"Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable."
- Blazac, Les Fleurs du Mal, La Destruction CIX
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"Ta mère est passée nous voir il y a quelques jours.. Elle voulait prendre tes affaires. Je te laisse imaginer la réaction que j'ai eu. Je sais que c'est ta mère, mais je ne peux pas faire semblant. Je ne peux pas lui pardonner, comme toi tu ne pouvais pas lui pardonner non plus. J'espère que tu n'y penses plus là où tu es. Ne pense à rien, Aliyah. Ne pense à rien de ce monde, mais ne m'oublis pas. Parce que moi, je ne t'oublierais pas. Jamais."
Je me sentais vide, inutile. Je n'étais qu'un vulgaire objet, regardant la scène sans pouvoir intervenir. Je voyais Aliyah se disputer au loin avec sa mère, et je savais qu'elles se disputaient à mon propos. Les regards haineux de sa mère ne m'impressionnaient guère, mais je n'aimais pas voir Aliyah se mettre à dos la seule famille qu'elle avait.
"Ca te regarde pas, maman !"
"Je vais tout faire pour te reprendre et tu ne verras plus jamais ce bon à rien !"
"Crèves, je reviendrais jamais avec t-"
Aliyah subitement son souffle, la main contre sa joue rouge. L'expression de sa mère n'était que neutre, ne regrettant aucunement d'avoir levé la main sur sa fille. Et je ne pouvais plus rester ici sans rien faire.
"Hey !"
Une rage montait en moi pendant que je me dirigeais vers elles, le pas rapide.
"Ne t'approches pas de moi, espèce de vaurien."
"Ne levez plus jamais la main sur elle."
"Après ce soir là, tu ne m'a pas appelé pendant 3 jours à peu près.. Je ne sais pas ce qui me retenait de t'appeler. J'avais l'impression que la seule chose qui nous restait c'était ce petit appareil. J'ai essayé de m'y faire, de me dire que tu ne m'appartenais pas, que je ne pouvais pas vivre avec toi à mes côtés toute ma vie. Mais je n'y arrivais pas. Mr Carraway n'aimait pas te voir au foyer, alors il te plaçait en famille dès qu'il le pouvait. Il disait que tu valais mieux que ça. Il le dit encore. Tu ne venais plus nous rendre visite, et ça me brisait le coeur de me rendre compte que tu avais l'air d'aller très bien sans moi. C'est égoïste, je le sais. Mais j'avais besoin de ta présence.. Encore aujourd'hui même si tu n'es plus là. La lumière du couloir suffit à éclairer ma chambre. Plus tôt dans la journée, j'étais allongé sur le dos, à observer cette peinture que toi et moi avions faite et accroché au plafond. Un ciel étoilé. Je me demande encore comment tu t'es débrouillée pour la peindre aussi bien. Et tu me disais que .."
"Tant que ça vient du coeur, tout ce que tu feras sera magnifique."
Un sourire fit son chemin sur mes lèvres. Elle avait de la peinture noire sur la joue, et les quelques mèches de ses cheveux attachés en chignon tombaient autour de son mince visage. Elle avait des pommettes et des étoiles dans les yeux. J'étais fier d'elle. Extrêmement fier.
"Regardes ça." elle fit un mouvement vers la peinture "on a assuré ! Non ?"
Elle se tourna vers moi, toujours ce scintillement dans le regard.
"C'est parfait."
Je n'avais pas détaché mes yeux d'elle. Et je ne savais à ce moment si je parlais du tableau ou d'elle. Elle souffla faiblement sur la mèche qui tomba devant ses yeux et enleva précipitamment son tablier pour courir appeler Travie et les autres. Puis je fis voler mon regard jusque sur la toile. La couche n'était pas parfaitement noire, et il y avait quelques taches par ci par là. Il n'était pas parfait. Alors je parlais d'elle.
"Je me rappelle l'avoir accroché dans ta chambre parce que tu aimais les étoiles. Tu me disais qu'elles étaient tes amis, et que j'étais une d'entre elles. Plusieurs jours après ta fugue, j'ai essayé de t'appeler mais tu ne répondais pas.. Alors j'ai voulu venir te voir, là bas. "
Je marchais rapidement, pressé de la revoir. Et arrivé devant la maison, je frappais sans hésitation. Il m'ouvrit, le regard vide et l'aura maudissant mon arrivée.
"Bonjour, je suis venu voir Aliyah."
"Elle n'est pas là."
Puis il referma. Et un grand vide s'en prit à moi. Je me sentis soudainement abandonné. Je restais là, sans savoir quoi faire. Puis j'ai traîné dans la ville comme une âme. Il faisait déjà nuit, les rues étaient désertes. Je traînais près des centres, je passais les ponts, tournais en rond pendant un moment. Seul. Je ne sais pas vraiment pourquoi je m'attardais dehors. J'avais sûrement besoin de prendre du recul pour me rendre compte de la réalité. Fuis moi je te suis, suis moi je te fuis. C'est exactement ça.
Le dernier coup de froid me frappa au visage, puis il devint plus doux, plus calme. Il devait être vers les 23 heures. La pluie était vraiment faible, et la ville reposait dans un silence de mort. Comme si ce soir là, elle avait perdu tout espoir et s'était résigné à se taire. Puis j'ai pris mon téléphone, et j'ai composé son numéro. Et je l'ai appelée..
"Aiden ?"
"Les quelques fois où j'en parle avec les autres, ils me disent qu'ils sont déçus pour moi. Ils ne devraient pas être tristes pour moi. Moi je vis. Je respire. Ils devraient l'être pour toi comme je le suis. Je vais bien. Toi tu n'es plus là."
"Le souvenir est le parfum de l'âme." - Paul Eluard
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Romance« Une seule nuit. Une nuit entière pour me remémorer tout les moments passés avec toi. Une nuit pour être sûr que tout ça n'était pas qu'un foutu rêve. » Inspiré d'une histoire vraie. Copyright @ZaynsCxre Mars 2015