1. Eluzor et Galaâd Magnus

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Ce n'était pas la première fois qu'Eluzor rêvait de cet homme défiguré à la cape noire. Dans ce monde onirique, il ressentait tout dans les moindres détails. La main froide et rugueuse de l'inconnu qui lui écrasait les doigts. La fumée qui irritait ses pupilles et l'odeur putride qui agressait ses narines. Il se tenait devant un feu de camp dont les flammes dépassaient la cime des arbres. Un homme jaillit des braises, son corps était meurtri par le feu. Il hurla, courut puis tomba au sol. Ensuite, l'homme au visage défiguré lâchait un rire à faire froid dans le dos. Pour appuyer ses mots, il se tourna vers Eluzor et le fixa d'un regard noir.

« — Voilà ce qui arrive quand on ne m'obéit pas.

Une sonnerie stridente réveilla le jeune homme. Il ouvrit les paupières et jeta un œil à son chevet. Il était 7 h 40. Ses draps et son corps trempés, reflétaient la violence de sa nuit. Du coin de l'œil à sa joue, une larme coulait. La peur rongeait encore son ventre.

Eluzor étira ses jambes et ses bras crispés. Il prit de grandes inspirations et expirations pour se remettre de ses émotions.

Quand il sortit de son lit, il ouvrit ses volets et laissa le premier rayon de soleil mordre sa peau. Des tons bleus se reflétaient dans sa tignasse ébène. Il portait une coupe dégradée mi-longue, la raie au milieu. A cause de la transpiration, ses pointes bouclaient au niveau de son cou et de ses oreilles.

Il aéra sa chambre. L'air frais chatouilla sa peau humide. C'était son moment préféré de la journée. Entendre le chant des oiseaux, voir les gouttes de rosée posée en surface d'une toile d'araignée, sentir le parfum simple de l'herbe. Cette nouvelle journée semblait parfaite.

« Le petit-déjeuner est prêt ! hurla son père de la cuisine.

— J'arrive ! »

C'était le seul adolescent à se lever pendant les vacances d'été. Il s'entraînait pour rentrer dans l'équipe de France junior de natation. L'épreuve était simple. Une course. Quatre nages et à la clef pour le vainqueur l'espoir d'être sélectionné par Valentin Antonin, le célèbre entraîneur menant ses sportifs à la plus haute échelle : les Jeux olympiques.

Il échangea son caleçon pour un maillot de bain ; un short bien moulant et sexy aux couleurs tricolores et noua une serviette autour de sa taille. Il n'avait rien besoin d'autre, la maison possédait une piscine intérieure de 25 mètres de long sur 12 mètres de large. Il descendit l'escalier et entra dans la cuisine. Ses pieds traînaient sur le carrelage.

« Tu as une de ces têtes ! » remarqua Galaâd.

Eluzor ne s'était pas regardé dans le miroir, mais il avait des cernes marqués et ses paupières tombaient sur ses yeux pers déjà allongés.

« J'ai mal dormi.

— Manges quelque chose ça va te faire du bien.

L'idée de se rendormir lui tordait les entrailles néanmoins il se força à avaler des œufs brouillés pour faire le plein d'énergie avant l'entraînement.

Il aurait aimé parler de ses cauchemars à son père, mais il ne voulait pas une énième séance chez un psychologue. À ses onze ans, Eluzor commençait sa première visite chez Mme. Maigret psychologue et hypnotiseuse, car il voyait des ombres noires dans ses cauchemars et faisait pipi au lit cela dura trois ans et demi. Malheureusement, il n'était pas totatlement soigné car le lendemain de ses 17 ans, comme une piqure de rappel, il refit des rêves etranges et effrayants. Cette fois, ils étaient plus précis, plus violent néanmoins Eluzor se refusait d'en parler. Il ne voulait pas se retrouver en séance de psychanalyse. Il se concentrait sur une chose : nager.

EluzorWhere stories live. Discover now