Chapitre 1 - Rencontre

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Lyam

J'étais affalé sur le canapé au tissu de velours bleu canard de ce café/bar à cocktails/salon de thé/et je ne sais encore quoi d'autre qui était situé à côté de chez moi et par extension, qui était devenu mon bureau secondaire.

Le Mac Pro dernier cri sur mes genoux - merci papa de fournir du matériel haut de gamme à tes employés - je soupirai en me trompant une énième fois sur la couleur choisie pour mettre à jour le site internet de l'entreprise familiale.

Mon père était le propriétaire d'une des plus grosses entreprises de Belgique. Il avait commencé en étant mécanicien automobile dans un vieux garage aménagé, plus un trou à rat qu'autre chose, en réalité. Papa avait sué sang et eau pour tenir bon, pour avoir de quoi nourrir sa famille et certains jours, c'était vraiment limite. Mon grand frère, Malone, l'avait beaucoup aidé et était d'ailleurs tombé amoureux de la mécanique alors qu'il n'avait que douze ans. Nous vivions alors dans une maison délabrée et même insalubre en plein centre de la ville de Mons. À l'heure actuelle, c'était toujours la demeure familiale, sauf que, à force de travail acharné, mon père avait pu la faire rénover et restaurer puisque son entreprise avait fructifié et qu'il était devenu une des plus riches fortunes du pays en franchisant l'enseigne « Lacombe Car Safe », une fois le garage devenu respectable.

Pour être honnête, je ne me souvenais que très peu des mauvais jours que nous avions vécus, dans l'humidité, la faim et la crasse. J'étais encore petit lorsque le vent avait tourné pour mes parents, pour la famille Lacombe. Mon frère, lui, se souvenait très bien de tout, de dix ans mon ainé, il avait beaucoup souffert de cette pauvreté.

Mon père avait espéré qu'il reprendrait les rênes de l'entreprise après ses études de commerce, mais il avait refusé, préférant rester à ses premiers amours : réparer des voitures.

J'avais à peine vingt-trois ans et j'étais donc déjà surmené. C'était ça, être le dernier de la famille sur lequel reposait tous les espoirs.

Merci, Malone, d'avoir tout lâché. 

Bon, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir étant donné le contexte familial quelque peu tumultueux.

Pour faire court, notre « mère » a battu mon frangin pendant des années, prétextant que c'était pour qu'il l'écoute et devienne parfait. Il n'avait pas le droit de tomber amoureux ni de rater une compétition de natation, domaine dans lequel il excellait pourtant.

Moi, par rapport à tout ça, je me sentais comme une merde.

J'avais bien compris que notre génitrice n'était pas tendre avec lui, mais je ne disais rien, trop terrifié à l'idée que cela ne se retourne contre moi. J'avais donc tout pendant que mon grand frère, lui, n'avait rien. Bien sûr, elle achetait son silence en lui offrant la voiture de ses rêves, des fringues de marque, tout ce dont il avait rêvé gamin. Mais il avait si peu confiance en lui qu'il n'avait que des relations superficielles et ressentait un profond mal-être en lui.

Et moi dans tout ça ? Encore une fois, je ne faisais rien.

Jamais je ne me débarrasserais de cette culpabilité. D'autant plus que le jour où ma mère s'était retournée contre moi et m'avait battu à mon tour, c'était mon frère qui était venu à ma rescousse et m'avait sorti de tout ça. J'avais ensuite vécu trois années avec lui dans un petit appartement. Je lui devais tout.

Donc, en plus de suivre des cours pour obtenir un master en gestion à l'université, je travaillais deux jours sur la semaine dans les bureaux de l'entreprise avec mon père et le reste de mon temps libre dans ce café pour bobos qui me servait de work office.

Cœur perdu ('Trop Beau')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant