Entre les royaumes de Mésodae et Xidit, la paix était assurée depuis plus d'un siècle par les lois de la Concorde.
Mais Xidit avait sombré depuis 5 ans dans la guerre civile : trahisons, assassinats et massacres faisaient maintenant partie intégrante du quotidien. En cette noire époque pour un si glorieux royaume, un redoutable personnage sortit de l'ombre... Ragnor le Nécromancien, aussi appelé le Roi de la Nuit, marchait avec ses troupes maléfiques et reprenait possession de son royaume en ruines.
Á Mésodae, après avoir grondé longuement, la révolte venait d'éclater. Le roi Torstyn l'Indécis venait d'être mis à mort et les sbires de l'Usurpateur - l'actuel détenteur du pouvoir - recherchaient Margot Havenald, veuve et reine régente, ainsi que son fils Quentyn, l'héritier légitime.
En cette période de troubles, la reine Margot s'était réfugiée dans une vieille résidence secondaire de la famille Havenald. Egolas - car c'est ainsi que se nommait ce lieu de paradis - avait été choisi pour son éloignement avec Arvahall, la capitale, et le confort qu'il pouvait apporter à une femme proche de l'accouchement.
Un cri de souffrance et de déchirement mêlés venait de retentir dans le silence matinal. Une dame de compagnie sortit soudainement de la chambre de Madame.
"De l'eau chaude ! Des linges propres ! Vite ! Il arrive ! s'écria-t-elle affolée.
- Déjà ? Mais il n'était attendu que pour la semaine prochaine !" s'exclama une autre en allant chercher le nécessaire.
AHOOOOOOOO ! Les servantes se regardèrent, horrifiées par ce que pouvait signifier ce cor.
"Vous pensez à ce que je pense ? murmura-t-elle.
- Oui, malheureusement. Nous sommes condamnées. Terminons au moins notre tâche avant de mourir.
- Mourir ! Mais vous n'y pensez pas ! s'exclama la plus jeune de toutes.
- Ils sont là. Et ils vont nous tuer, il nous est impossible de leur échapper, rétorqua une autre. Alors terminons le travail.
- Soit, mieux vaut mourir en étant loyale que mourir en traître." termina l'une d'entre elles en rentrant dans la chambre, suivie des autres.
Soudain, un homme frappa à la porte des appartements royaux. Vêtu de bleu et de vert, un écusson portant les armoiries royales sur le cœur, c'était le capitaine d'Egolas.
"Laissez-moi entrer ! J'ai des nouvelles importantes ! Ils sont là ! Ils arrivent !" s'époumonait-il afin que sa voix passe le lourd panneau de bois. La porte s'ouvrit et une des servantes lui répondit :
"Et bien faites votre travail ! Relevez le pont-levis ! Préparez les archers ! Bref, retenez-les !
- Un pont-levis ? s'étrangla-t-il, Vous plaisantez ! C'est un palais de plaisance ! Comment voulez-vous contenir un ennemi quand aucune défense n'est prévue ! Je viens vous prévenir qu'ils sont déjà dans la cour ! Peut-être même dans le palais maint...Arrrrrgh..."s'étrangla-t-il lorsque la pointe d'une pique traversa sa gorge.
La porte se referma brusquement et l'on entendit cliqueter les verrous. L'assassin, un Frère Rouge à la botte de l'Usurpateur, s'approcha de l'entrée.
"Ouvrez ! Nous avons déjà pris possession de l'endroit ! Nous voulons seulement l'enfant et sa mère !
- C'est ça ! Et une fois que vous les aurez éliminés, vous vous occuperez de nous !
L'homme, démasqué, n'insista pas plus mais tenta d'enfoncer la porte. Après une dizaine de coups, celle-ci céda, laissant le passage libre aux soldats. Les traîtres entrèrent, se frayant un passage jusqu'au lit royal à coups de pique, transperçant quiconque s'opposait à eux. Arrivés au niveau du lit où Margot serrait pour la première et dernière fois son fils, l'un d'eux sortit un poignard, l'appliqua sur la gorge de celle qui avait été une des plus grandes reines que le royaume eut connu et trancha ce cou délicat. Il s'apprêtait à faire de même avec le nourrisson lorsqu'un bruit le stoppa net.
"Simon ? Tout va bien ? dit-il en se retournant.
- C'était son nom ?" lui répondit un homme tout de noir vêtu, jusqu'à son armure qui était de métal sombre, la lame de sa double épée encore suintante du sang de cet homme qu'une femme avait un jour appelé Simon.
"Tu l'as tué... Lui... murmurait le régicide, Tu vas le payer ! s'écria-t-il en se jetant, pique la première sur ce maléfique personnage.
Le combat dura peu de temps et l'homme, malgré le sursaut d'adrénaline que lui avait procuré sa colère, n'avait pu venir à bout du plus grand combattant - autant sur le plan des armes que de la magie - qui existait en ce monde. Il avait pu en revanche lui infliger une blessure sans importance au crâne, seule zone de son corps qui n'était pas couverte. Tombant au sol après le coup fatal, le Frère Rouge trouva tout de même la force de maudire son agresseur dans son dernier souffle.
S'approchant du lit, l'homme en noir voulut prendre le nouveau-né lorsqu'un violent spasme le secoua. Ses genoux le lâchèrent et il s'écroula à terre.
"Le traître... Du poison..." murmura-t-il dans ses derniers mots.
Dans un regain d'énergie, il releva le bras et prit dans sa main le médaillon accroché à son cou. Celui-ci brilla un court instant avant de s'éteindre, une ombre s'en échappant et flottant jusqu'à l'enfant dans le lit proche.
Un bruit de pas claquait dans le couloir, se faisant de plus en plus fort au fur et à mesure que l'homme qui en était à la source se rapprochait. Lorsqu'il arriva sur le seuil de la pièce, il y jeta un bref coup d'œil, comprenant d'emblée la situation. Il s'approcha du mort en noir, murmurant quelques paroles...
"Ragnor... Idiot... Je t'avais prévenu que cette mission était une mauvaise idée..."
Puis il entreprit de récupérer les affaires du mort, commença par le médaillon, s'empara aussi de l'épée, enfin il enfila l'armure. Cet homme inconnu, poussé par une vieille habitude, détroussa aussi les cadavres des Frères Rouges et des servantes. Il s'approcha du lit, prit également le nourrisson puis sortit de ce lieu de malheur, fuyant vers nulle part, réfléchissant aux possibilités qui s'offraient à lui.
Cet homme qui fuyait Egolas avait été le plus proche ami de Ragnor le Nécromancien et avait commandé à l'armée des morts. Il était instruit, aux armes comme aux mathématiques, aux sciences ou encore à la magie sous toute ses formes, des sorts de guérison des mages blancs à la nécromancie des sorciers les plus terribles. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants tremblaient à la seule mention de son nom et des cités entières étaient tombées dans le sang et les flammes sous les coups de ses soldats de ténèbres.
Pourtant, aujourd'hui, c'était lui le fuyard. Il partait sur les routes avec cet enfant étrange, ce corps possédant deux âmes, celle de Quentyn Havenald, héritier légitime du royaume de Mésodae et celle de Ragnor le Nécromancien, l'être le plus puissant qui ait jamais existé.
Il s'appelait Brandon Ténèbrelyn.
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Héritiers - VO
FantasyDans cet âge médiéval, naître noble n'est pas gage d'une vie de paix et de sécurité. Dès son plus jeune âge, Quentyn doit fuir devant la jalousie et la convoitise des hommes. Mais le sang d'un fils de roi ne peut se résoudre à cette solution sans ho...