Chapitre 7

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Il était là, le chapeau-melon débordant d'eau sur les bords, qui gouttait d'ailleurs sur ses épaules. Ses cheveux trempés étaient détachés, et sa veste était confortablement posée sur ses épaules. Ses yeux fixèrent ceux rougis de Levi. Ils semblaient étonnés, et même désolés.

" - Comment connaissiez-vous mon adresse ?

- Vous avez bonne réputation, Monsieur Ackerman. Et c'est assez rare d'avoir une si belle et grande maison en ces lieux. Je. . . On m'a dit que vous habitiez ici."

Dans sa main gauche, un livre qui semblait lourd et vieillot. Levi fit un signe de tête vers l'objet.

" - Qu'est-ce ?

- Oh ! Heum. . .( Il semblait timide, cherchant ses mots tout en bafouillant.) Hier après-midi, avant que je ne parte faire un tour, vous m'aviez dit que votre fils adorait l'Histoire. Et chez moi, j'ai une immense bibliothèque de. . ."

Levi ne l'écoutait plus. La dispute lui revint en mémoire ainsi que le claquement de porte. Tout en se pinçant les lèvres, le brun baissa la tête et coupa l'homme.

" - Hermann, je. . .Je suis désolé mais ce n'est pas le moment.

- Oh, je vois. . . C'est moi qui m'excuse, je n'aurais pas dû venir à une heure si tardive. . ."

M.Hülsen salua le père et fit mine de partir. Levi le regarda, le cœur battant la chamade. C'est le seul ami qui ne semble pas me mentir. . .

" - Hermann !

- Oui ? dit-il en se retournant rapidement.

- . . .Entrez. Vous allez choper la crève sous cette pluie."

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Levi était assis sur le fauteuil sous la fenêtre. L'homme observait la chambre, ébahi par la grande bibliothèque, le magnifique lit king-size et la décoration fidèle à leur époque. Il vit le portrait d'une femme brune sur la cheminée. Hermann le pointa en plissant des yeux.

" - Vous êtes le portrait craché de votre mère !"

C'est ce qu'il m'a dit aussi, quand je suis rentré de guerre. Levi se redressa en inspirant profondément. Hermann avait posé ses affaires mouillées sur une chaise. Le brun lui avait donné une serviette et l'avait accompagné jusqu'à sa chambre, la pièce la plus chaude de la maison.

" - Je suis désolé si je semble un peu pensif, ce soir. En ce moment, je suis débordé.

- Pas de soucis, Levi. Vous n'avez pas à vous justifier. ( Il prit un ton doux.) Je l'ai vu, quand vous m'aviez ouvert la porte. Je l'ai aperçu, cette tristesse qui ne demandait qu'à sortir."

Se frottant les mains, Levi eût un rictus au coin de ses lèvres.

" - Elle est déjà sortie, marmonna-t-il.

- Non, elle est toujours là. C'est pourquoi je suis venu avec ma cape rouge !"

Le brun reposa son regard sur lui. Il y vit toute la douceur, presque paternelle, dans ses yeux. Mais quelque chose se cachait en Hermann. Comme si un sentiment tellement puissant que Levi n'arrivait pas à discerner implorait à être découvert.

" - Je sais ce qui pourrait vous remonter le moral : un bon thé vert !"

Hermann n'attendit pas l'approbation de l'hôte qu'il était déjà parti direction la cuisine. Levi soupira. Un instant, il revit les moments réconfortants avec son mari. À l'époque, quand il faisait encore des cauchemars sur son vécu militaire, Erwin le réveillait souvent en âge et en cri. Dans ces cas-là, il le prenait dans ses bras, jusqu'à ce qu'il s'endorme. Souvent, il avait le droit à une journée entière de repos, car le blond faisait à la fois le ménage, les courses, etc. . .pour que son petit-ami puisse se divertir tranquillement. Maintenant, Erwin n'était plus là pour lui.
Les larmes recommencèrent à monter. Mais il combattit l'envie de pleurer, ravala ses larmes et prit le livre d'Histoire. Les pages défilèrent devant ses yeux fatigués.

White Rabbit | Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant