Dara Anbai

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Pieds nus dans une ruelle sombre... Un vêtement blanc taché ne me couvre que partiellement, pourtant je n'ai pas froid... Je souffre, je sens mes joues mouillées de larmes... J'ai peur... Je sais que quelqu'un me poursuit et j'essaie tant bien que mal de lui échapper. Un homme s'approche, c'est mon père adoptif, il me prend dans ses bras et me dit que tout est fini, que je suis en sécurité maintenant... Sa chaleur m'entoure mais la peur reste ancrée en moi. Le monsieur qui m'a retenu prisonnier n'est pas loin, je le sais...

La sonnerie de mon téléphone me sort immédiatement de mon cauchemar, ou plutôt de mon souvenir...

- Inspecteur An Bai, ici Finnley. Pardon de vous réveiller Monsieur mais vous devez impérativement venir sur une scène de crime assez anormale...

- J'arrive tout de suite Finnley, dis-je en raccrochant et sortant du lit.

Je n'ai dormi que trois heures. Je vais être de très mauvaise humeur aujourd'hui, encore pire que d'habitude ! Les gars n'ont pas intérêt de moufter, ou de faire le moindre faux-pas sinon je les bouffe tout cru !

Jetant un regard dans la glace, après avoir passé de l'eau froide sur mon visage, les cernes sous mes yeux accentuent ma trentième année. Je m'essuie puis passe un pantalon, un T-shirt et une veste noire. Je n'ai pas le temps de manger, je verrai plus tard. Si Finnley a décrit la scène comme étant anormale c'est que ce doit être quelque chose.

Remontant les étages de mon immeuble et sortant de mon quartier, je parviens à attraper le train du milieu de nuit. Finnley m'envoie les coordonnées par message. Il s'agit d'un quartier des affaires, au centre de la métropole. Le crime n'a, normalement, pas dû passer inaperçu...

Arrivé sur place, je passe la banderole que me soulève l'un de nos derniers bleus.

Finnley toujours aussi dynamique me fait un topo du crime, pour autant, je ne l'écoute que d'une oreille. Tant que je n'ai pas observé la scène moi-même, je ne peux pas me laisser polluer par les informations de mes hommes.

La ruelle est peu éclairée. La sensation de déjà-vu m'envahit. Non, il ne faut pas, je ne dois pas faire de crise maintenant.

Serrant les dents et les poings, je m'approche des deux cadavres. Séparés d'environ trois mètres l'un de l'autre, je constate qu'il s'agit d'enfants. L'un porte une blouse marron, tâchée de sang, il a les yeux encore ouverts et sa bouche est tordue en une moue de douleur. Il est allongé sur le côté, ses cheveux longs poisseux, collent au bitume et à son visage. Quant à l'autre, sur le dos, un caleçon à moitié déchiré, laissant distinguer une énorme plaie infectée au bas de son ventre. Au vu de la finesse de leurs corps et de leurs visages, il s'agit de deux Omégas.

- Inspecteur, vous avez remarqué quelque chose ? demande Finnley toujours aussi énergique.

- Arrête de gesticuler, pour commencer, ça m'aidera à me concentrer !

- Oh pardon... couine le Bêta avant de noter quelque-chose dans son calepin.

- Recouvrez-les, j'ai fini d'observer les corps. Emmenez-les à la morgue et dites à Malongy de se bouger les fesses pour me trouver ce que l'on subit ces gosses ! Et s'il n'est pas réveillé harcelez-le !

- Je suis là ! s'exclame le concerné en passant devant moi. Je vois que vous vous êtes levé du bon pied Inspecteur, pour changer !

- Cessez de faire du sarcasme et mettez-vous au boulot !

- Emmenons ses pauvres enfants Saadja, découvrons ce qui leur est arrivé...

- Bien Docteur, acquiesce le bras droit avant de poser les corps dans des housses.

Passé tumultueux d'un AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant