Chapitre 28 - Frangins

576 46 11
                                    




Lyam

Mantis et moi grimpâmes les marches du Baratin afin d'atteindre l'étage. Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour apercevoir mon grand frère et retrouver aussi tôt le sourire. Quand il me remarqua alors que j'approchai de la table, son rictus fit écho au mien. Il se releva de la banquette, passant au-dessus de Benjamin sans même s'en apercevoir. Ce dernier protesta, mais ce fut vain. Rien ne put nous empêcher de nous étreindre.

- T'es vraiment là, souffla-t-il la voix enrouée par l'émotion.

J'opinai, la tête calée contre son épaule humant les restes de chlore mêlé à son gel douche musqué. Cette odeur m'avait manqué, ce parfum unique qui était le sien.

La joie des retrouvailles n'effaçait cependant en rien la culpabilité que je ressentais toujours à son égard.

- Je ne pouvais pas rater ça.

Malone se recula et tapota ma joue comme il le faisait déjà quand j'étais adolescent pour m'horripiler.

- Rho, arrête ! râlai-je tandis que mon frangin pouffait de rire.

- Les retrouvailles attendrissantes n'auront pas duré longtemps, se moqua Kadie, la meilleure amie de Marly.

Malone et moi nous tournâmes dans sa direction avec les sourcils haussés. Tous les amis de mon frère s'esclaffèrent face à notre soudaine ressemblance. Il était rare que nous ayons des traits communs sauf quand nous adoptions les mêmes expressions.

- Si vous vous ennuyez dans vos jobs, vous pouvez toujours faire carrière dans le porno, s'extasia une copine de Marly. Vous êtes tellement beaux tous les deux.

Je regardai avec amusement cette femme au carré brun. Ses yeux pétillaient de malice, elle avait vraiment quelques idées derrière la tête.

- Oh oui, ils auraient un succès fou ! surenchérit Marly. Je vois déjà ça d'ici : Les frères Lacombe, mima-t-elle avec ses mains un énorme titre de film.

Mon frère retourna s'installer à côté d'elle alors que je prenais place entre Ben et Mantis, sur un tabouret au coussin de cuir aubergine.

- Lyam aurait certainement plus de succès maintenant qu'il fait partie des mecs les plus tendance du pays, me congratula mon frère avec admiration (même si, oui, cette conversation était des plus étranges). Moi, si ça me permet de rencontrer de belles femmes...

La bouche de Marly s'entrouvrit en un O parfait pendant que sa main rencontrait directement l'épaule de son petit ami dans un petit choc.

Tout le monde ricana face à leur petite scène de ménage parce que nous savions que mon frère n'avait réellement d'yeux que pour sa compagne. Leur amour était plus qu'évident.

- Bah quoi ? C'est toi qui imaginais les titres de mes films. Je suis certain que tu calculais déjà le nombre de paires de chaussures que ça pourrait te rapporter, se défendit-il avec un air faussement innocent.

Marly plissa ses yeux verts en s'adressant à lui.

- Ose approcher une seule caméra et tu es un homme mort, Malone Lacombe, déclara-t-elle avec sérieux.

En les regardant se chamailler, j'eus un pincement au cœur. Des mois plus tôt, j'avais espéré pouvoir partager ce genre de moments avec Chris. Pouvoir le revendiquer comme mien et lui montrer à quel point je tenais à lui aux yeux de tous. Je n'en avais jamais eu l'occasion et dans toute ma jeune vie, c'était le premier homme avec qui j'avais réellement voulu bâtir une relation de ce type.

Cœur perdu ('Trop Beau')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant