Chapitre 4

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Cela fait une semaine que je travaille en tant qu'auxiliaire de vie pour Alec et une semaine que je m'emploie à le décrisper et à essayer de l'apprivoiser. Les premiers jours ont été plutôt compliqués étant donné qu'il ne me connaissait pas et qu'il était encore particulièrement revêche, mais depuis ce jour au restaurant aveugle j'ai senti un changement dans son comportement à mon égard. Il est plus ouvert et semble apprécier échanger avec moi sur nos passions respectives.

Nous avons passé la semaine à réorganiser entièrement son intérieur afin qu'il puisse évoluer seul sans risquer de se prendre les pieds dans un meuble ou dans un objet qui traînerait au mauvais endroit et nous avons également étiqueté et trié toutes ses affaires de manière à ce qu'il puisse les retrouver aisément.

Désormais mes visites se résume principalement à passer du temps avec lui, à lui faire à manger chose qu'il adore ou bien à faire son ménage. Parfois nous sortons pour aller promener, mais je sens bien que sans sa vue Alec a toujours un pincement au cœur et une tristesse sous-jacente.

Aujourd'hui au moment où j'arrive chez lui, je suis surpris de trouver tous les volets baissés et l'appartement plongé dans le noir, chose assez étonnante sachant qu'Alec - qui est capable de distinguer le jour de la nuit - préfère en général vivre dans la lumière. J'entre prudemment dans l'appartement en déposant mes affaires dans le hall, tout en tendant l'oreille à l'affût du moindre bruit qui pourrait me paraître suspect. Puis, c'est là que j'entends des sanglots étouffés semblant provenir de la chambre d'Alec. Je m'approche prudemment de la porte et y frappe doucement en appelant son prénom. Rien ne me répond hormis ses sanglots déchirants qui me brisent le cœur. Je pousse doucement la porte, et dans le rais de lumière prodigué par le séjour que j'ai allumé en rentrant je distingue la silhouette secouée de sanglots d'Alec recroquevillée dans les draps.

- Alexander? Qu'y a t'il? Vous avez mal quelque part? Que s'est-il passé? Murmuré-je en m'approchant doucement de lui, n'osant néanmoins pas poser une main sur lui.

Seuls de nouveau sanglots encore plus déchirants me répondent et Alec enfouit son visage dans son oreiller qu'il étreint de toutes ses forces comme s'il s'agissait d'un bouclier.

- Parlez moi Alexander, je... Je ne peux pas vous aidez si je ne sais pas ce qui vous arrive...

Et là soudain sans que je ne comprenne comment ni pourquoi Alec se redresse brusquement dans le lit pour me faire face, ses yeux lançant des éclairs et se plongeant étonnamment dans les miens.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive!? Je suis aveugle voilà ce qui m'arrive ! Ma vie a été ruinée à cause d'un accident, je ne peux plus exercer mon métier je ne peux plus lire, je ne peux plus tirer à l'arc, je ne verrai plus jamais le visage de ceux que j'aime !

- Je comprends votre détresse Alexander, mais...

- N'osez même pas prétendre comprendre ce que je vis ! Vous ne savez rien! Vous vous démenez chaque jour pour des chimères Magnus ! Je ne vaux pas tous vos efforts, je ne suis rien de plus qu'un déchet, un pauvre type qui ne fera plus rien de sa vie...

- Alexander...

- C'est ça continuez à m'appeler ainsi. Ricane amèrement Alec. Après tout c'est pas comme si j'avais mon mot à dire n'est-ce pas? L'handicapé n'a plus droit à la parole car après tout on fait déjà tout pour lui hein?

L'amertume de la voix du jeune homme me fait froid dans le dos et sa détresse me brisé le coeur. Je le doutais de sa fragilité émotionnelle - après tout qui ne serait pas sensible après pareil traumatisme - mais je ne l'avais encore jamais vu s'exprimer devant moi de cette façon. Je me sens complètement démuni de ne pas savoir quoi dire ou faire pour l'aider à surmonter son chagrin.

Blind LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant