoigner dans la salle de pause afin qu'il ne soit pas trop effrayé. Accompagné de son père Oméga, je les fais assoir et leur propose une infusion de Chondrus (seule boisson chaude remplaçant l'ancien thé ou café, à base d'une mousse de nos souterrains, très bon pour la santé que nous consommons régulièrement comme aurait pu le faire nos ancêtres).

« Merci d'être venus, commence AnBai. J'ai vu que vous appartenez au clan Xia, je fais parti de votre clan frère mais ceci importe peu. Sachez que vous serez sous protection policière tant que nous n'aurons pas mis la main sur le coupable, peu importe votre statut et votre clan.

- Merci Inspecteur, remercie l'Oméga l'air inquiet. Dis-leur ce que tu as vu Zaki.

Il invite son fils, visiblement très apeuré, à parler. Je tente de lui faire mon regard le plus doux possible afin de le rassurer et le détendre.

- Raconte-nous tout en détail s'il-te-plaît.

- Hier matin je suis sorti pour me promener, comme tous les matins, j'aime beaucoup observer le soleil se lever en même temps que les tourbillons de sable qui s'écrasent sur notre dôme à cause des rafales. J'aimerais être dessinateur, j'ai promis à mon père Alpha sur son lit de mort que je réaliserai mon rêve et je veux y parvenir.

Il fait une pause, retenant quelques sanglots. Son père Oméga semble aussi très ému de ses révélations.

- Je prends parfois des photos que je redessine en rentrant à la maison, et d'autres fois je dessine sur place. Ce matin-là j'ai pris mon appareil photos.

- Nous vous l'avons apporté afin que vous puissiez tirer les photos et peut-être trouver des indices qui vous éclairerons, explique l'Oméga en sortant un très vieil argentique de son sac.

- Parfais, je vais prévenir le labo une fois votre déposition terminée, acquiesce AnBai. Continue de nous raconter.

- J'ai donc pris plusieurs photos des tourbillons et en baissant les yeux, j'ai remarqué une silhouette à environ vingt mètres de moi. Je n'ai pas bien vu son visage, il portait un masque chirurgical et une veste à capuche mais c'est ce qu'il transportait qui a attiré mon attention et aussi sa façon de se déplacer, comme s'il était en lévitation. Il portait une espèce de hotte, un peu comme dans les anciens contes qui parlaient du Père Noël. Elle était très grande. Comme ce n'est pas le genre de choses que l'on voit tous les jours, j'ai pris plusieurs clichés et davantage lorsqu'il a déballé le contenu.

Il fait une nouvelle pause, buvant une gorgée de Chondrus. Puis nous regarde tour à tour dans les yeux l'Inspecteur et moi. Il fait peine à voir.

- Avec une force incroyable, il a sorti un premier corps de la hotte, le déposant au sol sans douceur. Il a fait la même chose une deuxième fois. J'ai pris les photos et me suis accroupi derrière un banc pour ne pas qu'il me voit. En me redressant, il n'y avait plus personne à part les deux corps. J'ai immédiatement tenté de téléphoner à la police mais un homme qui faisait son footing m'a dit qu'il s'en chargeait et m'a demandé de rester à proximité. Seulement, j'avais peur que le Père Noël me retrouve alors j'ai pris la fuite quand la foule a commencé à arriver.