XXVII. Un an.

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Il fait merveilleusement beau pour un jour d'octobre en Angleterre. Quelques nuages qui se dissipent rapidement et laissent paraitre le ciel bleu.

Alors c'est légèrement soulagé que j'entre dans l'enceinte de l'établissement, que je n'ai plus fréquenté depuis près de deux semaines ; comment suis-je censé rattraper mes cours ? Je vais avoir un retard phénoménale pour les examens. Je m'arrangerai bien avec le directeur... Quelques billets, et il changera surement d'avis sur les dates prévues des épreuves.

Toujours, toujours l'argent. C'est grâce à l'argent que l'homme se permet de contrôler la société. Il classifie, donne une étiquette à chacun qui le suivra le reste de sa vie. Bien que je pourrais faire toute les morales qui soient sur l'argent, sur le mal qu'il fait comme sur le bien-être, je ne peux dire qu'il est inutile, que l'on pourrait vivre sans. L'homme doit vivre encadré par des règles ; si tu souhaites ceci, tu dois nous donner cela.

C'est comme ça, c'est tout. Il n'y a pas de grande explication, le monde est fait d'injustices qui lui permettent de fonctionner.

« Louis ! »

Ma bulle de réflexion s'éclate quand j'aperçois un blondinet s'approcher de moi, le sourire scotché aux lèvres. Niall. Alors je lui rends un sourire, nettement plus pudique, et je continue d'avancer alors qu'il arrive à ma hauteur pour me suivre, enfouissant ses mains dans les poches de son jean slim de couleur kaki, craqué aux genoux. Il lui donne un genre, assez militaire.

« - Je pensais que tu étais porté disparu !

Son petite rire angélique résonne dans mes tympans. Comment fait-il pour toujours être aussi joyeux ? C'est incroyable toute la simplicité et l'innocence qu'il dégage. Comme ci... Il ne faisait rien d'autre que de vivre, purement. Que chaque matin, il se levait en se persuadant que cette journée allait être la meilleure journée qui soit, et que cette persuasion se paye. Incroyable.

- J'étais assez piteux, entre le bon rhume à cause des froids d'automne qui viennent petit à petit et la soirée un peu trop arrosée...

C'est ma dernière année ici. Dernière année à airer dans les couloirs, slalomant entre les étudiants beaucoup plus pressés que soi, pour finir par claquer la petite porte de son casier métallique qui déconne toujours un peu, même si le concierge n'en fait pas son affaire.

Ce que je déteste le plus ici ce ne sont pas les élèves ; la preuve, je marche tranquillement près de l'un d'entre eux. Ce qui me dérange le plus c'est l'esthétique des lieux. Spacieux, aux tons clairs, épurés. Les casiers qui ressemblent bizarrement à ceux que l'on trouve dans la période du lycée. Tout se ramène au lycée ; le décor, le maturité des gens, l'ignorance des professeurs. C'est ça le problème.

- Tant que t'es revenu, c'est le principal. Tu viens, on y va ?

Il presse sa main aux ongles rongés sur mon épaule alors que je frissonne rien qu'à se toucher. Harry. Harry. Harry, la chaleur de Harry me manque. J'ai envie d'avoir cette grade main bronzée, tatouée, habillée de plusieurs bagues que celle-ci nue et toute pâle. Mais je m'arrête et suis Niall dans la salle pour notre cours de Littérature française. Je n'ai pas croisé Harry... Est-il au moins venu ? Mais d'un côté, pourquoi ne viendrait-il pas ?

Je souffle en appuyant ma mâchoire contre mon poing. Le cours est loin d'être intéressant et j'ai l'impression que la grande aiguille de l'horloge stagne. Je n'en verrais jamais la fin...

- Y'a un match des Clippers contre les Spurs ce soir... T'as envie de le voir avec moi ?

Je me redresse un peu en bougeant des épaules et relève mon regard paresseux vers Niall à mes cotés qui se pince l'intérieure de la joue, sûrement timide. Alors je souris un peu ; je suis intimidant ?

Let Me Feel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant