Chapitre 8

616 37 127
                                    

    Une semaine. Cela fait une semaine qu'Alec m'a chassé de sa vie, éparpillant mon coeur aux quatre vents. Une semaine que je ne quitte ma chambre que pour grignoter quelques miettes ou me laver. Une semaine que j'ai l'impression d'être mort de l'intérieur...

    Depuis que je suis rentré de chez Alec sans un mot hormis des sanglots déchirants, mes parents ont à de nombreuses reprise tenté de comprendre ce qui m'a plongé dans une telle détresse mais je n'ai jamais réussi à le leur dire... Je me suis donc muré dans un silence inhabituel pour moi qui suis toujours très bavard et qui ne cache rien à mes parents. Je vois bien que ces derniers s'inquiètent beaucoup pour moi et qu'ils se sentent impuissants à m'aider à surmonter mon chagrin.

    Aujourd'hui, ayant plus que jamais besoin de mes parents, mais ne sachant comment leur dire ce qui me broie le coeur, je décide de prendre mon violon afin de parler à travers ma musique comme je l'ai toujours fait. Je laisse glisser mon archer sur les cordes de Biola et ce sont finalement les notes de "Angels" (Robbie Williams) qui s'échappent de l'instrument. Je me laisse emporter par la mélodie qui m'enveloppe comme une couverture chaude malgré la tristesse de ce morceau. Je joue avec mon cœur et mon âme exorcisant ainsi ce chagrin qui me ronge de l'intérieur depuis des jours. Plus rien ne compte autour de moi, il n'y a plus que ma musique et moi , seuls au monde depuis qu'Alec nous a chassés du sien. 

    Quand le Morceau prend fin et que je relève la tête, je remarque que mes deux pères se tiennent sur le seuil de ma chambre, enlacés l'un à l'autre, et que des larmes d'émotion maculent leurs joues. Quand mon regard croise les leurs, c'est soudain comme si une digue cédait en moi, et je m'effondre en pleurs de détresse , hoquetant alors que mes sanglots se bousculent tous en même temps au bord de mes lèvres. Aussitôt, des bras m'entourent et m'étreignent tendrement, et je devine que mes pères se sont précipités sur moi pour me consoler. Malheureusement, loin de me réconforter, celte étreinte ne fait que redoubler mes larmes, comme si mon cœur en sentant le soutient de mes parents s'autorisait brusquement à lâcher la bride du chaos d'émotions qui couve en moi.

    — Mon bébé... Souffle Dad à mon oreille. C'est à cause d'Alec que tu es comme ça?

    Dad a toujours été le plus sensible de mes parents, mais aussi le plus perspicace. A chacun de mes chagrins d'enfant, il a été celui qui parvenait le mieux à en identifier la cause, et à me consoler.

    Je hoche la tête, le visage enfoui dans sa chemise, et m'y accrochant comme à une bouée de sauvetage dans cet océan de tourments où je me sens me noyer peu à peu.

    — C'était pour lui ce morceau que tu as joué? Tu es amoureux de lui ? Demande à nouveau men père d'une voix douce, comme de celles que l'on utilise pour s'adresser à un enfant triste, ce que je suis sans aucun doute.

    Je hoche à nouveau la tête, et mes parents laissent le temps à mes larmes de se tarir, puis Ayah redresse mon visage vers lui et essuie les dernières perles salées qui maculent mes joues.

    — Tu nous expliques? Demande t'il d'une voix douce.

    Je le lance difficilement dans l'explication de ce qu'il s'est passé il y a une semaine avec Alec, la façon dont ses mains sur moi m'ont troublé bien plus que je ne l'avais prévu, puis la façon dont Alec m'a repoussé puis chassé alors que je mettais mon coeur à ses pieds.

    — Il me hait... Gémis-je une fois mon récit terminé.

    — Non Hatiku, je ne pense pas qu'Alec te haïsse, au contraire même. Il t'a lui même dit qu'il n'est pas prêt mais qu'il t'aime beaucoup. Dit Ayah en me caressant doucement la joue.

    — Mais... S'il m'aime pourquoi est-ce qu'il m'a brisé le coeur comme ça? 

     — Oh Sweethear... Je ne pense pas qu'Alec ait voulu te briser le cœur, il est probablement juste perdu et apeuré par les sentiments qu'il nourrit à ton égard.

Blind LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant