PLEASURE [Taekook]

❐ Chapitre 8

Il n'est pas encore là. Tant mieux, je ne sais pas si j'aurais pu suporter son regard sur moi.

Je m'avance dans cette pièce maintenant familière à mes yeux. Je jette mes affaires sur mon lit à droite, et contemple celui de gauche, vide. Je suis heureux d'être de retour ici. C'est plus calme, plus chaleureux, moins étouffant, moins angoissant. Ma joue a dégonflé, et il n'y a plus une seule trace d'une quelconque gifle. Ça me rassure. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aimerais pas que Jungkook voit ça. Ni Bora, ou Jimin. Ni n'importe qui dans ce lycée.

Mon regard, pour une raison que j'ignore, est attiré par un petit morceau de papier, qui sort tout juste de l'interstice du tiroir du bureau, de son côté de la chambre. Je me lève, pour identifier l'objet.

Le curiosité est un défaut chez moi, j'en ai conscience. Mais j'ouvre tout de même le tiroir, seulement pour voir ce que c'est. Différents papiers se révèlent alors à moi, tous couverts d'une écriture à la fois dure et fine, anguleuse et délicate.

Les écrits de Jungkook.

Je réalise mon erreur d'avoir fouillé et mon sang ne fait qu'un tour. Je sens des pas derrière moi. Merde, je ne l'ai pas entendu rentrer. Je veux refermer le tiroir mais soudain, un souffle, tout juste contre mon cou, arrête mon geste net. J'entame une inspiration avant qu'elle ne se coupe, et fonde dans ma propre gorge. Mes doigts, eux, se crispent autour de la poignée du tiroir.

Il est juste derrière moi. Je le sens. Sa senteur me parvient et me fait frissonner. Mes cinq sens sont en alerte, et je reste immobile.

Il est en colère. Ou plutôt, il est exaspéré. Ou il a honte. C'est un mélange de tout ça qui me parvient, que je tente de décrypter au contact de son torse prêt de mon dos. Je retiens ma respiration, veut m'excuser, mais rien ne sort.

Je repense vivement à Seonwoo, à ses coups, et ferme les yeux, mais je me reprends vite, je n'ai rien à craindre, putain. Je les rouvre alors qu'une de ses mains s'avance, se faufile devant moi pour se poser sur la mienne, au niveau de la poignée du tiroir.

Puis il appuie dessus, le ferme d'un coup sec, me faisant un peu mal aux doigts.

Le mouvement me fait sursauter. Son corps s'est rapproché pendant la manoeuvre, et je peux sentir son aura écraser la mienne, et ses mots choyer mes oreilles.

"Ose encore une fois ouvrir ce tiroir, et je ferai en sorte que tu le regrettes."

Je déglutis. Mais étrangement, je ne me sens pas en danger. Ce n'est pas le sentiment qui prédomine, pour une fois, il n'y a que de l'incompréhension. Je veux comprendre pourquoi cet ordre, pourquoi cacher aussi ardemment ces morceaux de pages de cahier arrachées et noircies d'encre.

J'acquiesce, et baisse la tête sur ses doigts, toujours sur les miens. Ils sont fins, longs, bagués, et sa main est imposante. Quelques tatouages recouvrent son avant bras, que je remarque réellement en détail que maintenant. Je ne suis même pas sur que les tatouages soient autorisés dans l'établissement, mais je crois que de toute façon, il s'en fiche.

Jungkook ne s'éloigne pas. Et je comprends qu'il veut une preuve orale.

"Je ne le ferai plus." j'assure, en faisant attention à ce que ma voix ne tremble pas trop.

Pourquoi ne part-il pas ? Je ne peux que me concentrer sur son corps et sa proximité, et un frisson, involontaire, me parcourt. Il est proche, beaucoup trop proche. Et j'ai chaud. Bien trop chaud.

Lorsqu'il s'éloigne enfin, je peux reprendre ma respiration. Mes mains s'échouent sur le bord du bureau et je tente de reprendre mes esprits.

"Je suis désolé." je m'excuse.