Peur déchue

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Qu'arrive t-il quand une éternelle romantique ne crois plus en l'amour ? Comment en est-elle arrivée là, alors que la plupart des relations qu'elle a vécu, c'est elle qui a choisi d'y mettre un terme ?

Je suis arrivée à un tournant de ma vie où je sais ce que je cherche et je sais quel homme je veux à mes côtés. Le hic dans cette histoire, c'est que je n'ai pas envie de le chercher parce que je n'ai pas envie de le trouver.

Être bien seule, cela ne m'était jamais arrivé avant. J'ai toujours été à la recherche de l'amour car je voyais dans la personne qui provoquait ce sentiment en moi, une opportunité ; un moyen de guérir mes blessures. Mais en réalité, je ne cherchais pas à aimer, mais à être aimée.

Quelle cruauté direz-vous... mais je n'en avais aucunement conscience.

J'avais besoin d'être aimée, de savoir que je pouvais mener un être humain à la baguette et être en capacité d'influencer ses choix et sa vie. Avoir du pouvoir sur quelqu'un ne nous procure du plaisir que parce que cela nous rend puissant. Et au stade où j'en étais, la puissance était synonyme de sécurité. En m'assurant une influence sur un homme, je m'assurais sa présence, aussi longtemps que je l'avais décidé.

En clair : aucune chance d'être abandonnée.

Mais avoir du pouvoir sur quelqu'un et le manipuler ; signifie établir une barrière, voir même un gouffre, entre elle et vous. Parce que vous ne pouvez pas avoir du pouvoir sur quelqu'un tout en vous investissant, de tout votre cœur, dans cette relation.

Prenons l'exemple d'un garçon que j'ai récemment fréquenté ; il n'a peut-être pas conscience qu'il est mieux sans moi mais qu'importe. Ayant eu une influence sur lui, je peux témoigner de la non-réciprocité de ce fait. Avoir du pouvoir sur quelqu'un, cela signifie se cacher de cette personne, ne pas s'ouvrir à elle autant qu'elle s'ouvre à vous. Car si vous laissez les sentiments s'en mêler, vous n'avez plus le contrôle et dans les temps qui suivent, vous tombez amoureux.

Or, en me cachant de lui, je me suis assurée d'une chose : qu'il soit suffisamment sous l'emprise de ses sentiments pour ne jamais m'abandonner. Pour autant, lorsque j'ai compris l'état d'esprit dans lequel je me trouvais, j'ai ressenti le besoin de mettre fin à toute cette mascarade.

Définitivement.

Être aimé de quelqu'un tout en gardant une grande partie de votre personnalité secrète, et en l'occurrence la plus importante, c'est prendre le risque de croire en des sentiments inexistants. C'est prendre le risque de vous déclarer à quelqu'un qui vous aime, et que vous croyez aimer en retour. Mais en réalité, il ne fait pas battre votre cœur plus vite qu'à l'accoutumé.

On m'a souvent reproché le grand nombre de relations que j'ai pu avoir, étant donné mon jeune âge. On a souvent pensé que j'étais un véritable cœur d'artichaut. Mais je vais vous surprendre, mon cœur ne s'emballe que rarement à la simple vue d'un beau garçon.

Dans ma vie, je suis tombée amoureuse à deux reprises. Et ce n'est pas un hasard si ces deux relations ont pris fin parce que les deux hommes que j'aimais l'avaient décidé ainsi. Par la suite, je n'ai eu que de simples coups de cœur voir de simples amitiés aux allures de romances. Et durant toutes ces années, auprès de tout ces hommes-là, je me suis cachée. Pas parce que je pensais ne pas être appréciée à ma juste valeur mais parce que je ne voulais pas m'épanouir dans une relation qui ne serait plus qu'un vague souvenir au bout de quelques mois.

Mon véritable problème avec la gente masculine, c'est qu'elle m'avait brisé le cœur si brutalement auparavant, que depuis, je refusais que cela puisse arriver à nouveau. Et rien de mieux que de fuir l'amour pour protéger les fragments restants de mon cœur meurtri.

Voilà pourquoi avoir tout le pouvoir dans une relation me rassurait : parce que j'étais celle qui y mettait un terme. Seulement, se cacher des autres n'a rien de bon, bien au contraire. Parce que ceux qui nous aiment, ne savent finalement pas qui nous sommes. Parce que les mensonges nous rongent au fur et à mesure qu'ils se prolongent dans le temps.

En me cachant des autres, je reniais ma propre personne. Et si cela me convenait encore il y a quelques mois, désormais, ce n'est plus le cas. J'ai envie d'être libre, et cela peu importe la personne qui me fait face. Je n'ai plus envie d'être aimée comme je l'ai été ces dernières années, parce que ces amours là n'étaient ni justes, ni véritables.

Croyez-le ou non, j'ai peut-être déjà rencontré l'amour de ma vie. Ce n'est pas une certitude. Seulement, certaines circonstances nous ont séparé. Et je pourrais me battre pour lui, encore aujourd'hui. Mais si j'ai choisi d'abandonner c'est parce qu'il se doit d'être en phase avec lui-même avant de pouvoir aimer, véritablement.

Jusque-là, je n'avais pas réalisé que cette vérité s'appliquait à chacun d'entre nous, mais surtout à moi-même. Car soyons honnête, rien ne peut valoir l'amour de soi. Je ne parle pas d'égocentrisme mais simplement d'un sentiment que l'on éprouve envers nous-même. Ce sentiment qui nous rend fier de qui l'on est, de ce que l'on est devenu, et de tous les efforts que l'on a pu faire pour y parvenir.

Chacun a ses démons et ses angoisses, et chacun se doit d'y mettre un terme un jour. Chacun se doit de les rendre insignifiants parce que c'est la clé du bonheur. C'est ça être en phase avec soi-même : savoir que l'on est capable de vivre sans nécessairement avoir besoin de quelqu'un. Certes, être entouré a du bon, parce que l'humain n'est pas fait pour la solitude éternelle, mais s'accepter soi et s'aimer tel que l'on est, n'a aucune équivalence.

Aujourd'hui, j'ai compris que je n'effacerais pas mes problèmes grâce à l'amour d'un homme. Je ne chasserais pas mes démons en les fuyant, je ne tuerais pas mes angoisses en contrôlant mes sentiments.

La peur du vide s'efface en sautant à l'élastique.

La peur des araignées s'efface en écrasant un spécimen avec une tong.

La peur de l'abandon s'efface en devenant indépendant.

Et la peur d'aimer s'efface en lâchant prise.

Face aux leçons que l'on tire de notre propre expérience, la vérité s'incline.

Avant, j'étais une romantique avide d'amour. Je pensais que l'amour des autres effacerait la lâcheté de certains. Je pensais que l'amour d'un homme pouvait panser toutes mes blessures.

Aujourd'hui, j'ai grandi. Je suis toujours une romantique, finalement. J'ai simplement acquis de l'expérience et j'ai remis les pieds sur terre tout en gardant la tête dans les nuages.

Je continue de rêver ; je continue de vivre.

Je recommence simplement à aimer. 

Les Etats d'âme d'une auteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant