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"Maintenant je dois y aller. Saches que je ne t'oublierais jamais. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé. Tu as éclairé beaucoup d'endroits sombres dans ma vie, tu as donné cette touche de couleur dont chaque être humain a besoin pour être heureux. Et je t'en remercie. Tu m'as changé. Je t'aime.

- Aiden."

Le jeune homme ramassa ses feuilles et y jeta un dernier coup d'oeil. L'encre bavait de partout, mais qu'importe. Dans un élan de remord et de colère, une dernière larme roula le long de sa joue, emportant avec elle les derniers sentiments qu'il pouvait éprouver. En une nuit, il avait eu le temps de réécrire sa vie, et d'y donner un sens. Une lettre sans fin, pourtant banale, mais qui regorgeait d'émotions. Il ferma un moment ses paupières quand soudain quelqu'un toqua à la porte.

"T'es réveillé.."

Le jeune homme baissa la tête.

"On va y aller, ta cellule sera prête à 6h30. Sois prêt pour 6h."

L'homme referma la porte face au manque de réaction d'Aiden. Que devait-il faire ? Hurler de joie ? Il allait passer 45 ans de sa vie entre quatre murs plus pâle qu'un mort. Serait-ce là son dernier sort ? Il semble que oui. Le jeune homme se leva de sa chaise, une douleur dans le dos causée par le fait d'être resté assis ici toute la nuit. Il empoigna sa longue lettre et la serra contre son cœur comme s'il serrait une dernière fois la fille de ses rêves partie trop tôt. La douleur était là, bien présente. L'homme de tantôt toqua encore à la porte, lui demandant de se préparer rapidement de l'autre côté de la cloison. Aiden resta un moment sans rien faire. Il réfléchissait, regardait autour de lui. Son regard s'arrêta sur la fenêtre. Cette fenêtre, où il passait les plus clairs de ses nuits à lui parler à travers son téléphone. Il attrapa un briquet et s'y rendit. La fenêtre était assez basse pour s'y asseoir, les pieds dans le vide. Il regarda son écriture imparfaite, sa plume maladroite, relis ses premiers mots qui furent rapidement rattrapés par les flammes. Les paroles s'enflammèrent, et les feuilles s'envolèrent dans un murmure, emportant dans la fumée ses douces paroles à celle qu'il aimait. Puis il se redressa, se mit debout au bord de la fenêtre. Tout était si fragile. Un geste, et il s'écraserait six mètres plus bas. Le vent frais du matin frappait contre ses joues mouillées, lui faisant oublier l'espace d'un instant l'endroit au quel il était destiné. Cela en valait-il la peine ? Il aurait pu prendre sa revanche sur la vie et se reconstruire, mais il allait être enfermé pour meurtre. Que pouvait-il faire ? Il ferma les yeux. Dans l'obscurité, il la vit. Elle dansait autour de lui, l'appelait. Son visage pâle était souriant. Il souffrait. Terriblement. Puis, dans un mouvement, il bascula. Son corps se balança doucement, comme emporté par le vent. Il n'entendait pas les cris de l'homme, horrifié par la vision d'un corps tombant à la renverse.

"Aiden !"

Il se laissa tomber, porté par sa bien aimée qui l'accompagnait dans sa chute. Tout était muet, plus aucune sensation mise à part la sérénité. Il était bien. Puis plus rien. C'était terminé.

Il était une étoile.

Une nouvelle étoile.

"Je t'avais promis qu'on se sentirait à notre place un jour. J'ai tenu ma promesse, Aliyah. Je l'ai tenue."

-

"Les personnes mortes de suicides ne s'en vont pas au paradis ou en enfer. Elles restent coincées entre deux mondes à se demander ce qu'aurait été leur vies si elles n'avaient pas abandonné."

Stars.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant