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Un jour la larme dit au sourire: "Je t'envie parce que toi tu es toujours heureux."
Le sourire lui répond: "Détrompe toi, tu sais bien souvent, je n'existe que pour mieux cacher ta douleur"

Le jour à désormais prit place dans cette pièce étouffante. La chaleur du mois d'août prend déjà possession de mon corps, alimentant cette sensation d'oppression constante.
Encore une nuit passée auprès de mes démons, encore une nuit où seule mes sanglots brisaient ce silence pesant, encore une nuit passée sans lui.
En cette chaude journée j'ai promis à ma plus fidèle amie, Iléa, de la passer à ces côtés munies de mon plus beau masque, mon sourire. J'aimerais lui hurler ma douleur, lui livrer mes peurs et ainsi apaiser mon cœur mais je lui ai promis que quoi qu'il arrive je vivrais ma vie comme il aurait vécu la sienne. Et puis je ne suis pas la seule âme en peine dans l'histoire, eux aussi ont perdu un être chers, eux aussi apprennent à vivre sans lui. Je me suis longtemps sentie égoïste de m'effondrer devant mes plus fidèles amis, sans penser à leur propre douleur. Mais lorsque nous ressentons une douleur aussi profonde, est-il réellement judicieux de penser au malheur des autres? Est-il judicieux de s'ajouter une énième raison de culpabiliser? Est-il judicieux d'enfouir au plus profond de soi ses peurs, doutes, et maux ?
Je suis consciente d'être hypocrite avec ceux que j'aime, je suis consciente que ce sourire finira par s'effondrer lorsque mon cœur ne se sentira plus capable de faire face à des scènes de joies. Et même si j'ai passé ses six derniers mois auprès de mes proches, le seul moment où je me suis sentie vivre était seulement lorsque mes malheurs revenaient faire surface. Il n'y a que quand j'ai mal que je me sens vivre un peu. La douleur est la seule à me faire ressentir des émotions, l'angoisse et maintenant la seule à faire palpiter mon cœur, mes larmes sont les seules à caresser mes joues, la culpabilité est la seule à me retourner le ventre. Les palpitations,  les caresses, les sensations dans mon ventre étaient auparavant ce qui me faisait sentir être aimée, désirée.
Voilà maintenant deux ans que tu es partis, toi que je définissais comme étant un ange tombé du ciel lorsque tu es apparu dans ma vie, tu es partis trop tôt rejoindre ce ciel rosé par la lueur du soleil reflétant ta peau bleutée.

L'eau chaude sur ma peau tente d'effacer ce poids sur mes épaules, ses larmes sur mes joues, ces marques sur mes poignets. Lorsque je sors de cet endroit étroit, la triste réalité refait surface, la douleur sur mes épaules se fait plus lourde, mon souffle plus court . Une énième crise d'angoisse, comme chaque matin, cette même impression que l'angoisse finira par m'emporter une bonne fois pour toutes.
Assise sur le canapé du salon, ce canapé  qu'il avait tant désiré avoir, ce canapé que j'ai toujours trouvé hideux et qui en plus m'avait valu de vendre un rein tellement il était cher, me fait sentir sa présence, entendre son rire, voir son sourire moqueur lorsque je ne pouvais m'empêcher de pleurer lorsque je regardais un film à l'eau de rose. Ce canapé hideux mais qui me remémorait les plus beaux moments passés à ses côtés.
C'est le bruit incessant de la sonnette qui me fît malheureusement retourner à la réalité, après un léger coup d'œil au miroir, priant pour que mes cernes ne soient pas trop apparantes, je me munis de mon plus sourire, ouvrant la porte à une jeune fille pleine de vie avec un sourire éclatant que j'enviais tant.

Cette journée était bien moins éprouvante que je le pensais. Voir Iléa pouvait me faire que du bien et je dois avouer qu'après avoir bu mes trois mojitos, mes angoisses avaient définitivement disparu! Entendre mon amie parler de sa nouvelle conquête avec des étoiles dans les yeux me faisait extrêmement rire! Sa maladresse était apparemment ce qui a directement plus chez cet homme, comme quoi, renverser un café sur son client pouvait avoir un aspect bénéfique...
Après avoir passé toute notre journée ensemble, nous avons dû nous dire au revoir, venant donc l'heure de dire bonjour à mes angoisses. Je donnerais beaucoup pour pouvoir passer une journée et une nuit entière en étant en paix avec moi-même mais apparemment l'univers ne doit pas être en accord avec mes demandes. Dès que Iléa a quitté mon appartement, mon ventre s'est resserré comme un étau m'immobilisant pendant plusieurs heures sur mon canapé. C'est le regard dans le vide, et les mains tremblantes  que ses gémissements de douleur se mirent à résonner dans mon crâne.

Le bruit d'un crissement de pneus me fît tourner la tête et une vision d'horreur s'offrait à moi, il était , coucher sur cette route, sa tête était tournée dans ma direction, ses yeux sans émotions me fixaient et c'est à ce moment que les larmes se sont mises à couler, que ma voix s'est brisée sous mon hurlement. Des bras essayaient de me retenir mais prise d'une certaine force, je me suis vite retrouvée à ses côtés, lui murmurant de ne pas lâcher et que tout allait bien aller.
En cette soirée du 22 juin 2016, une âme avait quitté un corps laissant une autre dans une profonde souffrance.
"Et quand deux étoiles sont trop proches et que l'une d'entre elles explose, il arrive qu'elle condamne l'autre étoile à errer sans trajectoire dans l'univers, on les appelle les étoiles vagabondes" Nekfeu

Peu importe le temps que cela prendra, moi une des innombrables étoiles vagabondes, je me relèverai, car moi Démée Suarez je me suis juré de toujours tenir mes promesses.
Alors aujourd'hui peu importe si mes démons tenteront de me repousser loin du bonheur, je vais comme il l'aurait voulu, aller de l'avant, rire, sourire tout simplement vivre comme celui que j'aime tant me l'a apprit.

Voilà le premier vrai chapitre de l'histoire.
Celui-ci vous présente notre première âme en peine qui essaie tant bien que mal de s'en sortir.
Et qu'en est-il de la deuxième ?

Le Semblable De Nos Âmes Perdues [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant