Gleams Of Souls

Tonne sur moi (Jungkook / Jikook)

En grandissant, certaines personnes ont pris ma transparence pour acquise et pensent tout savoir de moi. C'est compréhensible. C'est même intentionnel. J'ai appris à me protéger ainsi, petit à petit. On pense me connaître et cela m'offre un espace de liberté inestimable.

Mais venant d'eux, de mes « frères », je ne peux m'empêcher d'être déçu. Rester à la surface des choses. Quand on a tout partagé. Vraiment tout.

Jimin est celui qui m'a le plus déçu. J'attendais probablement trop de lui. Ou je ne l'avais pas bien compris.

Hobi hyung m'a dit que nous ne devrions jamais compter sur les autres pour nous deviner. C'était un bon point. Il m'a raconté qu'il se débattait lui aussi à ce propos. Je l'ai écouté, comme je peux le faire, en m'enroulant tout autour de lui. Le tenir dans mes bras m'a toujours rasséréné. J'ai pensé qu'il avait probablement raison. Mais j'ai pensé aussi qu'il s'en sortirait mieux que moi.

En vieillissant et en commençant à réfléchir davantage à ma vie, j'ai l'impression que je ne partage pas assez avec les personnes qui me sont chères.

C'est tellement difficile pour moi de passer par l'étape des mots. J'envie tellement Namjoon hyung d'avoir cette dextérité. J'envie tellement Hobi qui sait montrer à quel point il aime les autres...

*

Cette année, j'ai vécu le pire anniversaire de ma vie.

En acceptant de le suivre à Busan, je m'étais au contraire figuré qu'il n'y aurait pas plus tendre que de le passer avec lui, chez nous, au bord de la mer.

Il l'a complètement oublié. C'était la première fois ! Jamais, jamais, je n'avais passé un anniversaire depuis que nous nous connaissions sans qu'il ne me le souhaite ou me fasse la fête.

"Et si c'était un signe ? Et s'il était en train de s'éloigner de moi ?"

Voilà ce que je m'étais dit dans la voiture en serrant les dents alors qu'il m'avouait sa nuit dont il avait honte.

Je ne voulais pas qu'il s'éloigne de moi.

J'étais le Soleil. Il était la Lune. Cela ne pouvait être autrement. Alors, j'ai ouvert mon cœur, cherché les mots, moi qui ne leur fais pas confiance, pour me trouver face à un Jimin ravagé par je-ne-sais-quoi, muet comme une carpe et plus immobile que le caillou sur lequel il était figé.

Cette nuit-là, sur ce rocher, j'ai cru que j'avais réussi à dépasser mes peurs, à arracher les mots qui me pesaient. J'ai dû mal les choisir, mal les transmettre.

Je ne sais pas, en réalité, ce qu'il a bien pu penser de mon aveu. Les gens sont un mystère pour moi. Même lui, parfois.

Si seulement les mots suffisaient.

Vous savez, j'ai fui, ce soir-là. J'ai failli attendre qu'il me saute dans les bras comme il le fait toujours et qu'il plante son nez dans mon cou. Mais j'ai eu peur que, ça non plus, il ne le fasse pas, cette fois.

Je doutais de moi et de ses sentiments et pourtant j'avais été confiant. Totalement illogique !

Alors, quand il est resté figé comme un petit caillou sur cette grosse pierre, j'ai fui. Je suis un lâche.

Je ne partageais pas assez avec les autres.

Surtout avec Jimin. Contrairement à lui. Il se donnait tout entier, tout le temps.

Il disait que c'était moi qui aimais jusqu'à me briser. C'est ce que je disais de moi aussi.

La vérité, c'est, qu'au moins dans les relations amoureuses, je me lançais tête baissée. Oui, peut-être que je me donnais à fond. Mais ce qui me détruisait, au final, c'est quand l'autre s'apercevait qu'il n'était pas assez pour moi, ou trop, ou tout simplement pas lui... A chaque fois, j'y croyais. Je croyais, à chaque fois, que je pouvais aller de l'avant et aimer quelqu'un d'autre. La chute était toujours terrible.