Passé tumultueux d'un Alpha

Dara AnBai

Je n'aime pas du tout ce blanc-bec de directeur. Il n'a pas arrêté de me fixer tout le long de la réunion. À aucun moment je n'ai senti qu'il écoutait ou qu'il était réellement impliqué dans l'enquête.

Mon père a eu une idée pourrie de le convier. Je n'ai pas besoin d'un boulet pareil dans mes pattes, j'ai suffisamment à faire comme ça !

C'est très fâché que je quitte le bureau tard dans la soirée. Elyoe m'a proposé d'aller dans un bar qu'il chérit particulièrement. N'ayant aucune envie de boire ou de passer plus de temps avec lui, j'ai immédiatement décliné.

Un mal de crâne et des souvenirs ressurgissent au moment où j'arrive dans mon appartement. Une douche et un antidouleur m'apaisent un peu. Lorsque je me mets au lit les souvenirs reviennent en boucle dans mon esprit, m'empêchant de m'endormir.

Toujours cette ruelle sombre et froide. L'odeur du bitume et surtout de la mort, m'entourent.

Je respire profondément afin de chasser ces douloureuses pensées.

Je pense que j'ai fini par m'endormir car la sonnerie de mon téléphone me réveille. Cette fois il est six heures du matin.

« AnBai j'écoute...

- Ici Finnley Inspecteur, dit-il d'une voix mal à l'aise. Vous n'allez pas apprécier, un Bêta vient de trouver deux nouveaux corps dans une rue, à côté du commissariat cette fois.

- J'arrive tout de suite, faites le nécessaire pour que personne n'accède àla scène.

- Bien Monsieur, répond-il avant de raccrocher. »

Je me dépêche de prendre mes pastilles et quitte mon domicile.

Le directeur est déjà sur place, m'irritant au plus au point alors qu'il n'a même pas ouvert la bouche. Je me doute que Finnley lui a téléphoné, je m'en serais bien passé, encore une fois.

« Bonjour Inspecteur Anbai, dit-il poliment avec un grand sourire faux.

- Bonjour Directeur Elyoe, évitez de piétiner la scène de crime avec vossales pattes et laissez-moi faire mon boulot !

- Je vais bien, merci de me le demander, ironise-t-il. Si je peux mepermettre-

- Je me fiche de ce que vous allez dire. je le coupe. Nous avons un meurtrier à retrouver.

- Eh bien, je me permets quand même de vous dire que j'ai suffisammentd'expérience en la matière pour ne pas piétiner des preuves comme un bleu. Alors cessez de vous comporter de la sorte et peut-être que nous résoudrons cette affaire plus vite que prévu et malgré votre sale caractère ! s'énerve-t-il tout à coup. »

Je le laisse rougir de colère et ne dis plus rien. Que dire à un Alpha aussi instable...

Je le vois prendre des photos. J'espère que ce n'est pas pour nourrir les journaux...

Je décide de faire comme s'il n'existait pas et me penche sur la scène. J'analyse la moindre parcelle.

Rien de rien ! Comme la première scène. À la différence, qu'il s'agit d'un jeune Alpha et d'un Oméga.

Le psychopathe ne s'en prend pas donc seulement aux Omégas mais aussi aux Alphas. Cela va faire grand bruit au sein du gouvernement.

Le médecin légiste arrive et emporte les corps.

« Je vous ferais un rapport dès aujourd'hui, cette enquête est prioritaire, me prévient-il.

- Directeur Elyoe ? je l'appelle en essayant de ravaler mon agacement au mieux. Nous devons nous rendre au commissariat immédiatement pour continuer à élucider cette enquête. Je vous propose de venir avec moi, sauf si vous préférez vaquer à vos occupations ?

- Je vous remercie mais je préfère suivre Finnley, je crains que votre mauvaise humeur ne déteigne trop sur moi, me répond-il sèchement.

- Comme il vous plaira, dis-je sarcastique. »

Nous montons chacun dans un véhicule en direction du Central.

Réunis autour de la table de réunion, je débriefe sur le peu d'indice et le rapport de la veille du légiste.

Finnley nous explique que le foyer des Omégas a signalé il y a plusieurs mois des disparitions.

« Seulement, ajoute-t-il les poings serrés, le petit commissariat de leur quartier n'a jamais réellement enquêté, estimant ces disparitions peu inquiétantes comme tous ces Omégas étaient sur le point d'être majeurs.

- Nous voilà bien... je soupire désespéré. Mettez-moi le foyer sous surveillance si ce n'est pas déjà fait et contactez le préfet. Ce commissariat doit répondre de sa passivité, quitte à ce qu'il yait quelques mises à pied pour montrer l'exemple.

- Bien Inspecteur, s'exécute un jeune policier.

- Pour ce qui est de l'orphelinat Alpha, le commissariat du quartier sud nous avait signalé leur disparition il y a seulement deux semaines. Il manque trois Alphas à l'appel, nos confrères sont sur le coup depuis et n'ont rien trouvé.

- Nous prenons la relève Finnley, et j'exige que s'ils ont trouvé le moindre indice, ils nous en fassent part immédiatement.

- Bien Monsieur, répond-il en tapant sur son téléphone.

- Pour ce qui est du dossier du massacre de l'orphelinat de l'année quatremille dix, qu'avez-vous trouvé les bleus et toi ?

- À vrai dire, pas grand chose, angoisse Finnley.

Je commence à m'impatienter, son stress m'agace au plus haut point...

- Je sens qu'il y a un 'mais', accouche !

- Nous avons revu toutes les listes des noms des orphelins. Tous les morts avaient été répertoriés mais là encore, nous avons pu remarquerque quatre enfants manquaient lors de l'identification des corps. En relisant le dossier, j'ai trouvé que quelques mois plus tard, trois corps d'Alpha ont été retrouvés dans une ruelle, exactement comme ceux d'hier et de ce matin.

- Très bon boulot Finnley, je vois que tu t'améliores. Néanmoins il manque un gosse encore, non ? A-t-il été retrouvé ?

- Eh bien, c'est là que l'affaire se complique et je crains que ce ne soit pas agréable à entendre...

- Ne me fais pas regretter mes compliments !

- Non, non Inspecteur... Euh, dans la liste des enfants manquants, un prénom m'a sauté aux yeux...

- Alors, abrège non de non !

- Dara, il y avait écrit Dara, Inspecteur... Il semblerait que vous soyez le seul survivant du massacre... bégaye-t-il. »

Je regarde autour de moi. Le directeur Elyoe s'est redressé sur son fauteuil. Tous les autres flics présents me fixent et Finnley ne semble plus où savoir se mettre.

C'est alors qu'une sensation désagréable m'envahit et une douleur me transperce les tempes. Je vois un voile blanc et c'est le trou noir.