L'Étoile Bleue - Espoir [Auto-édité]

Chapitre 3

4 ans plus tôt

Diaphara

— Armand ! C'est prêt !

Le bel oiseau dont le plumage passait du violet au bleu selon la luminosité s'envola aussi vite qu'il était arrivé. Il monta très haut dans le ciel avant de disparaître derrière les arbres.

— Tu as fait fuir un Violet-du-midi ! Je n'en reverrai sûrement jamais ! pesta le jeune garçon.

— Tu as déjà des millions de photos de tous les oiseaux qui puissent exister, dans ton catalogue ! rétorqua sa petite sœur, sautant partout dans les feuilles rutilantes. Ce n'est pas un de plus ou un de moins qui va changer le monde.

— Mais celui-ci était très rare !

La petite tête blonde s'enfuit parmi les broussailles, éclatant d'un rire pure de petite fille.
Armand se leva, non sans faire craquer les branches et bruisser les feuilles au passage. Avec des yeux ébahis et un grand sourire malgré la perte de l'oiseau, il admira la forêt qui dansait autour de lui. Même s'il y était habitué, car il se rendait dans cet endroit très régulièrement, il était toujours stupéfait de sa beauté. À l'approche de l'automne, tous les arbres perdaient leurs feuilles, qui tombaient en une valse désordonnée, charmante et envoûtante. Malgré la saison, l’air restait chaud et caressait la peau avec la même intensité qu’en été. L’hiver était la seule saison sur Diaphara où il faisait vraiment froid, le reste de l’année, le soleil remplissait sa mission à la perfection. Rien n’était jamais venu troubler ce cycle, il en avait toujours été ainsi.
Pourtant, cette beauté cela ne lui facilitait pas la tâche. Les animaux décampaient au moindre bruit et se faisaient de plus en plus rares. Bientôt, quand viendront les premières neiges, il n'y en aura presque plus aucun, jusqu'à ce que reviennent les beaux jours.
Armand détestait cette période de l'année. Il passait tout son temps, après les cours, à photographier les animaux de la forêt, en particulier les oiseaux. Depuis que ses parents lui avaient offert un tout nouvel appareil photo, il ne faisait que ça et rien d'autre. Cependant, durant l'hiver, il devait rester enfermé chez lui à cause du mauvais temps et ne pouvait même pas voir ses amis. Il tentait tout de même de trouver le meilleur de cette saison : il n'y avait aucun bruit, comme si le monde était endormi. Ainsi, les animaux les plus téméraires, bien que rares, s'approchaient plus de la maison du jeune garçon, il pouvait donc en apercevoir certains de sa chambre.
Tout le contraire de Maëlys. Elle, elle adorait faire des bonhommes de neige devant la maison et faire des dessins géants avec sa mini-voiture. Elle ne fonctionnait pas pour de vrai, bien sûr, elle avait seulement huit ans ! Elle s'amusait dans la poudre nacrée et glacée jusqu'à devenir elle-même toute blanche, sans se préoccuper des petits problèmes qui viennent s'insinuer dans la tête des plus grandes personnes, même si, sur Diaphara, ils étaient peu nombreux. L’insouciance à l’état pur.
Armand se dépêcha de rentrer. Le soleil lui chauffait le dos. Il leva de nouveau les yeux et regarda autour de lui. Comme la nature était belle ! Les grands arbres centenaires s'élevaient vers le ciel, comme attirés par les nuages. Presque tous étaient dénués de feuille. Les fleurs sauvages les plus audacieuses abritaient plein de petits animaux voulant se cacher de ce soleil d'automne. Il se reflétait sur le lac en y laissant à sa surface comme un énorme disque aux couleurs flamboyantes. Le vent faisait onduler la surface de l'eau, le disque doré s'étendait alors sur la totalité du lac qui brillait de mille feux.
Cette propriété appartenait aux Boleret depuis la nuit des temps. Elle était transmise de génération en génération depuis des millénaires. Jamais personne n'avait pensé à la modifier, la vendre ou même la démolir. Et pour cause, c'était un vrai paradis sur terre !

— Et bien, tu en as mis du temps ! le taquina sa jeune sœur.

— Mouais, j'essayais de rattraper l'oiseau que tu as fait fuir.