Les Etats d'âme d'une auteur

Montmartre et toi

Quel drôle de monde dans lequel nous vivons... Là où chaque visage regorge de secrets, où chaque coin de rue, peut-être, cache un nouvel inconnu prêt à bouleverser une vie. Tout est le fruit du hasard, ou du destin tels que le prétendent certains.

Et dans tout ce petit monde, qui sait où tu te trouves ?

Aujourd'hui encore, je me suis perdue dans les rues de Paris, près des Abbesses... dans ce petit paradis perdu où tu as irréversiblement chamboulé ma vie. Je me souviens encore de ton sourire ce jour-là.

Aujourd'hui encore, le plus dur à accepter, c'est que l'amour ne suffit pas...

Toi et moi, c'était l'histoire d'un cœur tiraillé entre deux corps. Deux êtres discrets dévorés par leurs secrets ; deux êtres que pourtant tout opposait. Nul n'aurait misé sur nous, mais aujourd'hui encore, notre histoire fait l'unanimité.

Dans tes bras, tout prenait sens ; l'amour, le désir, le rire... Chaque jour se vivait sous un soleil nouveau, tout était plus beau. Et ce passé qui nous rattrapait sans cesse avait mystérieusement disparu à l'horizon. Et alors que l'amour fleurissait, les blessures se pansaient ; nous étions ces deux pétales de fleur incapables de se dire adieu, liés par le cœur.

On avait appris à aimer, à dire « je t'aime » sans se parler.

Puis un jour, le passé nous a rattrapé et la pluie a dévalé nos visages telle une averse passagère. L'innocence nous a fait prisonnier et face au danger, ni toi ni moi n'étions armés. Alors la pluie s'est abattue sur nous, ta foudre jalouse a déchiré le ciel et nos cœurs ont volé en éclats. Nous n'avions que des fragments de souvenirs pour consolation face à notre histoire condamnée. Et aveuglée dans le noir, nos mains déliées, je ne savais où aller... Je mourais d'envie de te retrouver mais l'amour avait eu raison de moi.

Aujourd'hui, tous me questionnent quand je parle de toi. Ils ignorent cette plaie béante que tu as laissé, cette douleur que l'amour seul peut causer. Tout est enfoui en moi, quelque part au beau milieu de tous ces souvenirs de toi. Mais à chaque fois que tu sors du silence, mon cœur menace de flancher, une nouvelle fois.

Et tu ne sais combien ce vide que tu as crée est effrayant, ni combien j'aimerais à nouveau me perdre dans tes bras, là, au cœur de Montmartre. Mais cette fois peut-être que je nous réinventerais.

Cette fois, je sourirais à ce vieux monsieur désireux de nous peindre tels deux amoureux transis. Cette fois, je ne fuirais pas ton regard au risque de trop vite l'oublier. Cette fois, je caresserais tes lèvres tant que mon cœur le réclamera. Cette fois, surtout, je te dirais ces mots qui me brûlaient les lèvres chaque fois que tu riais.

Et cette fois, je prierais pour que cette parenthèse idyllique ne se referme pas, je me battrais poings levés, contre vents et marées, pour que ce « nous » n'ait pas de fin.

Mais l'amour sera toujours en tort entre toi et moi.

Je ne cesse de me cacher, de fuir alors même que j'étouffe loin de toi, parfois. Toujours, peut-être. Mais j'aurais tort de te sauter dans les bras, encore une fois. Et même si tu ne l'acceptes pas, il faut étouffer la flamme. Il faut se taire et s'y résigner...

Désormais, je dois t'aimer en silence. Désormais je ne peux que t'aimer dans le noir.

Mais j'ai peur que l'amour, sans toi, ne trouve plus jamais sens.