IV

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- Au fait gros, tu as décidé d'être un clochard aujourd'hui ? Non parcequ'on vient très clairement de sortir en ville avec un gars les cheveux tout collés et un tee-shirt aussi crade que le cul d'un vieux !

- On m'a renversé du café dessus tout à l'heure et en rentrant je me suis endormis. C'était avec un ton las que je lui avais répondu et je savais pertinemment que j'allais avoir le droit à un interrogatoire complet de la part des deux frères après ma déclaration.

- Attends quoi? Mais qui ? Comment ? Quand? Où? Tu nous caches des choses maintenant kenou? Me dit Maël sans manquer de se foutre de moi avec ce prénom ridicule qu'elle avait pour habitude de me donner.

C'est comme ça que je leur ai raconté ma rencontre avec madame je jette des cafés sur les gens quand je ne suis pas contente et je remercie infiniment la femme qui fait tourner la tête de mon petit Maël en ce moment puisque je me suis pris aucune remarque dans la tronche grâce à mon frère de cœur qui nous raconte pour la énième fois sa rencontre avec sa chère et tendre, la serveuse qui renverse des cafés sur les clients qu'elle trouve beau gosse. Depuis que cette femme est entrée dans sa vie Maël était redevenu le jeune homme d'avant, souriant, blagueur et surtout pipelet ! Après sa disparition, mon ami s'est renfermé dans un mutisme profond, ne nous montrant aucune émotion jusqu'au jour où sa peine l'a submergé et qu'il a malheureusement explosé sa rage contre tout le monde, laissant place à une longue période de tension autour de nous. Ça me faisait vraiment plaisir de voir les deux frères aller de l'avant et essayer de retrouver leurs vies d'avant.
Je suis pris d'une certaine jalousie envers mes plus fidèles amis et je sais combien cela peut paraître malsain mais comment arrivent-ils à passer au-delà de la douleur de sa perte ? Comment peuvent-ils se lever chaque matin le sourire aux lèvres alors que notre soleil a disparu? Bordel mais qu'est-ce que tu ferais toi à ma place hein? Toi qui arrivais toujours à relativiser, à blaguer même dans les pires moments. Toi qui t'es relevée avec tellement de bravoure après chaque épreuves passées.
J'aurais aimé prendre ta place, j'aurais aimé être celui qui perd la vie.
Je veux être comme eux! Je veux retrouver mon souffle, me débarrasser de ce poids si lourd qui pèse sur mes épaules, pouvoir esquisser un sourire vraiment sincère et non pas un sans émotion qui est présent sur mon visage seulement pour rassurer mes proches.
J'ai essayé d'écrire notre histoire, toi qui voulais absolument que je te dédicace un de mes romans. Pourtant, chaque lignes écrites paraissaient irréelles comme si j'écrivais un compte de fée pour les adolescentes en quête  du prince charmant.
C'est vrai que notre rencontre était digne d'un film à l'eau de rose, deux inconnus sur le pont de la Concorde, un essayant désespérément de trouver l'inspiration et une fuyant les conflits avec ses parents, grande rebelle qu'elle était, qui finissent par se raconter leur vie sans aucune retenue jusqu'à l'aube. Sauf que la différence entre les comptes de fée et notre histoire c'est que la notre ne finira jamais par "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants."
Non notre fin à nous sonnerait plus comme un "De leurs yeux on lisait de la haine alors que sans la savoir, ils se disaient adieu". Rien de joyeux, de magique, pas un brin d'espoir pour la jeune fille qui vient de se faire briser le cœur et qui espère trouver du réconfort dans sa lecture.

- BUUUUUUUUT! La voix d'Eden me sort soudainement de mes pensées, le match avait commencé, sans que je m'en aperçoive, depuis vingt minutes.
J'ai toujours été un garçon rêveur, toujours entrain d'imaginer des histoires, me renfermant dans ma bulle. Sauf que depuis deux ans je n'imagines plus rien, je revis des moments passés, mes histoires ne sont plus féeriques ou fantastiques, elles sont maintenant des polars, extrêmement noires et déprimantes.

- Arrête de constamment penser à elle. Tu te détruis. Et c'est n'est pas un te lamentant sur ton sort que tu la feras revenir ! Elle est est plus là! Elle ne reviendra plus ! Alors maintenant tu te reprends en main parceque c'est toi-même qui l'a dis "il y a bien pire que ton petit malheur dans le monde !". Le ton d'Éden était sec, son regard s'était assombri, si je ne le connaissais pas si bien j'aurais juré qu'il allait me mettre une droite mais je connais mon ami, je sais pertinemment que ça le tue de me voir dans cet état et de n'être qu'un spectateur. Il sait qu'il ne pourra jamais enlever ma peine mais il sait aussi que ses mots ont toujours eu un énorme impact sur moi, car il est le grand frère que je n'ai jamais eu et on écoute toujours son grand frère.
Le fait qu'il réutilise les paroles que j'ai lancer au visage de cette femme ce matin, me fait prendre conscience que j'ai été idiot et méchant avec elle. Cette femme pleurait pour une raison qui m'était inconnue et je l'ai rabaissé une fois de plus sans chercher à comprendre sa peine. J'ai été le plus gros hypocrite en lui balançant ces mots et je suis sûr que j'ai ressenti la même chose qu'elle dans mon cœur lorsque mon ami m'a dit cette phrase. Car c'est vrai il y a pire que mon malheur dans ce monde mais lorsque ma culpabilité prend le dessus plus rien ne compte.

Maël qui normalement lance toujours une blague pour détendre l'atmosphère se plonge dans un mutisme tout en nous fixant son frère et moi. Je sais pertinemment qu'il ne pense pas moins que son aîné et que lui aussi souhaiterait me sortir la tête de l'eau mais cela me paraît plus qu'impossible. Voilà une belle scène qui se présentait devant nous, deux frères le regard sévère qui regardent leur ami depuis l'enfance le regard dans le vide ayant peur de leur faire face, peur de faire face à la réalité, celle de comprendre qu'elle ne reviendra plus et qu'il est inutile de rester plongé dans ce tourbillon d'angoisse, de culpabilité et de chagrin éternellement.
Désormais il faut baisser les armes et c'est ce que j'ai faits à la seconde ou mon regard a croisé celui d'Éden et que pour la première fois je m'effondre en larmes dans ses bras.

-Elle me manque...

Voilà le quatrième chapitre !!
Bon j'avoue que c'est toujours pas la joie mais je vous rassure que les deux loulous vont commencé à aller de l'avant!
En attendant ce chapitre me plaît particulièrement car il montre bien que les hommes aussi ont des faiblesses malgré les grands clichés de la société :)
Bref, j'espère que ce chapitre vous a plus et bien sûr n'hésitez à me dire ce que vous en avez pensé !

Le Semblable De Nos Âmes Perdues [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant