Cas pratique # 1 : présenter un flash-back

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Voici un nouveau type de fiches dans cette section de conseils. Comme une recette, elles listeront rapidement, sous forme de points moins détaillés, mes utilisations de certaines techniques littéraires.

Dans cette fiche : plusieurs façons de présenter une analepse dans une histoire. Parce que c’est bien d'alterner. Ça combat l'ennui : la vôtre pendant l’écriture et celle du lectorat qu'on n’oblige pas à voir tout le temps la même chose.

1) Présentation recommandée pour un flash-back long : il est dans un chapitre séparé.

Vous pouvez ainsi utiliser le même temps pour la séquence de flash-back que pour la narration principale, sans problème de concordance des temps. C’est mieux d’éviter les fautes de grammaire, fréquentes quand il faut manipuler plusieurs temps dans la narration sans les maîtriser. Sans compter qu’on évite aussi les lourdeurs grammaticales liées aux temps antérieurs. Au revoir, les moches répétitions de l'auxiliaire !

Pour éviter toute confusion du lectorat, je conseille de donner l’indication temporelle dans le titre de chapitre, par exemple : « avant le cours de maths », « deux jours plus tôt », ou « le samedi précédent à midi ». Évitez si possible les indications hors narration, en début de chapitre ou en note d’auteur. Ça ne fait pas très travaillé.

Certains lecteurs préféreront au contraire ces explications de façon plus visible, en début de chapitre, parce que c’est pratique. Écoutez les demandes de votre lectorat, mais évitez tout de même de trop les tenir par la main : ceux qui ont compris la temporalité de votre chapitre du passé trouveront qu'une telle indication est un raccourci intellectuel. C’est mon cas.

En compromis, je conseille donc l’indication temporelle en titre de chapitre.

Pour Mon oiseau blessé, tome 1 de Conte de faits, les chapitres de flash-back comportent déjà un titre (qui fait écho à certains des titres de l’intrigue principale), donc je n’avais mis aucune indication. Mon texte était aussi suffisamment travaillé pour être totalement compréhensible en lecture attentive et suivie.

Finalement, après avoir reçu plusieurs questions et demandes concernant mes lignes temporelles, j’ai indiqué des repères temporels et géographiques en début de chapitre, séparés du texte par une bannière. J’ai aussi insisté en avertissement au début du livre que je préférais qu'on ne lise pas ces indications.

Sur cette plateforme, la lecture est hachée par les pubs, elle se fait rarement en une seule fois, le lectorat fait des pauses et alterne avec d’autres romans, l’auteur publie de façon épisodique… bref, ma narration aux lignes temporelles imbriquées est plus complexe que la moyenne, donc plus difficile à comprendre.

Ma façon de présenter les indications de Mon oiseau blessé me semblait le meilleur compromis pour élargir le public Internet pour ma saga. Dans une version éditée, papier ou électronique, du roman, ces indications seraient bien entendu absentes.

Certaines personnes ont tout de même lu d'une traite mes romans en ligne, ça m'a fait plaisir de le constater par leurs votes. Love sur vos têtes si vous êtes concernés !

2) La présence d'un flash-back est indiquée par la typographie ou un élément graphique.

En cas d’analepse trop courte pour ne pas être ridicule si on la met dans un chapitre à part : vous pouvez la séparer de la narration principale avec des jolies bannières fines, aux couleurs coordonnées à votre couverture. Mais pitié, ne marquez pas « flash-back » sur la bannière !

Sinon, vous pouvez mettre la séquence de flash-back en italique, ou entre deux blocs de deux-trois astérisques. Deux ou trois, pas vingt-cinq.

Avec cette méthode, il n’est pas indispensable de respecter la concordance des temps avec les passages qui entourent le flash-back. Vous pouvez tout de même le faire s'il n'y a pas trop de verbes à conjuguer au temps antérieur. Sinon, c’est assez rébarbatif.

Dans le même esprit, vous pouvez aussi vous amuser à utiliser un temps et/ou une personne totalement différents de ceux de la narration principale. Par exemple : narration au présent simple et première personne du singulier pendant l’intrigue principale ; et passé simple avec la troisième personne pendant l’analepse. Tout le monde ne tolère pas ces méthodes iconoclastes. Moi, je les aime bien.

3) La façon classique, grammaticalement la plus correcte et stylistiquement la plus lourde.

Je recommande de garder cette méthode pour les scènes très courtes de flash-back : quelques phrases ou deux paragraphes courts maximum.

N’oubliez pas d’introduire votre analepse, puisqu'elle s’intègre totalement à la narration principale. Une phrase courte du type « Il repensa au moment où il avait acheté un Bescherelle pour écrire correctement sa fichue scène du passé ».

Puis envoyez les temps antérieurs ! En plus, ils dépendent du temps de votre narration principale. Et on s’amuse comme des fous quand, à l'intérieur de la séquence de flash-back, il y a aussi des actions antérieures à d’autres. Sortez les cotillons et le paracétamol !

Plus sérieusement, n’oubliez pas que le Bescherelle aide beaucoup. Ce qui est bien, dans ce guide ringard et rigide de conjugaison, c’est que les temps antérieurs sont dans la colonne de droite par rapport aux temps principaux. On repère ainsi les conjugaisons à utiliser pour respecter la concordance des temps.

Par exemple : présent > passé composé, passé simple > passé antérieur.

Enfin, il faut une autre phrase pour clore l'analepse et revenir au moment de l'action principale : « C’est ainsi que s’était amorcée la fin de sa fiche de conseils. »

Ellipse de la conclusion de sa fiche.

NB : Je rappelle que je suis totalement autodidacte en écriture. Les fiches pratiques comme celle-ci montreront ma « cuisine ».

Peut-être connaissez-vous des manières de procéder différentes, moins académiques ou au contraire plus classiques ? Peut-être avez-vous tâtonné de votre côté et trouvé d'autres façons de faire, plus efficaces ou juste différentes ? N’hésitez pas à commenter. Votre expérience et vos remarques sont intéressantes, et pas que pour moi !

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