Chapitre 16

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          Isabel aimait jardiner quand elle n'arrivait pas à dormir. Cette nuit-là, la femme était dans son jardin, à planter des graines de fleurs. Des roses, plus précisément. C'étaient sa plante préférée. Elle repensa à Furlan. Lors de leur tendre enfance, il lui avait offert une rose. Isabel l'avait collé dans son ancien journal intime, comme un porte-bonheur.
          Un rictus se forma au coin de ses lèvres. Elle se redressa en baillant, soudainement fatigué.

          Soudain, un bruit sourd apparut dans le ciel, puis derrière sa maison où un champ s'étendait à perte de vue. Isabel sursauta en haletant de peur, avant de marcher en direction du bruit. Lentement, elle découvrit une zone trop couverte de fumée et de poussières pour y voir quoi que ce soit. Peu-à-peu, elle s'approcha, et vit le bout d'une aile.

          Elle haleta de surprise. La femme saisit le bas de sa robe et se précipita vers la cabine de pilotage qui commençait à se dévoiler à travers la fumée. L'odeur du gaz lui fit tousser.
          Enfin, la fenêtre s'ouvrit et un pilote s'en retira. Isabel en fût ahuri. L'homme tomba par terre, semblant étourdi.

" — Monsieur ? Vous allez bien ?"

          L'homme retira son masque et se redressa.

" — Levi ?!

— Oh, Isabel. Ça fait tellement du bien de te revoir."

          Choqué, Isabel le fixa tandis que son ami reprenait ses esprits. La femme ressera son peignoir contre elle.

" — Tu peux me dire pourquoi tu t'es écrasé avec un avion derrière ma maison à trois heures du matin ?

— C'est rien, je vais juste chercher Erwin, dit le brun.

— La prochaine fois, pense à te garer sur une piste d'atterrissage.

— Impossible. Il n'y en a pas dans le coin. Et je veux pas me faire cramer en disant que j'ai emprunté un avion jamais testé lors de la guerre froide. . ."

          Isabel roula des yeux. Elle l'invita à entrer dans son habitat. En chancelant, Levi la suivit en faisant tomber le masque d'aviation. Une fois à l'intérieur et que la lumière est allumée, le brun put voir clairement son amie. Ses yeux bleus s'écarquillèrent.

" — Tu ressembles à une mémère," dit-il.

          C'étaient ses bigoudis disposés autour de son crâne qui lui donnait cette impression. Isabel en fût très agacé, et les retira.

" — Tu parles. C'est pas moi qui boit du thé matin et soir. Sans compter tes siestes régulières !

— La ferme. T'as déjà porté des couches alors que t'avais à peine trente balais.

— Les dégâts de l'accouchement !"

          C'était au tour du brun de faire le grochon. Mais quand il se souvint de la raison pour laquelle il était retourné en France, Levi reprit toute son énergie.

" — Il faut que tu me conduises jusqu'à chez moi !

— Erwin ne peut pas venir te chercher ?

— Non, justement. Il n'est pas en sécurité. Je dois rejoindre à tout prix Hansi et le reste du groupe ! On doit faire vite.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Vite, Isabel ! ( Il saisit ses épaules et la fixe pendant quelques secondes.) Je-t'en-prie, il s'agit de mon mari."

          Son amie l'observa, surprise de voir ses yeux commencer à s'humidifier. Isabel prit ses mains dans les siennes.

" — Oui, bien sûr."

White Rabbit | Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant