Je suis angoissé jusqu'aux tripes. Je ne sais pas vraiment quoi en penser.
Rien que de voir cette grille, cette immense grille qui se dresse devant moi, ça me donne la chair de poule. Et pourtant, ce n'est même pas le jour de la rentrée. Non, je suis venu sur les lieux quelques jours avant afin de pouvoir me préparer mentalement.
Franchement, quelle idée ont eu mes parents de m'envoyer là. Ils m'ont dit que ça me ferait changer d'air, de quitter ma ville natale et de m'éloigner un peu de tout, mais face aux bâtiments de ce lycée gigantesque, je n'en suis plus si sûr.
Parfois j'ai peur qu'ils ne m'aient pas envoyé là sous prétexte de ma récente dépression mais seulement parce qu'ils ne voulaient plus de moi. Peut-être qu'au moment même où je pense cela, ils se prélassent dans le canapé en louangeant à quel point c'est bon de se retrouver à nouveau seuls, après 17 ans où j'ai du être dans leurs pattes.
En même temps, c'est vrai que je n'ai pas toujours été un enfant facile, au grand contraire de ma grande soeur qui elle fait des études de médecine à l'étranger et est la grande fierté de la famille. Moi, je n'ai jamais trop su quoi faire. En général, les gens de mon âge ont une passion, quelque chose qui les fait vibrer et qui leur donne une idée pour l'avenir. Mais moi, je n'ai rien.
Je n'ai rien, à part cette foutue dépression que j'ai fait l'année dernière pendant mon année de première, et qui m'a valu cette escapade dans un lycée à l'autre bout du pays. Je serai en internat, et je pense que c'est cela qui me fait le plus flipper. Pour quelques week-ends, je rentrerai à la maison en train.
Je loge spécialement dans un hôtel en attendant la rentrée pour me familiariser avec les lieux. Ce sont les mots que m'ont donné mes parents. Là aussi, j'ai du mal à croire leurs bonnes intentions et je crois ne voir en ce choix seulement le plaisir de me faire déguerpir au plus vite.
Ça me blesse, mais pas tant que ça au final. Je sais que je n'ai jamais été chouchouté ni poussé vers le haut comme ils l'ont fait pour ma soeur. Je crois que leurs soirées en amoureux les manquaient affreusement. Je ne leur en veux pas pour ça, même si un peu plus d'attention de leur part ne m'aurait pas fait de mal...
Enfin bon, je suis maintenant devant cette grille, et mon ventre me fait mal.
Des pierres rouges se dressent et forment des bâtiments, où je devine à travers les fenêtres des salles de classe. Il y a un autre bâtiment vers le fond, que l'on voit à peine, qui ressemble à un gymnase. Puis à ma droite, tout près de l'entrée, se trouve une autre bâtisse avec des robinets à l'entrée, que je devine être le self. Je me demande où est l'internat. Le tout est entouré d'herbe verte fraîchement coupée en ce fin de moi d'août et de chemins caillouteux.
C'est vraiment jolie. Mais à vrai dire, sur le moment présent, je ne retiens que très peu la beauté des lieux. Ce que je remarque cependant le plus, c'est à quel point c'est grand. Ça change de mon petit lycée de l'an dernier, ça c'est sûr.
À petit pas, je m'éloigne de cette école que j'identifie immédiatement comme endroit de malheur. L'hôtel est à quelques rues de là, et je ne mets pas beaucoup de temps à rentrer, sans un seul regard en arrière.
Après demain, je me retrouverai à nouveau devant ces grilles, à 7h sonnante -les internes arrivent une heure en avance pour déposer leurs valises dans les chambres-, et cette fois ci, ce sera réel, palpable. Je ne viendrai pas juste observer ; ce sera la rentrée.
Je pousse la porte de ma chambre d'hôtel et redécouvre les draps bleus marines, le parquet en bois clair tout comme le bureau et le fauteuil dans les mêmes tons, postés dans un coin de la pièce. Je me dirige immédiatement vers celui ci, et m'avachis dedans en sortant mon téléphone de ma poche.
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PLEASURE [Taekook]
Fiksi PenggemarTaehyung à dû changer de lycée après quelques complications dans son ancien établissement. Lorsqu'il débarque dans sa nouvelle ville, il surprend une scène peu banale dans la rue en bas de son hôtel, impliquant un noiraud au regard sombre et à la ré...