Depuis que la magie a déchiré l'univers, le royaume d'Elaria est séparé en trois terres. La capitale, Istandra, est le siège du Sultan, qui fait régner la terreur parmi les Hassals, dont la magie est considérée comme dangereuse. Chaque année, une ra...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La lune scintille à moitié cette nuit.
Le croissant qu'elle forme annonce que la date approche.
Le moment qui plonge le royaume dans une atmosphère de feu et de flammes, de bruit comme de silence, de rires engloutis par les pleurs retentissant dans les habitats.
Certains ne se font pas tant de soucis pour l'évènement à venir, les ruelles s'emplissent d'ivrognes, de marchands de nuit, de fêtards et de trafiquants.
Ce soir, et les soirs à venir, seules les personnes persuadées et sûres de n'avoir aucun don ne sortirons aux yeux de tous. Ceux qui ne craignent pas la rafle. Dans trois nuits, la garde royale du Sultan sera déployée sur l'ensemble du territoire d'Ankatra afin de traquer les futurs bourreaux de la famille royale.
Tout comme ma mère en a été victime onze ans en arrière.
Mes poumons s'emplissent de l'épaisse fumée que dégage les narguilés de la taverne souterraine dans laquelle je pénètre en tirant un peu plus sur ma cape qui camoufle à présent la moitié de mon visage, l'entièreté de mon corps et mes cheveux déjà assez sombres pour passer inaperçu sous la lumière tamisée.
Ici les jeux sont de mise et il y a beaucoup à gagner certains soirs. La garde royale vient parfois passer du temps ici parmi notre peuple qu'ils torturent chaque jour qui passe et dépouilles comme si nous ne versions pas assez d'impôts au pouvoir royal.
Je contourne les tables de la taverne et passe devant plusieurs groupes attablés devant les plateaux de tavla. L'objectif consiste à choisir un pion noir ou blanc qui représentent le symbole du jour et de la nuit.
Le dé roule sur le plateau et le joueur au plus grand chiffre peut avancer son pion de la somme totale des deux dés lancés, la victoire s'obtient en emprisonnant les pions de l'adversaire et en envahissant son territoire. J'observe les novices perdre leurs maigres économies, un sourire sous ma cape en m'installant lentement au bar.
Fakir le serveur travaille à la taverne depuis ma naissance, il connaissait ma mère et l'aidait parfois à nous garder avec mes sœurs pendant qu'elle soignait ses patients la journée. Il a à présent une soixantaine d'années, mais son sourire ne cesse de s'illuminer chaque fois que mon regard camouflé croise le sien.
– J'ai bien cru que tu ne venais pas ce soir ma lumière. Souffla-t-il sous les notes de musiques de tambours et saz de l'orchestre dans la taverne.
– J'ai bien cru aussi. Quelques petits empêchements mais je suis là. Quelle table ?
– La quatrième à midi trente.
Je tapotais des ongles sur le bar avant de tourner machinalement mon tabouret pour lancer un regard furtif dans la direction que Fakir m'indiquait en nettoyant ses verres.
Un Ashaf de la garde royale s'installait à une table comme attendu pour entamer une partie de jeu. Je me tournais vers Fakir en lui lançant un clin d'œil tout en récupérant le çay (thé) qu'il me servait avant de lentement me diriger vers la table qui m'intéressait.
