Arsène
Je me tiens devant l'entrée en regardant les étudiants rentrer dans la salle. Je suis assez angoissé à l'idée d'être entouré d'inconnus et je me balance nerveusement d'un pied à l'autre. Je commençais de regretter d'être venu et l'idée de faire demi tour me tente. Soudain je sens un poids sur mon épaule. Je sursaute et me tourne pour croiser un regard bleu apatite.
- Tu es un nouveau c'est ça ? Ne t'inquiète pas ça va aller ! Moi c'est Amel Bardane, je suis en troisième année, tu es ?
Une lueur d'espoir s'installe en moi.
- Je m'appelle Arsène, je viens d'arriver.
- Je te regarde être en stress sans oser entrer depuis tout à l'heure, allez suis moi.
Je ris nerveusement et rentre après lui. La musique n'est pas encore trop forte laissant place aux discussions. Je vois Erdem de loin et me tourne pour aller dans la direction opposée.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Oh désolé, tu vois le garçons aux cheveux noir mi-long avec des piercing aux oreilles ?
- Oui, je vois. Tu le connais ?
- Oui et je n'ai aucune envie de le croiser.
- Très bien, mes amis arrivent plus tard va t'asseoir, je vais nous chercher des verres je reviens.
Je m'assoie à une table près d'un mur en attendant mon nouvel ami. Pour une fois, je suis ravi que les extravertis existent.
Il revient rapidement et me tend un verre.- Tequila
Je ne bois pas beaucoup habituellement mais j'attrape le verre en le remerciant avec un sourire.
- Alors, hâte de commencer les études ?
- Je ne sais pas vraiment, ça suit son cours tout simplement.
- Bien. Et bien à ta rentré dans ce nouvel établissement !
Je trinque avec lui en riant. Il lui fallait une raison pour boire après tout. Je le détaille avec plus d'attention, ses mèches blondes lui retombent légèrement devant les yeux et il a un tatouage qui sort légèrement de son teeshirt et remonte jusque dans son cou.
- Je te le montrai si tu veux.
Je rougis sous son rire.
- Pardon, j'avais l'esprit ailleurs
- Ne t'inquiètes pas je te taquine ! Mais ma proposition tient toujours.
Il me fait un clin d'œil et je commence à boire.
- J'aime bien ton style.
Je regarde ma tenue, j'ai un jean noir et une chemise ouverte sur mon tee-shirt, mon collier est caché sous le tissu ne laissant apparaitre qu'une parti de la chaîne. Je relève mes yeux vers lui en haussant les sourcils perplexe, ce qui lui décroche un léger rire.
- Disons simplement que ça te va très bien.
-Hmm, merci.
Quelqu'un pose lourdement son verre et se penche sur notre table la faisant légèrement trembler.
- Laisse tomber, il est tellement bête que peu importe les appels de phares que tu pourras lui faire il ne comprendra pas.
Encore lui évidemment... Erdem Dulci était dans ma vie ce qu'un vent violent était à la nature, prêt à tout renverser sur son passage. Je le toise avec un regard agacé.
- Tu racontes n'importe quoi, je sais que tu ne fais pas grand chose d'autre de ta vie, mais si tu pouvais trouver une autre occupation que m'importuner, tu m'en verrais ravi.
- On dirait bien que ce jeune homme est jaloux.
Les paroles d'Amel nous décrochent des mines dégoûtées.
- Non, je te laisse le dévorer du regard autant que tu veux. C'est ton problème si tu as des goûts affreux en matière d'homme.
- Pour que tu sois si bien au courant que je le "dévore du regard", tu dois assez l'observer pour ne pas le trouver désagréable à regarder.
Erdem fronce les sourcils, et les deux étudiants se fusillent du regard.
- Joins toi à nous enfin, tu pourras mieux le voir d'ici.
Une ambiance lourde prend place et l'envie de les envoyer balader se fait forte.
- Enfin si tu es trop intimidé, je comprendrais. Il ne faut pas chercher bien loin pour voir que tu ne fais pas le poids.
Le blond sourit avec provocation au brun qui s'assoit à côté de moi sans m'adresser le moindre regard. Je lance un regard scandalisé à Amel qui s'excuse du regard.
- Depuis quand la médiocrité est-elle intimidante ?
Je refoule mon envie de pousser Erdem loin de moi, de préférence violemment et sur le sol et je me concentre maintenant sur la boisson tentant de faire abstraction de la situation. J'enchaîne les gorgés au rythme de leurs répliques cinglantes. Une vie tranquille c'est trop demander ? En tout cas c'était trop lui demander apparemment. Tout cela me semble absurde, je suis coincé entre le mur et la personne que je déteste le plus au monde, pendant qu'il est en plein combat de coq. Je m'effondre sur la table laissant la fatigue, l'alcool et mes émotions prendre le dessus.
La voix d'Amel me parvient.
- Arsène, ça va ?
- Il est grand, il peut bien se débrouiller tout seul.
- Tu es vraiment sans cœur, je réitère tu ne fais pas le poids face à moi.
- Tu peux arrêter de faire comme si tu étais mon rival et que j'étais fou de lui ?
- Tu t'es bien prêté au jeu pourtant.
Erdem souffle d'agacement et Amel reprend la parole.
- Arsène, tu veux que je te ramène ?
Je grogne en articulant à moitié mon envie de rentrer.
- Laisse on habite ensemble, je m'en occupe et je te coupe. Non, ce n'est pas par choix.
- Comme si j'allais te faire confiance.
- J'ai l'air de la demander ta confiance ? Je ne compte pas lui sauter dessus moi.
- T'es totalement timbré ma parole. Prends soin de lui.
- Le couver c'est pas dans mes plans non plus.
Je ne suis pas vraiment la conversation et les entends seulement râler de façon lointaine. Je sens que quelqu'un me prends puis me porte et je me laisse faire trop fatigué pour protester. Je m'accroche à son cou, et me blottis contre lui, peu importe après tout. Le combat pourra toujours recommencer demain, aujourd'hui je ne veux plus me battre. Je laisse la vie me porter comme si je lui faisais confiance.

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Tissu d'illusions
RomanceArsène aspire à un changement de vie drastique, un renouveau. Pourtant tout ses espoirs semble s'écrouler devant lui lors de son entrée à l'université, à cause de ce garçon. Pourquoi Erdem Dulci, son pire ennemi, doit il encore tout gâché ?