Chapitre 4 - Un verre de trop... plutôt deux... ou peut-être trois.

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Quelques jours plus tard

— Cette robe te va à ravir ! s'exclame Joyce en levant les yeux un instant de son téléphone portable.

Je tourne et m'observe dans le miroir. La soie blanche contraste parfaitement avec ma peau bronzée et mes cheveux bruns. Pourtant, j'hésite :

— Un peu trop court, non ?

Joyce éclate de rire.

— Je dirais plutôt « un peu trop long » ! C'est LA soirée de Jody Conrad, pas la messe du dimanche !

Il faut dire que sa jupe atteint à peine la moitié de ses cuisses. Je ne peux m'empêcher de tirer sur le bas de ma robe pour m'assurer qu'elle cache bien les miennes. Je n'ai jamais été à l'aise à l'idée de dévoiler toutes mes jambes, ou plutôt avec l'idée de montrer mon corps pour activer les hormones d'adolescents en rut.

— Vous êtes prêtes ?

Liya me fait sursauter. Je la regarde à travers la cloison ouverte. Ses lèvres sont sublimées par un rouge carmin qui éclipserait tout le reste si elle n'avait pas fait ressortir ses yeux avec une légère nuance charbonneuse. Elle porte une combinaison noire et dorée, fluide et simple, qui épouse parfaitement les courbes de son corps et allonge ses jambes : ma sœur n'a jamais eu besoin de décolleté vertigineux pour attirer tous les regards.

— On est prêtes ! lance Joyce.

J'imagine qu'il est trop tard pour me changer. Mon amie et ma sœur ont déjà disparu dans le couloir. Avec un soupir et un dernier coup d'œil au miroir, j'attrape une pochette dorée et les suis.

Après avoir promis à notre mère qu'elle veillerait sur moi, Liya prend la place du conducteur et je m'assieds à ses côtés. Joyce s'installe derrière moi. J'allume la radio et change plusieurs fois de station avant d'en trouver une qui convient à tout le monde. Puis ma sœur démarre. Dans le silence bercé par un morceau pop, je l'observe. Elle doit sentir mon regard sur elle, car elle lance :

— Oui, Eva ?

— Non, rien, je lui réponds précipitamment.

Et dire qu'il y a quelques jours à peine, je fouillais son téléphone et je la soupçonnais de je ne sais pas quoi. Mon imagination débordante a encore fait des siennes. Rassurée par la routine, je m'enfonce dans mon fauteuil et regarde par la fenêtre latérale les maisons défiler. Joyce décide de combler le silence par des ragots et je ne l'écoute qu'à moitié lorsqu'un mot attire finalement mon attention :

— Kay ? C'est Eva qui me l'a dit.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? interviens-je brusquement.

— Qu'ils s'envoyaient des messages !

Mon cœur manque un battement et j'aperçois la mâchoire de Liya se crisper. Avant-hier, Joyce a décidé qu'elle jouerait le tout pour le tout à cette soirée et qu'elle tenterait de séduire Kay. J'avais laissé échapper qu'il était déjà sans doute en couple avec ma sœur car ils s'envoyaient des messages. J'avais dit ça sans réfléchir, simplement pour qu'elle laisse tomber cette idée. Une boule se forme dans mon estomac : si ce n'était pas un cauchemar, Joyce vient de lui avouer que j'avais lu les messages sur son portable.

— C'est vrai, répond finalement Liya. Nous nous envoyons des messages pour l'école, mais nous ne sortons pas ensemble.

Joyce affiche un large sourire :

Dopplegänger - Comme un miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant